L'étape de la découverte et de la prospection de l'Algérie doit être dépassée. Au moment où la guerre de succession à la tête du Medef bat son plein ces derniers jours, près de 120 hommes d'affaires français ont débarqué, hier à Alger. L'objectif de cette importante délégation conduite par M.Yves Thibault de Silguy est de prospecter le marché algérien et éventuellement de lancer des projets concrets dans différents domaines, en particulier les secteurs de l'habitat, des travaux publics et des services. D'autant plus que la délégation est composée de représentants de domaines d'activité très variés, notamment les banques, les assurances, le conseil aux entreprises, la défense, l'aéronautique, les réseaux et systèmes d'information, le bâtiment et travaux publics, l'énergie, les transports, l'hôtellerie, le traitement des eaux, l'environnement, l'industrie pharmaceutique, etc. Organisée conjointement avec le forum des chefs d'entreprise algériens, cette rencontre entre les patrons algériens et français, portera, indique un récent communiqué de l'ambassade de France, sur la «compétitivité de l'industrie algérienne, la valorisation des potentialités du pays et l'ouverture de l'Algérie à l'international». Le regain d'intérêt des milieux d'affaires français pour le marché algérien, bien que timide dans son volet investissements directs, a repris de plus belle, depuis la visite du chef de l'Etat français en Algérie, au lendemain de l'élection présidentielle du mois d'avril dernier. Une visite capitale au cours de laquelle le chef de l'Etat français avait annoncé la visite d'un certain nombre de ministres, dont ceux de l'économie et des finances, des affaires étrangères et de la défense. Des visites, qui, rappelons-le, se sont soldées par la conclusion de plusieurs contrats de partenariat dans les secteurs des chemins de fer, des infrastructures et de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. A la veille donc de la signature, au courant du semestre en cours, à Paris du traité d'amitié algéro-français, les hommes d'affaires français doivent faire montre de pragmatisme, à même de conférer à ce pacte toute sa dimension. Confrontée à une rude concurrence de la part des Américains et d'autres pays membres de l'Union européenne, tels l'Espagne, l'Italie et la Belgique, la France doit recouvrer sa qualité de premier partenaire économique de l'Algérie. Sans oublier, bien entendu, la concurrence des pays du Sud-Est asiatique, dont les investisseurs ont réussi en l'espace d'un temps record à arracher des projets de grande envergure, notamment dans les secteurs de l'habitat et des hydrocarbures. L'atout que les entreprises françaises ne manqueront pas de mettre à profit c'est surtout l'embellie financière et l'appréciable croissance économique enregistrée par l'Algérie, au cours des quatre dernières années. En outre, dans le cadre du plan de relance économique du président de la République, 50 milliards de dollars y sont consacrés. C'est dire que les autorités algériennes, de leur côté, n'ont pas lésiné sur les moyens pour relancer l'économie et installer un partenariat multiforme. Pour cela, l'étape de la découverte et de la prospection de l'Algérie doit être dépassée et passer définitivement à la phase de concrétisation. La délégation du Medef et les organisations et associations patronales algériennes, sont appelées à trouver les moyens de travailler ensemble dans l'intérêt des deux nations et en respectant les spécificités de chacun. Même si côté français on justifie le manque d'investissements directs par des problèmes d'ordre structurel et bureaucratique. Il s'agit entre autres de l'état du système bancaire jugé «obsolète» et du problème du foncier industriel. Par ailleurs, la reconversion de la dette algérienne n'a pas atteint le niveau escompté, puisque sur une valeur globale de plus de 5 milliards de dollars, la reconversion de la dette algérienne auprès du Trésor français n'a touché que 33 millions d'euros (45,6 millions de dollars).