Faut-il s'en offusquer? La xénophobie, désormais, s'affiche et s'exprime haut et fort en France. Tant que cet ethnocentrisme était marginal, on pouvait, à la limite, l'estimer peu significatif et ne saurait engager la population et/ou les autorités du pays. Toutefois, nombre de politiciens français dits «sérieux» instrumentent et exploitent ces dérives racistes à des fins politiques. La France a changé! Que reste-t-il de la patrie des droits de l'homme, qui accueillait des réfugiés, parmi lesquels des musulmans. Or, ces musulmans sont stigmatisés, responsabilisés pour des situations dont ils sont, de fait, les premières victimes. C'est cette France cependant, qui revendique et se glorifie de sa «diversité culturelle» qui les rejette aujourd'hui! Après l'épisode du burkini, où la France et ses autorités se sont ridiculisées, il est patent que dans l'Hexagone, le refus de l'Autre s'est mué en racisme ordinaire. Un racisme rentré dans la normalité quand les propos xénophobes ne choquent plus, d'aucuns allant jusqu'à leur trouver des justifications. C'est dans ce contexte délétère que Robert Menard, ancien directeur de Reporter sans Frontière (RSF), maire de Béziers, en remettait une couche, lundi dernier, récidivant après ses pantalonnades en 2015 sur les musulmans qui «remplissaient» les écoles de France. A une question d'une journaliste de LCI (chaîne d'information en continu) le sieur Menard répond «(...) écoutez, dans une classe du centre-ville de chez moi, il y a 91% d'enfants musulmans. Evidemment que c'est un problème. Il y a des seuils de tolérance. On n'ose pas le dire: 91% d'enfants musulmans. Vous ne mettez pas les vôtres dans cette école-là, vous demandez une dérogation à la carte scolaire et vous allez dans le privé. C'est ça la réalité» et de préciser «être Français, c'est être blanc et catholique». Malheureusement, ce n'est pas le seul édile français, qui se surprend à dire de pareilles inepties, d'autres responsables ont dit pire sans que les autorités politiques françaises y mettent le holà, participant de la sorte à conforter la dérive xénophobe. L'épisode du burkini en dit long sur le concept de liberté d'expression, fourvoyé de son sens, tel qu'il est désormais appliqué en France. Face à leur incapacité - incompétence? - à trouver des solutions aux problèmes de leur pays, des politiciens français vitupèrent contre l'islam. Ainsi, la France veut faire plier l'islam à ses couleurs, fonder un «islam de France». Voilà qui est illusoire, l'islam est un tout au-dessus des Etats et des contingences. La radicalisation de certains musulmans observée en Europe et en France est avant tout due à la façon avec laquelle ces musulmans sont traités par les pouvoirs publics. Lorsque l'on maintient une catégorie de citoyens en position de «sous-hommes»,en éternels suspects potentiels, il est patent que viendrait le jour où ils en auront «marre». Un rapport du Conseil de l'Europe déplore la «banalisation» du racisme en France. Un discours raciste, dont des partis politiques (cf; le Front national et Les Républicains (ex-UMP) en France),voire des hommes politiques (cf; le Premier ministre français, Manuel Valls) ne sont pas pour peu dans sa normalisation. Dès lors, le Conseil de l'Europe souligne «l'accroissement des violences racistes, antisémites et islamophobes», mais aussi «l'homophobie et les discriminations anti-Roms». Ce qui fit dire au secrétaire général de cette institution, Thorbjorn Jagland, «le discours de haine, de par sa banalisation dans la sphère publique, demeure un sujet de préoccupation», demandant aux responsables politiques de s'abstenir «de tenir des propos qui stigmatisent des groupes déjà vulnérables et attisent les tensions dans la société française». Si, assurément, il n'y a pas de critère officiel de «classification par race» de la population française, des décisions mal adaptées ont sans doute nourri la discrimination et accentué en France la dérive raciste. Il en est ainsi de la loi d'orientation de 1985 qui créa des fichiers de renseignement, le Stic (Système de traitement des infractions constatées) pour la police et le Judex (Gendarmerie) qui «classent et fichent» les individus recherchés sur une base raciale. De fait, les fichiers Stic et Judex ont été détournés de leur destination. Aussi, si le racisme «n'est pas français» comme l'affirment d'aucuns, les lois françaises lui ont creusé le lit, créant le «délit de faciès», une ségrégation pourtant interdite par les lois françaises, mais appliquée aux Maghrébins et aux Noirs en particulier. Si ce n'est du racisme, ça en a tout l'air et la responsabilité des autorités françaises est ici totalement engagée.