La nouvelle édition de la fête de la poterie a été inaugurée lundi dernier et se poursuivra jusqu'au 29 du mois en cours. La tenue, chaque année, du festival local de la poterie de Maâtkas est une occasion de plus pour se poser la lancinante question inhérente à l'avenir du métier de potier, mais aussi d'autres métiers de fabrication de produits d'artisanat. Jusqu'à un passé très récent, la fabrication de tout genre de produit de poterie était chose courante dans toute la région de Maâtkas. C'est presque comme rouler du couscous, Il n' y avait pas une maison où ce métier ne séduisait pas et n'était pas savamment maîtrisé par au moins un homme et une femme. Ce métier manuel qui exige patience et savoir-faire se transmettait de père en fils et de mère en fille. Ce qui constituait, en plus d'être une passion, une source de revenus non négligeables pour les foyers. En vendant les pièces fabriquées, les familles pouvaient, non seulement arrondir les fins de mois, mais aussi, si la chance sourit aux concernés, pouvoir glaner assez d'argent pour même en épargner. Ce qui était vrai, il y a un peu plus de vingt ans, ne l'est désormais plus aujourd'hui. Le métier de potier, qui est aussi un art et un pan de la culture amazighe, est-il en passe d'appartenir au passé en l'absence d'efforts sérieux visant à le préserver? A en croire les nombreux citoyens de Maâtkas, rencontrés près du collège Ounar où se tient le festival de la poterie, l'heure n'est pas à l'optimisme concernant le sort de la poterie. Parmi les nouvelles générations, ils et elles sont malheureusement de plus en plus moins nombreux à avoir ce métier dans le sang. Toutefois, la tenue de ce festival permettra sans doute de maintenir ne serait-ce qu'une infime flamme, capable à tout moment d'insuffler un nouvel élan à la fabrication de la poterie artisanale. La nouvelle édition de la fête de la poterie a été inaugurée lundi dernier et se poursuivra jusqu'au 29 du mois en cours. Cette nouvelle édition a vu la participation d'une centaine d'artisans venus de pas moins de 19 wilayas. La tenue du festival de la poterie de Maâtkas est une aubaine pour faire également la promotion d'un certain nombre de métiers d'artisanat et du terroir à l'instar de la bijouterie traditionnelle, la sculpture sur bois, le gâteau traditionnel également, la sculpture sur roche, la robe kabyle... Des fabricants de poterie ayant exposé différentes sortes de pièces artisanales nous ont confié que, la seule chose qui leur sert de source de motivation, c'est uniquement l'amour et la passion dont ils sont animés vis-à-vis de cet art, autrement, en matière de rentabilité, les choses sont loin d'être reluisantes. On a ainsi appris que de nombreux potiers et potières ont été contraints de mettre la clé sous le paillasson car ce métier ne fait plus vivre, surtout avec ce vent de modernité qui ne cesse d'engloutir tout ce qui est original et traditionnel. C'est surtout le fait que les jeunes s'intéressent de moins en moins à ce métier, qui attriste le plus les anciens artisans. Ces derniers se montrent toutefois compréhensifs. L'un d'eux explique qu'à l'époque, il s'adonnait à ce métier non seulement par amour mais aussi, parce qu'il constituait un gagne-pain qui pouvait amplement subvenir aux besoins de toute la famille. Aujourd'hui, quel est ce jeune qui aura pour rêve de gagner sa vie en s'enfermant pendant des heures à fabriquer manuellement une jarre qu'il aura tout le mal du monde à vendre le lendemain? Cependant, cela n'est pas du tout évident. L'Etat doit ainsi poursuivre cet effort pour le maintien et la promotion des métiers de l'artisanat traditionnel. Un festival annuel est certes utile mais insuffisant. Des mesures plus concrètes à même de stimuler les jeunes, sont plus qu'indispensables si on veut sauver un pan de notre patrimoine culturel et non des moindres.