«L'opposition possède une stratégie pour faire face à ce pouvoir», laquelle stratégie «sera dévoilée au moment opportun». «En raison de la violence, de la régionalisation et des réglements de comptes, l'union nationale est menacée.» C'est ce qu'a indiqué hier le président du parti d'avant-garde des libertés (Talaie El Houriat) Ali Benflis lors de son passage hier dans la région de Kherrata pour commémorer les événements du 8 mai 1945. Dans son intervention devant une salle omnisports pleine à craquer, le président a ajouté que cette menace à l'unité nationale découle aussi de la «monopolisation de la souveraineté populaire, la répression des libertés et le refus des droits». Dans la foulée, Benflis a estimé que «le pouvoir en place a trahi les idéaux de la révolution de 1954, dont l'objectif était d'instaurer une démocratie populaire et non une dictature», ironisant que «le fleuve de la révolution a été détourné». Tout en rendant hommage aux sacrifices de la population pour que l'Algérie recouvre sa liberté et son indépendance, le chef de file de Talaie El Houriat s'est piqué au jeu de la comparaison entre hier et aujourd'hui allant jusqu'à souligner que les grandes valeurs d'hier ont cédé la place à un dégradation totale des moeurs, qui constitue la source de tous les maux que vit la société aujourd'hui. Il relèvera l'absence de légitimité de toutes les institutions actuelles qui ont perdu la maîtrise des questions politiques, économiques et sociales. Benflis reconnaîtra que l'opposition n'a pas encore présenté de projet crédible. Cela ne saurait tarder, ajoute le membre de la Coordination pour les libertés et la transition démocratique, qui ne manquera pas au passage de préconiser une union forte de l'opposition pour concrétiser les objectifs de Novembre. Et de conclure que «l'opposition possède une stratégie pour faire face à ce pouvoir», laquelle stratégie «sera dévoilée au moment opportun». A noter que le président de Talaie El Houriat s'est recueilli auparavant au cimetière des martyrs où il a déposé une gerbe de fleurs à la mémoire des victimes des événements du 8 mai 1945 et de la révolution 1954-1962 allant jusqu'à s'offrir un bain de foule dans la ville où il a eu à déjeuner dans un restaurant populaire. A noter que le déplacement d'Ali Benflis à Kherrata s'inscrit dans la cadre de la commémoration des événements du 8 mai 1945 marqués par les massacres de Sétif, Guelma et Kherrata, suite aux répressions sanglantes qui suivirent les manifestations nationalistes indépendantistes et anticolonialistes dans les régions suscitées pendant la colonisation française... Pour fêter la fin des hostilités de la Seconde Guerre mondiale et la victoire des Alliés, un défilé est organisé. Les partis nationalistes algériens, profitant de l'importance particulière donnée à cette journée, décident de rappeler leurs revendications; ces manifestations sont autorisées par les autorités à la condition que seuls des drapeaux français soient agités.