L'année politique 2016-2017 s'annonce particulièrement dense: deux échéances électorales majeures, encadrées par de nouveaux textes législatifs, un débat qui s'annonce houleux sur l'accès des binationaux aux fonctions supérieures de l'Etat et un autre très attendu sur la peine de mort appliquée aux assassins d'enfants. A cet agenda, particulièrement fourni, s'ajoutent des enjeux sociaux et économiques impressionnants au regard des attentes sociales et des chiffres en berne des finances du pays. L'équation paraît quasi insoluble, sans le sacrifice de larges couches de la population, tant la variable essentielle que sont les prix du pétrole, ne donne aucun signe du redressement tant attendu. Si l'Exécutif n'aura pas beaucoup de soucis avec une assemblée majoritairement acquise, il devra par contre négocier ferme avec ses partenaires sociaux. On voit mal, en effet, les travailleurs accepter sans sourciller de nouvelles mesures de restriction que voteront les députés de la majorité dans le cadre de la loi de finances 2017. Ce texte est en effet, un important baromètre de la poussée de fièvre sociale qui pourrait s'exprimer ou pas, selon les équilibrages financiers que négociera le ministre des Finances, Hadji Baba Ammi. Le gouvernement Sellal n'est vraiment pas à envier dans les circonstances qui présideront à la prochaine rentrée sociale. Mais, il dispose néanmoins de quelques leviers de nature à lui accorder un petit répit, histoire de voir comment va évoluer la situation économique sur le front de la diversification. Plusieurs ministres, dont ceux de l'Industrie, de l'Agriculture et celui du Commerce ont, chacun semé des graines, dont les premiers fruits sont attendus dans le courant des années 2017 et 2018. Il reste que le choix que devra faire l'Exécutif est tout de même hasardeux. Il se résume en une seule question, celle de savoir, s'il faut la politique de rigueur que nombre d'observateurs disent irrémédiable, ou alors engager dès l'année 2017, les mesures impopulaires susceptibles de «rameuter» l'opposition et faire perdre à l'Exécutif de précieux points à quelques mois d'élections majeures. Une option que très peu de gouvernements de par le monde choisissent à l'entame d'une année électorale. Dire que la rentrée électorale soit socialement chaude, c'est peut-être accorder trop d'importance à une opposition en attente d'un faux pas de la part du gouvernement. Mais cela suppose que ce dernier lui procure l'arme. On voit mal Sellal tendre la joue. Mais cela n'empêchera pas une rentrée bruyante. L'opposition adore crier au loup. C'est un peu son rôle aussi.