Des défis attendent l'Exécutif à la rentrée Le «coup d'accélérateur» se fera sentir à tous les étages de la société et notamment au niveau politique où l'on s'attend à une session parlementaire très bruyante. La période des congés des membres du gouvernement tire à sa fin. Les ministres rejoindront leurs bureaux à la fin de la semaine. De fait, dimanche prochain sera un «jour ouvrable» pour l'ensemble de l'Exécutif, qui devra préparer une rentrée sociale assez particulière compte tenu des nombreuses questions qui ne tarderont pas à faire l'actualité. A commencer par le dossier de la réforme du baccalauréat et celui plus général des réformes de seconde génération devant toucher l'Education nationale, jusqu'au débat sur la peine de mort pour les assassins d'enfants, en passant par les questions socioéconomiques, le gouvernement aura fort à faire pour préparer la rentrée, ou les rentrées puisque, cette année, chaque thématique est censée mobiliser beaucoup d'énergie. Le premier acte de la rentrée sera consacré à l'Education nationale qui sera au menu de la première réunion gouvernementale prévue le 24 août prochain. L'Exécutif devra d'abord valider la réforme du baccalauréat, ficelée en juillet dernier et mettre les dernières retouches à la rentrée scolaire, caractérisée cette année, par un nouvel épisode dans les réformes engagées en 2008. Un autre rendez-vous, tout aussi crucial et qui concerne plus d'un million d'Algériens sera également le centre d'intérêt du gouvernement. La rentrée universitaire ne s'annonce certes pas problématique, mais reste un rendez-vous important pour la nation. Ces deux événements qui ne risquent pas de poser des problèmes particuliers, en raison de l'organisation déjà bien rôdée dans les deux secteurs, donne néanmoins le ton à la rentrée. La fin des vacances, le retour des embouteillages et autres soucis du quotidien, auront leur impact sur toute la dynamique sociale. Aussi, le «coup d'accélérateur» se fera sentir à tous les étages de la société et notamment au niveau politique où l'on s'attend à une session parlementaire «désormais unique» et très bruyante. Outre, la loi sur la place des binationaux dans la pyramide de l'Etat, le débat sur la peine de mort fera son entrée en force au Parlement, sachant que des partis de l'opposition entendent la soulever dans l'hémicycle, dans le but de glaner quelques sympathies des électeurs à quelques mois d'un rendez-vous électoral majeur. En effet, les prochaines législatives et locales, dont les préparatifs reviennent au gouvernement, constituent l'un des enjeux politiques du quinquennat, appelé à en finir avec les accusations de fraude avec l'entrée en lice de la nouvelle instance constitutionnelle chargée de la surveillance des élections. Il est un fait que l'installation de cette instance sera l'une «des grandes batailles» de la rentrée politique. La personnalité qui en présidera les destinées et qui devra faire consensus entre le pouvoir et l'opposition constituera l'une des «attractions» du feuilleton politique qui promet d'être «passionnant». Il reste que la passion ne se limitera pas aux «aspects organiques» de la démocratie. Il y a également la pré-campagne. Celle-ci sera sans pitié et le gouvernement sera attendu de pied ferme sur la loi des finances 2017. La conjoncture financière est ce qu'elle est, le bouclage de ce texte essentiel de l'année économique recommande un exercice périlleux d'équilibrisme. Le péril est justement dans les transferts sociaux que le gouvernement devrait «lifter» pour limiter les dégâts. Mais les partis de l'opposition, qu'ils soient parlementaires ou pas, crieront au scandale au moindre centime de plus dans la baguette de pain ou du litre de lait. Il faut bien s'attendre à une véritable furie politico-médiatique qui durera le temps du débat sur la loi de finances 2017. L'Exécutif pourra s'en tirer, grâce à une majorité acquise, mais pas sans séquelles. Et à quelques mois des élections, cela peut peser lourd dans l'appréciation que fera le citoyen de l'action sociale du gouvernement. Des séquelles, il y en aura aussi lors de cette rentrée, lorsque le débat fera rage sur les retraites. Les syndicats, autonomes notamment, n'ont pas l'intention de se laisser faire. Toutes les professions voudront faire partie du club sélect de la pénibilité pour sauvegarder l'avantage de la retraite proportionnelle. On imagine donc aisément le bras de fer entre le gouvernement et plusieurs corps de métier. Y aura-t-il des grèves pour faire plier le gouvernement? Assisterons-nous à une sorte de chaos social où se mêleront les travailleurs, les citoyens mécontents de certaines mesures contenues dans la loi de finances et des partis de l'opposition qui poussent tout ce beau monde à la révolte? Le tableau peut paraître assez sombre pour une rentrée, mais la probabilité d'une tension n'est pas à écarter, sauf que ce scénario a certainement été prévu par le Premier ministre et des mesures pour contrer un potentiel malaise sont prêtes à l'usage, par une Exécutif qui joue une partie de sa crédibilité dans une conjoncture tout à fait inédite, ces dix dernières années. L'équipe de Abdelmalek Sellal aura donc à affronter une situation complexe où les défis ne manquent pas.