Un livre doux qui n'inflige pas une lecture austère où Tazaroute déroule les pellicules en nous conviant à une balade dans les abysses du 7e art. Le critique de cinéma et journaliste Abdelkrim Tazaroute récidive avec un nouvel ouvrage «Cinéma algérien, des films et des hommages» qui vient de paraître aux éditions Rafar. Un livre doux qui n'inflige pas une lecture austère où Tazaroute déroule les pellicules en nous conviant à une balade dans les abysses du 7e art. Au bout de 237 pages, l'auteur fait une rétrospective sur les classiques du cinéma en Algérie. L'ouvrage comprend deux parties. Dans la première, l'auteur fait un fucus sur de vieux films comme «La Bataille d'Alger»(1966) de Gillo Pontecorvo, «L'opium et le bâton» (1969) d'Ahmed Rachedi, «Le vent des Aurès» (1966), «Chronique des années de braise» (1975) et «Hassan Terro» (1967) de Mohamed Lakhdar Hamina. Les premières créations algériennes sont presque toutes inspirées de la guerre de Libération nationale. Les thèmes dominants portaient donc exclusivement sur les affres de la guerre et du colonialisme. Le but étant de contribuer à la préservation de la mémoire nationale et d'inculquer les valeurs révolutionnaires à la nouvelle génération. Et voilà ce qui donne tout son épaisseur à ce livre de Tazroute, un livre mémoire pour qu'il nous soit interdit d'oublier. Le cinéma, se voulant être le témoin de son époque a changé de thématique dans les années 1970, 1980, 1990. Ce n'est plus de la guerre qu'il traite mais des préoccupations de la société algérienne. Ainsi d'autres films réalisés plus tard tels que «Le Clandestin» (1991) de Benamar Bakhti, «La montagne de Baya» (1997) d'Azzedine Medour, «Mascarades» (2008) de Lyes Salem ainsi que des productions plus récentes dont «Ben Boulaïd» (2008) d'Ahmed Rachedi et «Le puits» (2015) de Lotfi Bouchouchi font partie de cette filmographie. La seconde partie du livre est consacrée aux portraits dédiés à des cinéastes, comédiens et ténors du 7ème art qui ont marqué par leur talent le cinéma et le théâtre en Algérie. S'appuyant sur leur parcours artistique, Tazaroute décrit d'une manière concise ces artistes. Il dissèque leurs traits singuliers pour esquisser des aspects jusque-là méconnus de leurs personnalités. Un dur exercice qui a contraint l'Autre à convoquer son talent de journaliste. L'icône Aïcha Djouri, plus connue sous le nom artistique de Keltoum, qui s'est illustrée dans «Le Vent des Aurès», Rouiched, Sid Ali Kouiret, Rachid Farès ou encore le cinéaste anticolonialiste français René Vautier sont les autres figures évoquées par l'auteur. Ouvrage édité avec le soutien du ministère de la Culture dans le cadre de la manifestation «Constantine, capitale de la culture arabe 2015», le livre n'est pas seulement une compilation de films avec leur synopsis, mais un travail de recherche et de mémoire, truffé d'anecdotes et de témoignages croustillants. Photos, affiches, synopsis meublent ce livre qui titille la nostalgie des cinéphiles algériens, mais qui donne aussi aux novices une idée de ce qu'a été le cinéma algérien. Récusant l'idée défaitiste selon laquelle le cinéma algérien n'existe pas, Tazaroute est resté sobre et mesuré sans verser dans la polémique stérile. Car dans ce monde du 7ème art, nombreux sont hélas, ceux qui s'improvisent en spécialistes incontestés pour aboutir enfin à cette situation absurde où la critique cinématographique a ses grands prêtres, mais pas encore ses modestes patriciens. Abdelkrim Tazaroute est l'auteur de quatre ouvrages dont «Guerouabi ou le triomphe du chaâbi» (2008), un beau livre consacré au grand maître du chaâbi, El-Hachemi Guerouabi et «Lamari, le ténor de la Casbah» (2012).Scénariste, auteur de trois documentaires, ce sexagénaire originaire de Béjaïa a fait partie des jurys de plusieurs festivals de cinéma en Algérie. Avec ce dernier-né, le grand-père Abdelkrim s'est retrouvé sur son terrain de prédilection: celui de l'exploit personnel, de ce que l'on conçoit, entreprend, réalise et jusqu'au bout. «Cinéma algérien, des films et des hommages», de Abdelkrim Tazaroute paru aux éditions Rafar.