«L'opposition minoritaire fait le jeu des Américains et des Israéliens.» Le retrait des forces militaires syriennes du Liban fait l'actualité médiatique internationale. De même qu'à Beyrouth, la question n'est plus un tabou à Damas. «Le retrait de toutes les forces militaires du Liban est pour nous un objectif stratégique» a affirmé, hier, le Dr Derouiche Aïssa, ambassadeur de la Syrie à Alger, sans préciser aucune échéance pour ce retrait officiellement annoncé avant-hier, par le président syrien dans un discours. «Si les Libanais jugent que le retrait des forces syriennes ne dérange pas la stabilité et la sécurité dans leur pays, s'ils nous disent de nous retirer, nous nous retirerons» a encore ajouté l'ambassadeur qui a noté que le gouvernement libanais est souverain dans ses décisions. Le gouvernement libanais pro-syrien et l'opposition anti-syrienne se livrent un combat acharné. Cette contestation est apparue en septembre 2004, lorsque le président de la République pro-syrien, Emile Lahoud, fait voter un amendement prolongeant son mandat. Du coup, le Premier ministre sunnite Rafik Hariri démissionne et rejoint l'opposition. En dépit des pressions internationales sans précédent, la Syrie considère que les échéances et la date du retrait relèvent d'une question de souveraineté entre les deux pays. «Pour le calendrier du retrait, il sera défini, en toute souveraineté par le conseil syro-libanais qui se réunira dans les quelques jours à venir» a indiqué le Dr.Derouiche qui a dénoncé «les actions d'une opposition minoritaire qui fait le jeu des les Américains et des Israéliens». Officiellement, les soldats syriens sont intervenus en juin 1976 à la demande du président Soliman Frangié pour porter secours à la communauté chrétienne, menacée d'écrasement par le camp "islamo-progressiste". Puis cette présence a été légitimée par la décision de la Ligue arabe de créer une "force arabe de dissuasion" censée maintenir la paix au Liban, dont l'armée syrienne constitue l'ossature. Les Etats-Unis, qui ont parrainé avec la France la résolution 1559, ne cessent de s'en prendre à Damas depuis le décès de Hariri, dans lequel la Syrie dément toute implication. Les modalités du retrait des forces syriennes a fait l'objet d'un débat informel entre les ministres des Affaires étrangères arabes réunis au Caire, la semaine dernière. Entre les accords de Taief et la résolution 1559 du Conseil de sécurité, les diplomates arabes hésitaient. L'ambassadeur syrien n'y voit pas de contradiction: «L'action du retrait se fera dans le cadre des accords de Taief de 1989 qui prévoit deux étapes: la première consiste en un retrait des forces à la Bekaa et la seconde aux frontières libano-syriennes» a précisé l'ambassadeur qui trouve cette démarche en totale conformité avec les résolutions du conseil de sécurité. Le stationnement des forces syriennes à la frontière libanaise «relève d'une mesure de sécurité et du rôle même d'une armée censée protéger son territoire en cas d'agression» a également souligné l'ambassadeur syrien. Mais le président américain a été catégorique en soulignant qu'il ne se satisferait pas de «demi-mesures». «Un retrait syrien de l'ensemble de ses forces armées et de ses services de renseignement contribuerait à garantir que les élections libanaises auront lieu comme prévu au printemps et qu'elles seront libres et équitables», a répété le président Bush.