Les forces du GNA ont perdu 34 soldats dans les combats de mardi à Syrte L'offensive de Syrte a mobilisé aussi bien les forces terrestres qu'aériennes et maritimes et c'est ce qui a conduit le porte-parole du commandement militaire, Al Ghasri, à affirmer que la reprise de Syrte serait une affaire de «deux ou trois jours». Les combats acharnés qui se déroulent depuis une dizaine de jours dans le centre-ville de Syrte entre les forces loyalistes du gouvernement d'union nationale et les éléments du groupe autoproclamé Etat islamique ont entraîné plusieurs dizaines de victimes. 18 morts sont tombés au cours des affrontements avec Daesh et 29 autres ont péri dans l'explosion survenue à Garabouli, mardi dernier, à 70 km de Tripoli, lors de l'attaque par des habitants armés de plusieurs barrages et du dépôt de munitions appartenant aux milices de Misrata qui auraient, quant à elles, pillé des magasins. Annoncée comme imminente, «la prise de Syrte sous 48 heures», avait affirmé un chef des milices, la bataille se poursuit toujours contre des combattants de Daesh assiégés dans un périmètre de 5 km carrés, mais qui résistent à l'offensive des troupes du GNA. Mardi encore, une source médicale a révélé que la journée a été particulièrement sanglante avec 34 soldats tués et une centaine d'autres blessés dans la tentative de prise de contrôle du centre-ville, appuyée par l'artillerie lourde et les frappes aériennes. Au total, en trois semaines de violents combats, il y aurait eu 115 tués et 300 blessés recensés dans l'hôpital de la ville. La violence des combats, un mois et demi après le début de l'opération de reconquête de Syrte n'a pas empêché les forces du GNA, principalement composées des milices de Misrata issues de l'ex-Fadjr Libya, de s'emparer de plusieurs localités, au fur et à mesure de leur progression vers Syrte où elles sont parvenues à encercler les éléments de l'EI. Ces derniers ont multiplié, dés lors, les attentats à la voiture piégée et autres actions terroristes, sans parvenir pour autant à desserrer l'étau. Outre les milices de Misrata, les mieux armées du pays avec des avions Mig et des hélicoptères d'attaque, plusieurs autres milices basées à l'Ouest participent au combat, ainsi que des unités de l'armée et des gardes des installations pétrolières. «En deux ou trois jours» Le commandement militaire des forces libyennes, basé à Misrata, parle de «dizaines de morts parmi les éléments de Daesh» et d'une bataille décisive imminente, mais on sait au moins depuis quarante-huit heures que leur progression a été ralentie par les ripostes de l'EI. Le fait est que Daesh utilise les mêmes méthodes qu'en Irak et en Syrie dans le quartier résidentiel où il se terre, barricadé à l'intérieur des maisons où il se sert des civils comme boucliers et recourt aux francs-tireurs et aux kamikazes pour tenter de porter des coups à ses adversaires. L'offensive de Syrte a mobilisé aussi bien les forces terrestres qu'aériennes et maritimes et c'est ce qui a conduit le porte-parole du commandement militaire, Al Ghasri, à affirmer que la reprise de Syrte serait une affaire de «deux ou trois jours», d'autant que la marine libyenne avait verrouillé la sortie par mer pour empêcher toute tentative de fuite de Daesh. Du côté des pays qui soutiennent le GNA, notamment les Etats-Unis, la réaction du Pentagone, d'abord optimiste, s'est faite depuis mardi circonspecte même si Washington se réjouit officiellement des développements actuels qui confirment que «le gouvernement d'union nationale comme les forces qui le soutiennent progressent». De fait, l'Etat islamique n'est plus maître de la bande littorale de 200 km allant de Tripoli jusqu'à Syrte qu'il avait conquise en 2015, après avoir longtemps occupé Derna beaucoup plus au sud. Les forces du GNA ont ainsi repris, au cours de leur offensive, Abou Grein, à 130 kilomètres à l'ouest de Syrte, la base aérienne d'al-Ghordabiya, la centrale thermique de Syrte, et trois casernes dans la périphérie. En