«Le mouvement de protestation a été massivement suivi.» En dépit des menaces du ministère de l'Education et de la décision de justice qui condamne le mouvement de protestation décrété par le syndicat non encore agréé, en l'occurrence le Cnapest, la corporation des enseignants du secondaire qui a prévu de tenir hier sa journée de débrayage, rassure les membres du Cnapest contactés par nos soins. Ainsi, à en croire nos interlocuteurs, le mouvement de protestation a été massivement suivi à travers tout le territoire national. «C'est dire que la base est convaincue de la légitimité de son mouvement et de ses revendications», nous dira un syndicaliste. Selon ce dernier, la corporation a agi en vertu de l'article 4 de la loi 90-02 qui stipule que les travailleurs peuvent s'organiser en collectif. Pour ce qui est des sept enseignants qui ont fait l'objet de décisions de justice, ces derniers ont préféré regagner leurs postes de travail tel qu'il leur a été conseillé par leurs avocats. «Nous respectons la décision de justice qui, en fait, ne s'applique que sur nous», nous dira un des sept enseignants. Pour ces grévistes, le recours à des mouvements de protestation n'est qu'une ultime action après avoir constaté que le dialogue est en phase de rupture. «La tutelle est très bien imprégnée de nos préoccupations et nos doléances mais, malheureusement, elle n'a rien fait, bien au contraire, elle a favorisé la stratégie du bâton avec ses ultimes menaces et intimidations», s'insurge un syndicaliste. Pour lui, le Cnapest constitue une véritable force revendicatrice qui a des intérêts «socioprofessionnels» à défendre. «Au Cnapest, il n'y a pas de leadership, le dernier mot revient à la base», ajoute-t-il. C'est pour cette unique raison, nous explique un PES, que le bureau national de ce syndicat a refusé, après que le verdict de la justice soit tombé, d'ordonner à la corporation d'arrêter le mouvement de protestation. «Ce n'est pas au bureau de décider si la grève doit être maintenue ou non. Chaque enseignant est responsable de ses actes et de ses convictions, ainsi, il est en mesure d'assumer les conséquences», nous explique notre interlocuteur. Concernant les qualificatifs utilisés par la tutelle pour désigner le Cnapest, ses adhérents n'ont pu accepter ce qu'ils qualifient d'insultes et nous déclarent: «Plusieurs étiquettes ont été collées au Cnapest, malgré cela, il continue à mobiliser la corporation du moment qu'elle est consciente des manigances de la tutelle.» Il est clair que cette nouvelle tournure qu'a pris le conflit, qui oppose depuis déjà deux ans le ministère de l'Education aux PES, ne fait qu'augmenter les angoisses des élèves et de leurs parents qui craignent le pire, alors que la fin de l'année scolaire est encore loin. «Il est inacceptable de prendre les élèves en otage afin de régler des différends qui n'ont que trop duré», estiment les parents d'élèves en grogne. Il faut noter, enfin, que le bureau national du Cnapest tient sa réunion-bilan le 10 mars prochain. Des mesures seront prises à cet effet pour donner suite au mouvement.