Le chef de l'Etat, croit-on savoir, se voudra avant tout «rassurant» et «rassembleur Comme nous le prévoyions au lendemain du congrès rassembleur, la scène politique nationale promet de connaître un important coup d'accélérateur dans le proche avenir. De sources crédibles et généralement bien informées, en effet, nous apprenons que le président de la République s'apprête à recevoir dans les toutes prochaines semaines les leaders des principales formations politiques, qu'elles soient présentes ou pas au Parlement algérien. Nos sources, qui ne précisent pas si ces responsables seront reçus ensemble ou bien à titre individuel en l'espace de deux ou trois jours, précisent que les invités seront sans grand risque de se tromper, Abdelaziz Belkhadem, Ahmed Ouyahia, Saâd Abdallah Djaballah, Louisa Hanoune, Ali Laskri, Amar Benyounès et Saïd Sadi. Des personnalités de premier plan sur la scène nationale, qui ont elles aussi leur mot à dire par rapport à la démarche présidentielle portant règlement final de la crise algérienne, seront elles aussi reçues. Il s'agit, croit-on savoir, de Farouk Ksentini, Abdelmadjid Sidi-Saïd, Ahmed Ben Bella et, pourquoi pas, Abdelhamid Mehri, Ahmed-Taleb Ibrahimi et Mouloud Hamrouche qui, ne l'oublions pas, jouissent d'une très grande crédibilité auprès de l'opinion et ont beaucoup fait en faveur du triomphe des thèses réconciliatrices du temps où les défenseurs de ces idées se faisaient carrément qualifier de «traîtres». Le président Bouteflika, dans cette nouvelle initiative, souhaiterait obtenir le consensus le plus large possible autour de la démarche pour laquelle, est-il besoin de le rappeler ici, 84,99 % des électeurs votants ont opté le 8 avril passé. Le chef de l'Etat souhaiterait donc, lors de la campagne référendaire, drainer dans son sillage le maximum de partis politiques et de personnages qui comptent sur l'échiquier national. Cela, même si l'ensemble des observateurs n'hésitent pas à paraphraser Ahmed Ouyahia en prévoyant que «le référendum déclenchera un véritable raz-de-marée populaire qu'il y ait ou pas campagne électorale». S'il faut s'attendre à ce que ces invitations ne tombent pas avant plusieurs semaines, c'est que le chef de l'Etat devra, avant cela, recevoir le projet de loi sur lequel est penché un groupe de travail mis en place à cet effet, au sein duquel figurent en bonne place le ministre de la justice, Taïeb Belaïz et le président du conseil constitutionnel, Mohamed Béjaoui. Nous croyons savoir, en effet, que le président Bouteflika compte expliquer à l'ensemble de ces personnes la teneur exacte de son plan portant réconciliation nationale et amnistie générale. Il devrait, à cette occasion, fournir aux ténors de l'opposition politique assez de garanties sur l'ensemble de leurs droits d'exercer librement leurs activités et de s'exprimer, y compris à travers les médias publics, notamment la télévision. Il s'agira, en fait, d'une sorte de mise au point depuis que Bouteflika a accepté de devenir le président d'honneur du FLN rénové, donnant ainsi un poids pour le moins inespéré aussi bien à ce cette formation politique qu'à l'Alliance présidentielle dont il fait partie. Déjà, dans sa lettre adressée au congrès du doyen des partis algériens, Bouteflika insistait sur plusieurs faits essentiels à ses yeux. Il s'agit, notamment, de sa volonté de demeurer le président de tous les Algériens, sans la moindre appartenance ni étiquette politiques. Cela ressort clairement à travers son insistance à rappeler avoir été élu à deux reprises en sa qualité de candidat indépendant, mais aussi son refus catégorique de renoncer à n'importe quel point contenu dans le programme pour lequel a voté le peuple algérien. Il s'agit également de sa volonté, maintes fois affichée, de demeurer à équidistance des différentes formations politiques activant dans le pays, même si ce sont celles de l'Alliance qui sont les plus aptes à mettre en application son programme. A propos de programme, toujours, nous croyons savoir que le chef de l'Etat compte profiter de ces rencontres, lesquelles pourraient intervenir avant le sommet de la Ligue arabe prévu pour la fin du mois prochain, afin d'expliquer également son projet relatif à la révision constitutionnelle, mais aussi au dialogue initié avec le mouvement des archs. Nul doute que des partis comme le PT et le FFS, dont le premier vient de lancer un nouveau manifeste d'alerte après sa pétition qui attend vainement d'être transmise au président, et le second vient de critiquer de nouveau avec virulence le pouvoir, auront fort à dire aussi bien concernant le règlement de la crise de Kabylie, que la démarche économique et sociale, jugée «suicidaire» aux yeux de ces deux formations politiques. Dans tous les cas de figure, il ne fait pas de doute que cette initiative saura «dégeler» l'activité politique tétanisée depuis la présidentielle d'avril 2004 puisque, hormis le PT, l'ensemble des partis de l'opposition ont pratiquement cessé toute activité dans l'attente de voir dans quel sens évolueront les choses.