C'était en 1974, lors du Sommet des non-alignés d'Alger, (en haut de la tribune, le président Houari Boumediene et Messaoud Aït Chaâlal) Il a tenu tête et défié la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle tout en soutenant les mouvements de libération en Afrique et en Amérique latine. Le père de la révolution cubaine s'est éteint hier. Fidel Castro restera pour l'éternité une des figures qui aura marqué l'Histoire: celle du XXe siècle. Son nom restera longtemps lié à celui de «Che Guevara» son compagnon d'armes pour faire rayonner un des mouvements de libération qui est resté une référence en matière de lutte pour l'indépendance. Jusqu'à son dernier souffle, il ne cédera ni aux pressions américaines qui ont tenté d'asphyxier l'île en lui imposant un sévère blocus économique, financier et commercial dès le mois de février 1962 ni aux tentatives de déstabilisation orchestrées par les services US. Après s'être débarrassé de la dictature du général Fulgencio Batista, en 1959, la révolution cubaine naissante a dû faire face au débarquement de la baie des Cochons en 1961, une invasion militaire d'opposants cubains soutenue par les Etats-Unis, qui avait pour objectif de renverser Fidel Castro. Une opération qui a viré à la débandade. Il fera une déclaration qui s'avérera prémonitoire et qui en dit long sur les relations futures qu'il entretiendra avec 11 présidents des Etats-Unis. «Quand cette guerre sera finie, commencera pour moi une guerre plus importante, plus longue: celle que je vais mener contre les Nord-Américains. Je suis certain que cela sera mon véritable destin», écrira-t-il le 6 juin 1958. L'exceptionnel destin du futur président cubain est tout tracé. L'aventure pouvait commencer. L'éclatante victoire de la révolution cubaine aura un retentissement mondial et sera annonciatrice de la trajectoire hors du commun et extraordinaire qui lui sera réservée à travers la planète. Elle portera l'empreinte du «Lider Maximo». Le «Che» se chargera de la faire rayonner à l'international. Fidel Castro tiendra tête et défiera la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle, tout en soutenant les mouvements de libération en Afrique et en Amérique latine. Cuba jouera un rôle essentiel dans la lutte des pays du tiers-monde contre le colonialisme pour parvenir à leur indépendance. Elle sera marquée par l'épopée du «Che» au Congo jusqu'au triomphe «des troupes cubaines à Cuito Cuanavale, en Angola, contre l'armée sud-africaine de l'apartheid» est-il rapporté dans Cuba, une odyssée africaine, un documentaire de Jihan El Tahri qui a immortalisé pour l'éternité ce pan de la révolution cubaine. «En 1987, le Lider Maximo engage des forces supplémentaires aux côtés du Mpla (Mouvement populaire pour la libération de l'Angola). Un an plus tard, les Cubains s'invitent aux négociations qui s'ouvrent au Caire entre Angolais et Sud-Africains, sous les auspices américains, pour mettre fin au conflit. Des pourparlers qui aboutiront aussi à la libération de Nelson Mandela...» Peut-on lire sur le site Cubalatina. Comme il apportera un soutien inconditionnel à l'Algérie dans le conflit armé (guerre des Sables) qui l'a opposée au Maroc en 1963. A sa sortie de prison Nelson Mandela rendra visite au Lider Maximo au mois de juillet 1990 pour lui exprimer sa reconnaissance pour son soutien contre le régime de l'Apartheid. La voix de Fidel Castro ne cessera de retentir pour dénoncer l'hégémonisme américain, la mainmise sur les richesses des pays en voie de développement par le capitalisme mondial qui de surcroît accroît le poids de leurs dettes qui en plus de les vulnérabiliser et les appauvrir davantage les rend encore plus dépendants de ces nations qui se sont développées à leurs dépens. La tribune que lui offrira le Mouvement des non-alignés fera de lui le porte-voix des opprimés. La «Déclaration de La Havane» de 1979 s'est engagée à assurer «l'indépendance nationale, la souveraineté, l'intégrité territoriale et la sécurité des pays non-alignés dans leur lutte contre l'impérialisme, le colonialisme, le néocolonialisme, la ségrégation, le racisme, et toute forme d'agression étrangère, d'occupation, de domination, d'interférence ou d'hégémonie de la part de grandes puissances ou de blocs politiques». Elle résume à elle seule le destin exceptionnel de ce révolutionnaire, tribun hors du commun.