Il la considérait comme sa chose, son bien et il refusait tous ses caprices. Ce jour-là, il l'avait surprise descendant de la voiture de son pire ennemi, un large sourire illuminant son visage. Interrogée, elle avait refusé de reconnaître qu'elle avait rencontré celui qui l'avait envoyée moisir en prison durant 5 longues années. Elle devait payer cet écart et pour que sa vengeance soit complète et raffinée, il devrait agir, bourré d'alcool et de neuroleptiques pour mieux la faire souffrir. Il l'avait, il y a trois ans ramassée de la rue où elle s'était réfugiée après sa fugue du domicile familial. Il l'avait accueillie chez lui, nourrie, protégée et c'est pourquoi elle lui devait respect et obéissance. Mais depuis un certain temps, elle devenait froide et distante et quand elle rentrait à la maison après une virée sur les trottoirs de la ville, elle revenait les poches vides. Il échafauda un plan, se «bourra» de toutes sortes de produits qui lui étaient tombés sous la main, et sortit l'attendre dans la rue au quartier Edderb. Il l'a vue descendre d'une voiture pour se diriger vers un magasin. En quelques foulées, il fonça sur elle. Il l'agrippa par les cheveux, la fit tomber, l'entrava avec une lourde chaîne cadenassée et la traîna comme une vulgaire bête. La scène se déroula devant des dizaines de témoins impassibles. Mais qui pouvait intervenir puisque tous ses voisins connaissaient son sale et violent caractère? Durant tout le trajet qui le séparait de l'immeuble où il habite, il n'avait fait que la battre à l'aide du gros cadenas accroché à la chaîne qui l'entravait. Il poussa le corps frêle et sanguinolent de la jeune femme dans la pièce noire de saleté qu'il occupait. Il l'attacha et la jeta dans un coin. De temps à autre, il s'acharnait sur elle à coups de pieds et de poings et parfois de couteau. Elle avait cessé de geindre. Il s'affala sur son lit. Au milieu de la nuit, il alluma une bougie et alla inspecter sa victime. Son corps était froid, rigide et son visage maculé de sang était livide. Elle avait cessé de vivre. Paniqué, il emballa le corps de sa victime et le déposa dans une pièce délabrée du rez-de-chaussée où s'entassait des ordures. Il rentra chez lui pour terminer son somme. Très tôt, un SDF qui cherchait de quoi se nourrir, trouva la dépouille de la jeune femme. Il avertit la police. Dépêchés sur les lieux, les policiers trouvèrent en un tour de main, en suivant les traces de sang qui tachaient la rampe d'escalier, l'endroit où la jeune femme a été exécutée. Sur place, ils trouvèrent le meurtrier en plein sommeil, entouré de bouteilles de vin vides, de flacons de comprimés et d'un arsenal de couteaux de différentes taille. Arrêté, il reconnut avoir corrigé sa compagne et nie l'avoir tuée. Au terme de l'enquête, il est écroué pour homicide volontaire avec préméditation. Au cours du procès, tenu au tribunal d'Oran, il reconnut avoir puni sa «maîtresse» le 13 avril 2004 mais refusé d'endosser le crime. Les témoins à charge, appelés à la barre, connaissant le caractère violent de l'accusé, évitèrent son regard. Ils firent des révélations qui l'enfoncèrent. Le procureur de la République requit à son encontre la peine capitale pour le crime abominable qu'il a commis. Au terme des délibérations, il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité.