Les médias du pourtour méditerranéen spécialisés en économie s'inquiètent des difficultés des entreprises à être plus productives afin d'exporter davantage. Comment se comportent les PME du Maghreb et du Moyen-Orient à l'export? Une entreprise productive, exporte-t-elle davantage? Jan Michalek, professeur d'économie à l'université de Varsovie, a livré les résultats préliminaires d'une étude sur le sujet à paraître à la fin de l'été 2016 et financée par le Forum euro-méditerranéen des instituts de sciences économiques (Femise). Il est souligné que la productivité de la main-d'oeuvre, la taille et l'ancienneté de l'entreprise, le niveau de recherche et de développement et la composition du capital social déterminent la capacité des entreprises à positionner leurs produits sur les marchés étrangers. Il faut travailler sur les déterminants des exportations des entreprises dans les pays Mena en utilisant comme critère de comparaison les pays d'Europe centrale et de l'Est (qui ont rejoint l'Union européenne), la Turquie et Israël. Il faut aussi savoir si les exportations sont une fonction de la productivité des entreprises. Dans les pays de l'Est, la productivité des firmes est déterminante sur leur capacité à exporter, est-il expliqué. Dans les pays Mena (Egypte, Jordanie), l'utilisation de technologies étrangères joue un rôle important dans la capacité à exporter, précise Jan Michalek. Ce phénomène s'explique par les innovations de ces entreprises. Elles ont introduit des nouveaux produits et investissent énormément en recherche et développement. Elles font appel à des universitaires et en Tunisie, ce ne sont pas des entreprises nouvellement créées qui exportent. Ces start-up tunisiennes aux capitaux étrangers sont intégrées à la chaîne de production internationale. Elles exportent des produits fini et semi-finis. Les entreprises traditionnelles d'avant la transition étaient orientées vers le marché domestique. En Algérie, certains des mécanismes visant à développer une dynamique d'exportation, telle la création récente d'une cellule chargée de l'accompagner, ont été rappelés durant cette semaine par le président de l'Association nationale des exportateurs Algériens (Anexa), Ali Bey Nasri. Si l'objectif, maintes fois réitéré, d'investir les marchés étrangers n'a pu, jusqu'ici, être concrétisé, c'est en raison, rappelle celui-ci, de facteurs «bloquants», dont l'inertie des pouvoirs publics et le désintérêt des entreprises, davantage tournées vers la satisfaction du marché national. Le changement opéré par rapport à cette manière d'appréhender les choses n'a pu finalement être rendu possible, dit-il, que parce que le pays s'est brutalement trouvé confronté à une crise durable, générée par la chute des prix des produits pétroliers. Nasri affirme que l'Algérie possède de fortes opportunités de placer des produits hors hydrocarbures à l'étranger, à la condition, considère-t-il, que la réglementation des changes au niveau du Conseil de la monnaie et du crédit adopte des standards internationaux. Parmi les entraves qui ont empêché les produits algériens de se placer à l'étranger, le président de l'Anexa cite «l'empêchement» d'y installer des bureaux de liaison et des agences bancaires, mais également le sentiment de «méfiance» à l'encontre d'exportateurs perçus comme de potentiels «suspects».