Sidi Boumediene a vécu 32 ans à Béjaïa où il a formé 1000 disciples Sidi Boumediene, de son vrai nom Abou Madyan Chou'ayb El Ichbili, est le précurseur de la pensée soufie de l'Andalousie au Machreq... en atteignant même l'Asie. Le campus de Targa Ouzemour de l'université Abderahamne Mira de Béjaïa a abrité du 10 au 13 mai en cours un Colloque international sur les érudits de l'ancienne capitale des Hammadites. Dans sa première édition, l'association éco-touristique pour la protection du patrimoine culturel et cultuel de Béjaïa, Les Aiguades, l'organisatrice de cette manifestation en collaboration avec le comité des fêtes de la ville de Béjaïa, a jeté son dévolu sur la vie et l'oeuvre de Sidi Boumediene, de son vrai nom Abou Madyan Chou'ayb El Ichbili, un des éminents érudits de l'ex-capitale des Hammadites sur les 107 érudits et savants répertoriés par El Ghobrini. Une trentaine d'éminents professeurs algériens et étrangers ont dépoussiéré la vie spirituelle et intellectuelle de Sidi Boumediene considéré comme le père du soufisme aussi bien au Maghreb qu'au. Machreq. En effet, l'érudit, savant, intellectuel, poète, Chou'ayb Abou Madyan El Ichbili El Andaloussi, est le fondateur du soufisme de l'Andalousie au Machreq Il est né à Séville en 1126 et décédé à Tlemcen en 1197 après avoir vécu 32 ans à Béjaïa où il s'est adonné à sa passion en formant pas moins de 1 000 disciples de sa pensée. Ironie du sort, Sidi Boumediene est devenu le saint patron de la ville de Tlemcen où il ne passera, qu'une seule et unique nuit. Selon les différents communicants, Ahmed Abdelatif Abou Mediene, un des descendants de Sidi Boumediene, établi en Egypte, Benbrika Mohamed, Monseigneur Henri Tessier, Kamel Bouchama, entre autres, Sidi Boumediene est issu d'une famille andalouse; il a étudié à Séville puis à Fès, mais c'est dans les montagnes de l'Atlas qu'il sera initié au soufisme par l'ascète berbère Abou Yaza. Il s'est rendu ensuite au Machreq pour le pèlerinage, et il fera la rencontre de Abdelkader El Jilani à La Mecque. On apprend que sur le chemin du retour, il fait un détour en Palestine où il participe avec Salaheddine El Ayoubi (Saladin) à une bataille contre les Croisés; et c'est lors de cette bataille qu'il perdit un bras. Après son pèlerinage et ses études au Moyen-Orient, il s'installe et enseigne à Béjaïa, une capitale alors prospère à l'époque. Il a fait du Maghreb en général et de l'Algérie en particulier un pôle du soufisme. Non pas seulement, puisque, selon Zaïm El Khenchlaoui, un des communicants de cette manifestation, Sidi Boumediene a porté sa voie à travers le monde entier par lui-même et ses nombreux disciples, à l'instar de Ibn El Arabi, qui s'est donné la réputation d'être un disciple de Sidi Boumediene par influence et télépathie. En effet, pour lui, le Yémen, ce pays béni après La Mecque, Médine et Jérusalem a été aussi influencée par la pensée de Sidi Boumediene à travers Ibn El Arabi. «Sidi Boumediene, un maître spirituel qui a influencé par les voix de sa voie aussi bien le Maghreb, l'Orient que le reste du monde, l'Andalousie et l'Asie notamment», a-t-il déclaré avant d'ajouter: «Pour Sidi Boumediene, le soufisme égale le mysticisme musulman... on ne peut pas connaître Dieu en dehors de soi...chaque créature renferme le souffle de Dieu...». De son côté, le professeur Taïbi Mohamed, qui par sa conférence a apporté beaucoup d'éléments explicatifs à la portée de la pensée de Sidi Boumediene: «Parler de Sidi Boumediene c'est parler du jaillissement d'une pensée, d'une nouvelle vision du soufisme... il a su développer l'approche rationnelle de la cité. La libération des pouvoirs des cités... le pouvoir des hommes et le pouvoir sur les hommes... il cultiva l'humain d'abord...il a su construire des passerelles par le sens soufi», a-t-il expliqué avant d'ajouter: «Sidi Boumediene voulait la paix des âmes pour développer le sens du coeur... il évitait les fouqahas (jurisconsultes), qu'il considérait prisonniers d'un dogme...alors que pour lui le soufisme se base d'abord sur l'universalité...», avait-il asséné avant de conclure sur les zones d'ombre qui entourent la vie et le parcours, faute de manuscrits authentiques, de ce grand penseur hors du commun.