La violence ne se dément pas en Irak où de nouveaux attentats ont fait hier de nombreuses victimes. Le mois du jeûne n'a en fait rien ralenti, les opérations kamikazes comme celle d'hier contre l'académie de police de la ville de Baghdadi (à 200 km à l'ouest de la capitale irakienne, Bagdad) qui a occasionné la mort de 14 policiers et des blessures à 40 autres. A Samara, quatre gardes nationaux ont été tués et six blessés dans un attentat-suicide au moment où à Ramadi, 8 personnes au moins sont mortes et six autre blessés dans de violents affrontements. D'autres Irakiens ont été tués hier notamment à Erbil et à Falloujah, alors qu'une bombe artisanale a explosé à Bagdad sur le passage d'un convoi militaire américain, occasionnant des blessures pour six soldats. Autant dire que la journée d'hier à été pour les Irakiens une journée ordinaire avec son lot d'attaques et d'attentats laissant dans leur sillage de nombreuses victimes. Les faits et la violence au quotidien démentent les propos rassurants des responsables militaires américains en Irak et du gouvernement intérimaire, propos qui ne résistent pas à la réalité de la situation sur le terrain. En fait, le gouvernement intérimaire de Iyad Allaoui et le commandement militaire américain en Irak, ont engagé une course contre la montre afin de «pacifier» le pays d'ici aux élections générales prévues au mois de janvier prochain, dont la tenue dans la situation prévalant en Irak est loin d'être acquise. Or, la week-end a été particulièrement sanglant après les attentats-suicide de mercredi et jeudi contre des éléments de la police irakienne qui restent la cible privilégiée des guérilleros irakiens. Entre mercredi et hier, quelque 40 policiers ont ainsi été tués et une soixantaine de blessés à Samara, Ramadi et Bagdad, notamment. Dans la lutte à mort entre la guérilla et les forces d'occupation américaines, ces dernières semblent avoir marqué un point hier par l'annonce de l'arrestation d'un chef -apparemment important - du groupe d'Al-Zarqaoui en même temps que cinq membres de ce groupe. L'homme dont l'identité n'a pas été révélée a été capturé, indique un communiqué de l'armée américaine, lors d'une «opération contre un repaire dans le sud de Falloujah» menée hier à l'aube. Ces efforts restent toutefois relatifs face à la recrudescence de la violence et surtout à la mobilité des groupes de la guérilla, notamment à Falloujah, encerclée depuis une semaine par l'armée d'occupation américaine. Ainsi, le quadrillage du pays par les éléments de la force multinationale, n'a pas empêché la multiplication des prises d'otages dont le plus probant demeure celui de la secrétaire générale de l'organisation caritative internationale Care, Mme Margaret Hassan, enlevée mardi et dont le rapt n'a toujours pas été revendiqué. Celle-ci, dans un message pathétique dans une vidéo diffusée par la chaîne satellitaire quatariote Al-Jazeera presse le Premier ministre britannique, Tony Blair, de lui sauver la vie, «S'il vous plaît, aidez-moi! S'il vous plaît, aidez-moi ! Il se peut que ce soit mes dernières heures. O Britanniques, aidez-moi. Demandez à M.Blair de retirer ses troupes d'Irak et de ne pas les déployer ici à Bagdad», dit-elle en sanglots en ajoutant: «Je vais mourir comme M.Kenneth Bigley», sujet britannique décapité au début du mois par ses ravisseurs. A propos du déploiement des troupes britanniques à Bagdad, Mme Hassan fait référence à la requête faite par les Etats-Unis à la Grande-Bretagne demandant à cette dernière de déployer des soldats (il est question selon les médias britanniques de 650 à 850 hommes) dans la périphérie de la capitale Bagdad pour pallier au départ pour Falloujah d'un nombre équivalent de soldats américains, qui assurent actuellement le siège de la ville rebelle. De son côté, Denis Caillaux, responsable de Care internationale, dans un message diffusé par plusieurs chaînes de télévision, dont Al-Jazeera, en appelle aux ravisseurs indiquant: «Nous en appelons aux gens qui retiennent prisonnière Mme Hassan pour qu'ils comprennent qu'elle est Irakienne et pour qu'ils la délivrent et la rendre à sa famille et aux gens qui l'aiment». Mais la situation de Mme Hassan semble difficile dans la mesure où aucun otage n'a pu jusqu'ici être libéré par les forces de sécurité, aussi, il est à craindre que son sort ne soit celui de tous les otages qui ont tous été assassinés. D'autant plus, que le Premier ministre intérimaire irakien, Iyad Allaoui, refuse de céder aux exigences des ravisseurs de Mme Hassan, indiquant: «Nous devons rester fermes et intransigeants sur le fait que nous traduirons en justice les terroristes».