Les cours du brut ont enregistré, vendredi, leur plus haut niveau depuis quatre mois. La dernière déclaration du ministre saoudien du Pétrole, Ali Al-Nouaïmi, faite mercredi, a jeté de l'huile sur le feu sur un marché déjà rendu nerveux par la vague de froid qui frappe actuellement l'Europe et les Etats-Unis et les prévisions de croissance de la demande mondiale en 2005. «Là où se trouve le prix aujourd'hui, entre 40 et 50 dollars, c'est là où il restera probablement durant toute l'année 2005», a déclaré le ministre, qui est l'un des hommes les plus influents de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep). «Je suis toujours réticent à faire des prévisions sur ce que sera le prix mais en regardant les fondamentaux, l'offre, la demande et le désir du monde entier pour un marché pétrolier stable, je pense que cela évoluera dans cette marge de fluctuation», a ajouté le ministre saoudien. Propos ayant largement influé sur les cours au point de dépasser, vendredi, la barre des 50 dollars. Sur le New York Mercantile Exchange, le baril de pétrole brut pour livraison en avril sera de 51,49 dollars. Sur l'International Petroleum Exchange (IPE) de Londres, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en avril sera de 49,61 dollars. «Tout est toujours en place» pour que les cours restent aux niveaux actuels, a affirmé Christopher Bellew, opérateur de la maison de courtage Bache Prudential. Pour Frédéric Lasserre, de la Société générale, M.Al-Nouaïmi «a peut-être été un peu pessimiste: les prix vont peut-être même évoluer entre 50 et 60 dollars à ce rythme-là». Néanmoins, le Centre arabe d'études pétrolières (Caep) dans l'édition de mars prochain de sa revue Pétrole et gaz arabe, a estimé que ce sont les sous-investissements qui «ont conduit à la quasi-disparition des capacités de production nonutilisées». Ce qui pourrait de fait, provoquer «une nouvelle explosion des prix» du baril de pétrole brut. «Contrairement à ce qui était espéré, la forte hausse des prix du pétrole et l'accroissement consécutif des revenus des pays exportateurs ainsi que des bénéfices des sociétés internationales n'ont pas jusqu'ici provoqué une augmentation un tant soit peu significative des investissements dans les différentes phases de l'industrie pétrolière, dont notamment l'exploration et le développement des capacités de production» souligne la revue spécialisée. «La majeure partie des recettes supplémentaires générées par l'envolée des prix du pétrole sera affectée au remboursement de la dette publique et à des investissements non-pétroliers», souligne en outre le document. Bien plus, les majors de l'industrie pétrolière qui ont enregistré des bénéfices records en 2004, se contentent aujourd'hui de racheter leurs actions ou l'acquisition d'autres sociétés au lieu d'investir dans l'exploitation. Une stratégie, certes, satisfaisante pour les actionnaires, mais de loin une bonne réponse au défi posé par l'accroissement des besoins pétroliers mondiaux, souligne l'éditorialiste de la revue avant d'avertir sur «le risque d'une nouvelle flambée des prix, voire d'un nouveau et violent choc pétrolier». La revue du Caep conclut que «ce risque est d'autant plus réel que la croissance de la consommation mondiale poursuit un rythme soutenu, que l'équilibre offre-demande reste serré et que les facteurs géopolitiques qui ont contribué à la poussée de fièvre sur les prix en 2004, n'ont pas disparu». Chose qui devrait faire le bonheur des pays exportateurs de pétrole ayant privilégié l'investissement, à l'instar de Sonatrach.