Les membres arabes de l'Opep ont affirmé hier au Caire que le marché pétrolier était bien approvisionné, en dépit des prix élevés, et confirmé leur orientation vers une réduction de la production au cours du deuxième trimestre de 2004. Le ministre du Pétrole saoudien, Ali Al-Nouaïmi, a affirmé, lors d'une réunion des ministres arabes du Pétrole, que les prix élevés n'étaient "absolument pas liés à un manque dans l'approvisionnement". Il a affirmé qu'il fallait lier la hausse des prix aux conditions climatiques notamment et souligné que les pays de l'Opep voulaient "des prix stables". Les cours du pétrole ont bondi vendredi sur le marché à terme de New York en prévision d'une nouvelle vague de froid aux Etats-Unis. Le prix du brut de référence pour livraison rapprochée en janvier a atteint 33,04 USD, son plus haut niveau depuis le 18 novembre. Le ministre algérien de l'Energie, Chakib Khelil, a estimé que "les prix sont trop élevés". Mais il en a attribué la responsabilité "aux problèmes géopolitiques au Proche-Orient", dans une allusion à l'Irak, et aux "spéculateurs". Il a estimé qu'il y avait actuellement “un équilibre entre l'offre et la demande” sur les marchés mais s'est attendu à un excédent qui pourrait atteindre 2,5 millions de barils par jour au cours du deuxième trimestre de 2004. Les ministres arabes ont laissé entendre qu'ils étaient prêts à tolérer les prix élevés actuels en raison de la baisse du dollar face à l'euro. "Les prix sont élevés mais pas trop, si on prend en compte la baisse du dollar", a souligné le ministre émirati du Pétrole, Obeid ben Saif al-Nassiri. "Notre revenu (pouvoir d'achat) a perdu 20 à 25% de sa valeur depuis le début de l'année. Ce que nous avons gagné en termes de prix du pétrole, nous l'avons perdu au taux de change", a-t-il dit. Tant le ministre algérien de l'Energie que son homologue qatariote et président de l'Opep Abdallah Ben Hamad al-Attiya ont répété que l'objectif du cartel était de maintenir les prix dans une fourchette de 22 à 28 dollars le baril. Mais M. Attiya a écarté l'éventualité de fixer les cours du pétrole en euros, affirmant que “cela serait une opération très difficile entraînant des calculs compliqués”. Lors de sa réunion ministérielle extraordinaire du 4 décembre à Vienne, le cartel avait décidé de maintenir le plafond de production à 24,5 millions de barils par jour (mbj). Mais il avait laissé entendre qu'il pourrait réduire son offre lors de sa prochaine réunion, prévue le 10 février à Alger, pour soutenir les prix du brut avant la baisse de la demande traditionnellement enregistrée dans l'hémisphère Nord à la fin de l'hiver. MM. Attiya et Khelil ont tous deux indiqué que les producteurs non membres de l'Opep seraient conviés à la réunion d'Alger et que le cartel leur demanderait de partager une réduction de la production totale de brut pour le deuxième trimestre 2004. "Nous allons inviter la Russie, le Mexique et les autres pays non membres de l'Opep à la réunion d'Alger pour discuter de la situation du marché", a déclaré M. Attiya. Mais les ministres se sont refusé à préciser le volume de la réduction.