«Nous avons eu des discussions avec le partenaire social Ugta, les autres formations syndicales sont sectorielles», selon Mohamed El Ghazi. Les syndicats autonomes haussent le ton, le gouvernement demeure intransigeant et affirme à travers le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed El Ghazi, que le projet de la loi sur la réforme de la retraite fait son chemin et sera présenté, aujourd'hui, devant la commission de l'Assemblée populaire nationale (APN), pour son adoption dans les prochains jours. «L'abrogation de l'ordonnance 13-97 est le résultat de la tripartite; gouvernement, patronat et l'Union générale des travailleurs algériens (Ugta), le mois de mai dernier.» Pour ce qui est de la grogne sociale et les voix qui se sont élevées contre l'exclusion des syndicats autonomes dans les concertations et débats liés à l'élaboration du nouveau projet de Code du travail et la loi sur la réforme du système de retraite, le ministre du Travail estime que l'Ugta est «le seul représentant légitime des travailleurs, et le partenaire social du gouvernement», et que pour les syndicats autonomes, «ils étaient invités par leurs tutelles pour enrichir le document en question. Des réflexions ont été engagées dans ce sens, chaque ministère a reçu ses partenaires sociaux pour leur expliquer les nouvelles dispositions introduites dans le document de projet de loi» a-t-il souligné. Une nouvelle déclaration qui risque d'enflammer le front social déjà en ébullition. Les propos du ministre du Travail, marquent le début d'une nouvelle escalade verbale entre le gouvernement et les syndicats autonomes dont 13 syndicats formant le front pour la retraite proportionnelle se sont réunis, hier, au siège de L'Union nationale du personnel de l'éducation et de la formation pour mettre les dernières retouches et discuter les préparatifs de leur mouvement de protestation programmé pour aujourd'hui devant le siège de l'APN. Hier, les membres de l'intersyndicale ont appelé leurs adhérents à se mobiliser pour mettre le gouvernement devant le fait accompli. Ils l'accusent de l'avoir exclu dans les concertations sur les réformes envisagées et de prise de décisions unilatérales concernant l'avenir des travailleurs. Pour cela l'intersyndicale a misé sur l'action d'aujourd'hui pour faire barrage à l'adoption de la loi «retraite» qui constitue une menace aux acquis socioprofessionnels des travailleurs. «Dans plusieurs secteurs d'activité, la mobilisation a atteint un niveau très avancé» selon les syndicats contestataires. Ils jugent que les explications des nouveaux textes introduits dans la loi de la retraite et celle du travail, «ne suffiront pas». Ils exigent le «retrait» des deux projets de lois et d'impliquer «les syndicats autonomes qui sont devenus une force non négligeable sur le terrain». L'intersyndicale semble bien déterminée à aller loin dans son mouvement de protestation et menace de paralyser plusieurs secteurs d'activités par une grève illimitée; dans le cas de l'échec de ce mouvement c'est la «radicalisation». «Nous allons nous battre pour obtenir gain de cause.» Désormais en position de force, le gouvernement a bien saisi la faiblesse des syndicats autonomes dans les batailles politiques, en raison de l'absence d'un capital d'expérience, leurs actions de protestation étaient réservées uniquement à la lutte pour des revendications socioprofessionnelles. Enfin, le gouvernement et les syndicats protestataires campent sur leurs positions, aucun ne veut faire des concessions à l'autre pour ne pas perdre la face. Le conflit risque de durer encore plus de temps, notamment avec la détermination affichée par l'intersyndicale de recourir au durcissement de son mouvement de protestation, avec une grève illimitée.