Les yeux seront braqués demain sur le Palais du gouvernement où aura lieu une rencontre capitale pour la suite du mouvement citoyen entre le Chef du gouvernement, Ali Benflis, et les délégués des ârchs. En effet, ce conclave au sommet, tant attendu par la rue en Kabylie, revêt une importance particulière eu égard aux intentions des uns et des autres qui ont le souci de mettre fin au climat de psychose et d'insécurité qui règne dans la région. Pour Nassima, cadre commercial, «le dialogue est nécessaire en vue de trouver les voies et moyens à même de faire sortir la Kabylie du bourbier et de la logique des tenants du statu quo». La tension monte aussi d'un cran chez Kamel et Anis, tous deux chômeurs. Ces derniers fondent, à cet effet, beaucoup d'espoirs sur ce rendez-vous de demain, d'autant plus que les délégués, mandatés par la base et qui prendront langue avec Benflis, ont déjà fait leur preuve sur le terrain des luttes, depuis le début des événements de Kabylie. En outre, il faut dire que les dissidences et les luttes intestines, ayant miné (et qui minent encore) le mouvement des ârchs, ont exacerbé la colère des jeunes de la région qui refusent d'être modelés dans cette logique d'enfermement inexplicable des jusqu'au-boutistes. Pour Salim K., un commerçant de Béjaïa, «le conclave extraordinaire de l'interwilayas, jeudi, à Souk El-Thenine (à 40 km de Béjaïa), ne changera rien à notre détermination à rejeter ces personnes qui n'ont rien apporté, si ce n'était la terreur. Ils (les délégués) veulent contrer cette rencontre entre le gouvernement et les sages de la région qui sont conscients de la gravité de la situation». «Moi, je pense que ces «conclavistes de l'interwilayas» qui entretiennent le pourrissement et la confusion servent bien des intérêts mafieux car, comment exiger le départ de la gendarmerie dans le seul but de sauver des affaires liées à la mafia bleue sans demander uniquement le jugement des gendarmes qui sont accusés de dépassements?», s'interroge à son tour Achour, un analyste de l'actualité régionale. En tout état de cause, les avis recueillis, ici, à Béjaïa renseignent bien sur le sentiment de lassitude et d'indifférence, qui gagne de plus en plus les citoyens, à l'image de ces membres de la coordination des comités de quartiers de la ville de Béjaïa, qui «privilégient l'option du dialogue au détriment de la confusion». Pour eux, la rencontre avec Benflis est une opportunité pour avancer le débat sur une solution définitive des aspirations de notre jeunesse.