Le marché croule toujours sous une offre abondante. Le comité d'experts de l'Organisation présidé par l'Algérie étant entré en conclave depuis lundi à Vienne pour définir les modalités de la réduction de sa production, les cours de l'or noir se sentent pousser des ailes. Est-ce la fin du cauchemar? Cela pourrait être le cas. Et ce ne sera que justice que de reconnaître tous les efforts déployés par l'Algérie pour sortir du bout du tunnel. Il faut cependant faire preuve de prudence et attendre que la situation se consolide. Ce n'est en effet pas la première fois que le baril a fait preuve de fulgurance avant de baisser pavillon. Le marché croule toujours sous une offre abondante. Cause essentielle du reflux des cours de l'or noir. Il n'y a pas donc d'autre alternative que de serrer les vannes. Ce à quoi s'attelle l'Organisation des pays exportateurs de pétrole. Deux tentatives se sont révélées infructueuses. Une première fois le 16 février. L'Arabie saoudite et la Russie, les deux premiers producteurs de brut, au terme d'une réunion à Doha avec le Qatar et le Venezuela, avaient convenu de geler leur production. Une seconde fois le 17 avril, soit un mois après, à l'occasion du sommet de l'Opep qui s'est tenu au Qatar pour sceller cette annonce. La réunion a tourné court. Les dissensions, trop fortes, entre Riyadh et Téhéran l'ont sabordée. Il aura fallu attendre le sommet informel d'Alger qui s'est tenu le 28 septembre en marge du 15ème Forum international de l'énergie pour que renaisse l'espoir d'inverser la vapeur. C'était sans compter sur une diplomatie algérienne tout feu tout flamme et des talents cachés de négociateur de son nouveau ministre de l'Energie qui a sillonné les capitales des principaux pays producteurs de pétrole pour les inciter à agir tout en parvenant à aplanir le différend irano-saoudien. Au grand dam des experts et des observateurs internationaux qui ne donnaient pas cher de cette offensive diplomatique. Le sommet informel de l'Opep fut un succès retentissant. L'accord d'Alger qualifié d'historique a été unanimement salué. Le baril fut propulsé au-dessus des 50 dollars. Avant de retomber dans ses travers. Les rumeurs et les doutes entretenus, par les analystes, autour de la mise en oeuvre de la décision de réduction de la production des pays de l'Opep et non-Opep (la Russie notamment) ont fait leur effet. Les 14 ont fini par réagir. Le comité d'experts de l'organisation présidé par l'Algérie étant entré en conclave depuis lundi à Vienne pour définir les modalités de la réduction de sa production, les cours de l'or noir se sont senti pousser des ailes. Après une poussée notoire lundi hier vers 12h00 à Alger, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en janvier affichait 49,62 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, enregistrant un gain de 72 cents par rapport à la clôture de lundi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de janvier, dont c'est le premier jour d'utilisation comme contrat de référence, se négociait à 48, 81 dollars après avoir grappillé 57 cents. «La hausse entamée la semaine dernière s'explique par les attentes grandissantes que l'Opep trouvera un accord pour limiter sa production lors de sa prochaine réunion officielle qui se tiendra à Vienne le 30 novembre», soulignaient les analystes du second groupe bancaire allemand, Commerzbank. Alors que la Russie est décidée à appuyer cette démarche. «Geler notre production ne sera pas un problème», a affirmé le président russe Vladimir Poutine. «De nombreux opérateurs croient que l'Opep est proche d'un accord et cela arrive au moment où la demande de pétrole augmente aux Etats-Unis», a expliqué Phil Flynn de Price Futures. «Les principaux acteurs comme la Russie, l'Iran et l'Irak ont tous dit qu'ils avaient un intérêt à une réduction et cela a aidé le marché à reprendre confiance», a-t-il précisé. «Nous sommes convaincus que l'Opep arrivera à trouver un accord et notre optimisme est ancré par l'idée que l'Arabie saoudite, qui est le pays le plus important du cartel, a les moyens de faire rentrer les autres pays dans le rang», ajoutait Helima Croft, analyste de RBC Capital Markets. Il reste à l'Opep de transformer l'essai le 30 novembre.