outre, la libération de Harawa, une ville importante sur la route de Syrte, à 70 km de là, avait constitué un indice probant de la rapidité et de l'efficacité de l'offensive jusqu'à ces jours derniers. Des hommes en fuite En fait, tout se passe comme si on avait trop présumé des capacités de l'Etat islamique qui, au mieux, disposerait de 5000 combattants selon des sources occidentales. Les habitants de Syrte ont évoqué durant la semaine écoulée des dizaines d' hommes en fuite, se rasant la barbe et cherchant comment déserter le combat. Mais l'absence de sources d'information avérées rend ces données invérifiables et plus ou moins aléatoires. Par contre, une question se pose avec acuité. Annoncée il y a plus d'un mois, avec tambour et trompette, l'avancée de Haftar et de son armée n'a toujours pas eu lieu même si celui-ci avait affirmé que «la décision de libérer Syrte a été prise» et que son commandement général préparait l'offensive. Le général Khalifa Haftar, ancien général de Mouamar al Gueddafi passé à l'opposition, s'est autoproclamé chef d'état-major de l'armée libyenne en 2014 avant d'être confirmé à ce poste en mars 2015 par le gouvernement de Tobrouk, alors reconnu par la communauté internationale. Ses troupes campent du côté d'Al Bamba, où elles contiennent sur toute l'étendue du front Est les attaques de Daesh qui procède surtout à des attentats à Benghazi et dans ses environs. Mais sur le front ouest, et principalement à Syrte, ce sont les troupes du GNA qui sont à la manoeuvre et tentent d'en finir avec Daesh dans cette région. Une issue à vrai dire improbable, car une défaite de l'Etat islamique à Syrte n'est pas automatiquement synonyme de la disparition de cette mouvance terroriste en Libye et dans sous-région maghrébine. Les cellules dormantes dans les villes libyennes et dans les pays voisins, les éléments infiltrés dans d'autres organisations dans le désert libyen seront encore là pour fomenter des attaques terroristes avec pour cible aussi bien Syrte que Misrata et Tripoli. En somme, la bataille est sans doute engagée mais elle sera longue et pour longtemps indécise, malgré la présence, aux côtés des forces du GNA, de conseillers militaires américains, britanniques et français. Le futur chef de l'Africom juge «très complexe» la situation en Libye «La situation en Libye est aujourd'hui très complexe», a déclaré Waldhauser au cours de son audition mardi dernier par la commission des forces armées du Sénat américain. Thomas Waldhauser a été nommé par le président Barack Obama pour succéder au général David Rodriguez au poste de chef de l'Africom. Il a indiqué que les Etats-Unis avaient deux objectifs importants en Libye: «Parvenir à rendre le gouvernement d'union national (GNA) opérationnel et neutraliser le groupe terroriste autoproclamé «Etat islamique»». Il a ajouté que des consultants américains assistaient le gouvernement libyen depuis mars dernier dans sa lutte contre le terrorisme, en indiquant que les «responsables américains suivaient de très près la situation à Syrte». Thomas Waldhauser a précisé au cours de cette audition centrée sur la situation en Libye qu'en dépit des progrès réalisés par les forces du GNA à Syrte, ces dernières «peinent encore à avancer dans le centre de la ville». Waldhauser a relevé ensuite qu'Africom allait continuer à défendre les intérêts américains dans le continent tout en renforçant la lutte contre «l'extrémisme violent qui a pris racine dans certaines régions d'Afrique». «Aujourd'hui, il y a de nombreux défis complexes dans la région (où) les organisations terroristes telles que Daesh en Libye ou al-Shebab en Somalie sont présentes et actives à travers le continent», a indiqué Waldhauser qui cite également Boko Haram au Nigeria et l'Armée de résistance du Seigneur en Ouganda. «Africom va continuer à travailler avec ses partenaires africains pour contrer ces menaces transnationales et empêcher l'exportation de la terreur» vers d'autres zones, a-t-il ajouté.