Alors qu'on évoque de plus en plus l'investissement dans la culture, il y a un secteur où l'Algérie est actuellement en retard: la diffusion numérique des films dans les salles obscures. Alors que notre pays se targuait d'avoir hérité de la colonisation de plus de 400 salles, l'Algérie se retrouve aujourd'hui avec moins de 70 salles à la qualité de projection et de diffusion obsolète. Cette situation a été encouragée par la mauvaise gestion des salles de cinéma par les communes et surtout un manque de visibilité des autorités locales envers le secteur de la culture. Au moment où le parc des salles de cinéma dans le monde s'est largement transformé en s'équipant des fameux DCP, l'Algérie ne possède qu'un seul DCP acquis par l'Onci dans le cadre de «Constantine, capitale 2015 de la culture arabe». Un DCP acquis récemment et qui a été utilisé pour la projection il y a quelques jours du film Le Patio. Depuis presque trois ans, la projection DCP a été assurée jusque-là par un seul opérateur, MD ciné, qui a été le premier à investir dans ce domaine de projection, assurant une qualité de projection optimale pour la majorité des avant-premières de films nationaux et étrangers. Il assura également la projection dans de nombreux importants festivals à Alger, Oran et Annaba. MD Ciné a été le premier à alerter les pouvoirs publics sur l'importance d'équiper les salles dépendant du ministère de la Culture en matériel DCP, même si c'est une affaire rentable pour la société. En tant que distributeur de films américains très soucieux de la qualité de la projection et la garantie de protection des films, il était important d'avoir plusieurs salles équipées en DCP pour rentabiliser les films dont les droits ont été achetés à coups de devises fortes. Mais pour l'heure, seule la salle El Mouggar est équipée en DCP, plusieurs salles de cinéma de la capitale restant sans équipements numériques: la cinémathèque, la salle Ibn Zeydoun, la salle Ibn Khaldoun dépendant de la wilaya d'Alger, mais aussi les salles dépendant de l'APC de Sidi M'hamed, restées hermétiquement fermées à cause d'une politique rigoriste du maire d'obédience MSP, Zenasni. Une grosse perte pour les finances de la commune qui ferme une salle comme l'Afrique, qui peut accueillir jusqu'à 2 000 personnes ou encore la salle Sierra Mestra qui a été refaite à neuf à coups de milliards par le maire FLN, Mokhtar Bourouina et qui a été fermée par le maire islamiste de Sidi M'hamed à cause des couples. Le maire d'Alger-Centre, Adelhakim Bettache, d'obédience démocrate laisse ses salles ouvertes, comme l'Algeria, l'ABC ou Le Debussy mais n'accorde pas l'importance suffisante pour la bonne gestion de ces salles. Tout ceci au moment où le ministre de la Culture Azzedine Mihoubi, parle d'investissement et de culture payante. L'exploitation des films, un filon commercial, est négligé par les pouvoirs publics. Le cinéma deviendra peu à peu une affaire de privé et la réflexion sur l'ouverture des multiplexs en Algérie s'installe déjà. En attendant, la bataille des DCP à Alger a déjà commencé puisque l'Institut français d'Algérie vient d'acquérir son DCP et concurrence déjà le seul distributeur algérien encore en activité, en projetant le 12 avril le dernier film de Kad Merad, Marseille. [email protected]