Sûr de son fait, un tantinet irrité par les attaques dont la compagnie a fait l'objet, il tente d'expliquer ici les grandes lignes de son projet de redressement de la compagnie, mais aussi les raisons qui l'ont poussé, depuis 1999, à entamer un plan mesuré et réfléchi, cautionné par les pouvoirs publics, de rattrapage (et non pas de hausse, tient-il à marteler à maintes reprises), des tarifs que pratique la compagnie aérienne battant pavillon algérien. L'intérêt du citoyen, de l'entreprise et du pays demeure, dans toute cette démarche, placé au-dessus de toute autre considération. En dépit de tous les rattrapages opérés sur le réseau intérieur, Air Algérie accuse toujours des pertes. D'entrée de jeu, le P-DG d'Air Algérie, Tayeb Benouis, invité de notre rubrique «A coeur ouvert avec L'Expression», a tenu à expliquer la conjoncture dans laquelle évolue présentement la compagnie, mais aussi quelles sont les conditions qui avaient prévalu jusque-là. Depuis l'indépendance, Air Algérie a été un outil fort de développement du transport aérien national participant au désenclavement des régions. De ce fait, et en plus de trois décennies, les prix des billets étaient maintenus à un niveau relativement bas afin de rendre l'avion accessible à tous. Les pouvoirs publics étaient conscients du déficit structurel qui s'imposait. Or, les choses ont changé depuis 1997, date du changement de statut d'Air Algérie, qui est devenue EPE/SPA, jouissant de l'autonomie financière, appelée à jouer son rôle de société commerciale, sans perdre de vue sa vocation et sa mission de service public en sa qualité d'entreprise publique nationale. Elle est tenue donc de faire preuve d'ingéniosité et de jouer la rentabilité. Jusque-là et contrairement à ce qui a été rapporté, Air Algérie a procédé à la mise en application d'un plan de rattrapage des tarifs et non d'augmentation, ce plan a été approuvé par les pouvoirs publics. Il est lié à la dérive des facteurs exogènes subis par la compagnie (carburant, taxe de survol, assurance, sûreté...). Les changements dans les tarifs sont soumis à l'homologation. Ainsi, en 2001, le taux de couverture des charges était de 32% pour les tarifs des réseaux intérieurs, et le plan mis en place devait permettre d'atteindre un taux de couverture de 55% à fin 2004 ; ce qui a engendré la mise en application d'un planning de rattrapage progressif de coûts. Malgré ces réajustements, il reste que l'équilibre n'est toujours pas atteint. De plus, M.Benouis s'en explique en indiquant que la notion de service public, qui sous-tend la desserte de certaines régions du pays, continue d'être sa préoccupation. Si nous devons aller vers la réalité des prix, sans même qu'Air Algérie, perçoive un seul centime de bénéfice, et à titre d'exemple, le billet Alger/TMR qui coûte actuellement un peu plus de 27.000 DA, passerait à 48.000 DA. Si Air Algérie devait s'aligner sur le coût de revient véritable de ces vols, cela signifierait tout simplement l'arrêt de la plupart de ses dessertes domestiques. Des solutions existent, elles sont utilisées notamment en Europe où certaines autorités locales (chambres de commerce, conseils régionaux...) subventionnent des lignes prenant ainsi en charge une partie des dépenses. Air Algérie a mis en place un plan visant la réduction de ses coûts à travers la restructuration de son réseau intérieur, l'utilisation d'une flotte adaptée (avions ATR de 70 places). Dans un plan approuvé par les pouvoirs publics, il est question de séparer les lignes intérieures des lignes internationales par la création d'une compagnie de type régional permettant des coûts d'exploitation réduits, et donc d'offrir une gamme tarifaire plus abordable, moyennant un service adapté à ce genre d'exploitation.