L'Egypte a fait sensation dimanche avec une fiction bien spéciale, en compétition officielle, au théâtre Azzedine-Medjoubi. Adapté d'un roman, ce long-métrage nous entraîne dans les méandres de l'apprentissage de l'amour en sept étapes. Le docteur Shukri Mokhtar est un psychologue renommé. Un peu malade, il décide d'animer une dernière conférence à l'université autour de cet épineux sujet dont on n'a pas encore dévoilé tous les secrets. Pour étayer ses arguments, il citera en exemple quatre noms masculins et va se mettre à nous raconter comment ils sont tombés amoureux, ce qu'ils ont fait, ont-ils réussi à garder intact cet amour, ont-ils échoué? Que s'est-il passé au sein de leur couple? Eux, ce sont Youcef, Karim, Rami et Chawki. Youcef est divorcé depuis cinq ans. Sa fille est décédée quelques heures après sa naissance. Depuis, traumatisé, il n'arrive pas à retomber amoureux et à s'engager à nouveau. Le jour où il décide de se suicider, la providence met sur sa route une jeune femme tout aussi seule que lui. C'est immédiatement le grand coup de foudre et ils décident de se marier. Mais vite ce mariage trop précipité va battre de l'aile. Youcef est conscient d'être un dépressif pathologique. Sa femme prend le taureau par les cornes et décide d'agir en lui faisant promettre un tas de choses, lui assurant qu'elle a beaucoup plus besoin de lui que lui, d'elle. Rami pour sa part, est un jeune artiste-peintre. Il tombe amoureux d'une fille fiancée de son état. Au départ, elle se met à résister à ses avances, mais elle finit par le voir et tomber sous son charme. C'est le seul garçon qui a su la comprendre et la sentir, sans qu'elle soit obligée de parler ou dire qui elle est vraiment. Leur histoire idyllique au départ, s'évanouit tout doucement. Séduite par lui, ils finissent par se marier. A côté, Il y a aussi Karim, ce jeune hospitalisé amoureux de sa copine de 17 ans et qui finit par devenir accro de sa présence et son soutien. Mais celle-ci n'y arrive pas, car sa mère refuse que sa fille puisse éprouver un tel sentiment pour son jeune âge et la fille d'endosser une grosse responsabilité en plus d'aller à l'école, et vivre avec sa famille... Le psychologue, alias Maged El Kedwani va expliquer à l'assistance les différentes étapes par lesquelles l'amoureux passe avant d'atteindre l'état de la «hebta» qui en est la septième et la dernière. Il évoquera bien évidemment la phase du commencement puis le rêve, la déception, les promesses, la vérité, la résistance, accompagnée parfois du sentiment de jalousie, de possessivité ou encore de l'ennui et ainsi de suite, jusqu'à la dernière escale que l'on doit tout le temps revivre comme si c'était la dernière fois. Dans ce film choral, adapté d'un roman, certains de ces personnages vont se croiser parfois, même s'effleurer et l'on devine à la fin qu'ils sont tous finalement le fruit de l'imagination de ce professeur en raison de certains éléments qui résident dans son entourage, notamment de la vue de sa maison, ou encore de quelques tableaux qu'il possède chez lui. Mais son discours est tellement bien ficelé que l'on y croit et on y plonge tête baissée, même s'il est interrompu une fois par un jeune homme dans la salle, qui remet en cause la véracité de ses propos en raison de certains comportements qui ne sont pas familiers à notre tradition et notre culture. Le professeur qui l'interroge sur «comment il a rencontré sa bien-aimée», réussira à le convaincre de sa propre folie en évoquant le non-sens dans l'amour surtout qu'il est sincère et vrai. Il n'y a pas de hasard, nous fait-il comprendre, mais chaque rencontre a ses raisons avec lesquelles on ne devrait pas se battre, mais savourer chaque moment, car elles sont pour ce professeur les plus belles choses sacrées que Dieu nous a transmises afin d'accomplir sa mission dans cet univers, à savoir propager l'éternel amour. Salve d'applaudissements dans la salle du théâtre Azzedine-Medjoubi. Au-delà de l'aspect rose bonbon que charrie ce film, sa finesse réside dans la mise en scène toute feutrée de ces situations portées par des comédiens à l'interprétation juste et moderne qui rompt avec les clichés des feuilletons, même si les histoires sont tirées un peu par les cheveux. La magie du film est de vous pousser à croire à l'impossible quand tout est fini. Un film divertissant certes, mais bien touchant, il a le mérite de s'éloigner des sujets bien graves comme ceux liés au printemps arabe, mais de nous ramener aux choses somme toute banales et pourtant souvent très difficiles à atteindre. Des films sur la révolution arabe ont toutefois été projetés dans l'après-midi à la cinémathèque, dans le cadre de l'hommage de Annaba à la Fédération tunisienne des cinéastes amateurs de Kilibia. En effet, de bons films courts-métrages déclinés entre fiction, film expérimental, animation et documentaire ont été projetés, dont quelques-uns sur la révolution du Jasmin. A propos de la Tunisie, l'on est à même de se demander où est passé le dernier film de Alaeedine Slim, qui ne figure nulle part au programme finalement, alors qu'il avait été annoncé à maintes reprises auparavant... Notons que la Tunisie est également présente au Festival international du film méditerranéen d'Annaba via plusieurs ateliers d'écriture et de réalisation, dont le rendu notamment, sera visible espérons-le, à la cérémonie de clôture, pour peu que les cinéastes tunisiens aient tout le matériel nécessaire pour mener à bien leur projet avec la vingtaine de stagiaires inscrits. Ce qui est loin d'être une sinécure.