Nadir Hamimid a trouvé la parade pour justifier le retard. Ce sont les APC qui refusent de se charger de la distribution. Cette explication du premier responsable du secteur vient corroborer implicitement la thèse que ce sont les partis politiques représentés dans les communes qui sont rétifs. Ces derniers se livrent à une guéguerre qui en dit long sur les tiraillements qui ne manquent pas de susciter des interrogations sur l'avenir de ces municipalités. S'agit-il d'un coup de balai que veulent donner les stratèges d' El Mouradia pour se débarrasser de ses structures budgétivores? Il est plausible de déduire que le code communal, qui se trouve dans les tiroirs du département de l'Intérieur et qui tarde à atterrir dans les travées du parlement, selon certaines indiscrétions, ne vienne mettre de l'ordre dans les collectivités locales en résumant leur mission à sa plus simple expression. En tout cas, le ministre a trouvé la parade pour justifier le retard en révélant que ce sont les APC qui refusent de se charger de la distribution. Dans ce contexte de reconfiguration radicale, aussi bien sur le plan économique que politique, ces entités, où il y avait pendant longtemps à boire et à manger pour ceux qui tiennent les rênes ne soient plus qu'un vague souvenir. Présentement, il semble que la crise larvée qui mine les rapports entre les daïras et les APC n'est pas près de connaître son épilogue. Le refus des élus locaux d'obtempérer à l'autorité administrative a engendré un grand retard dans la distribution des 55.000 logements qui attendent leurs bénéficiaires. Le ministre de l'Habitat, Mohamed Nadir Hamimid, a surpris son monde en révélant que ce sont les élus locaux qui ont manifesté le souhait de déléguer l'opération d'attribution aux chefs de daïra pour les contraintes que cela cause aux mairies, à commencer par les émeutes suivies de recours qui éclatent systématiquement à chaque affichage de listes des bénéficiaires. Les troubles ayant émaillé certaines communes qui ont affiché les listes de bénéficiaires de logements dénote ce malaise ambiant. Le cas récemment d'El Kerma à Oran est édifiant. L'affichage a suscité une grogne populaire qui s'est traduite par des saccages et des arrestations. Cela constitue un avant-goût de ce que sera la suite des évènements dans les 300 communes du pays qui sont concernées par la distribution des logements sociaux. Selon les observateurs de la scène sociale, le scénario se reproduira à coup sûr. Les présidents d'APC ont été court-circuités et c'est aux chefs de daïra que revient la lourde et ingrate tâche de la distribution de logements. La décision de déléguer cette responsabilité à ces derniers intervient conformément aux nouvelles dispositions contenues dans un décret daté du 24 octobre dernier. L'annonce a été faite récemment par le président du Groupement des intérêts communs ( GIC) des Opgi. Mohamed Rahaimia. Ce responsable avait signifié que ces mesures ont été prises à cause «des carences et lenteurs enregistrées dans l'attribution des logements sociaux mis à la disposition des autorités compétentes au niveau des comités ad hoc présidés par les APC». Le but recherché est d'entreprendre la livraison avant le 31 décembre 2004. Chose qui n'a pas eu lieu puisqu'il y a eu glissement vers 2005. Les enquêtes sur les postulants n'ont même pas commencé dans certaines mairies, a-t-on appris de source bien informée, qui refusent de coopérer. Rien que pour la capitale, on dénombre pas moins de 10.000 unités. La pression est si forte que l'apparition de foyers de tension à travers toutes les entités communales est inéluctable. Le code communal sommeille depuis 2002 dans les tiroirs du ministère de l'Intérieur. Pis, il n'est même pas inscrit à l'ordre du jour du programme du gouvernement. C'est ce qu'a laissé entendre le ministre de l'Intérieur Yazid Zerhouni, lors de l'une de ses sorties médiatiques: «J'espère que ces deux textes de loi seront approuvés avant 2007, date de la tenue des prochaines élections locales», a-t-il indiqué. Ce qui laisse supposer que les APC continueront à se débattre dans l'anarchie et l'improvisation.