Marginalisées dans la préparation de la rencontre, les formations politiques entendent, toutefois, faire bonne figure. D'habitude plus enclins à étaler leurs divergences sur la scène publique, plusieurs partis politiques, à propos de la 17e session du Sommet de la Ligue arabe qui a débuté hier à Alger, affichent une certaine unanimité quant à l'importance de l'événement. Cependant, presque tous reprochent aux dirigeants arabes de «s'éloigner à dessein» des aspirations de leurs peuples respectifs au profit de leurs intérêts restreints. C'est là un point de vue que le Mouvement El Islah ne manque pas d'émettre. La formation de Djaballah n'espère pas grand-chose de cette rencontre qui oeuvre beaucoup plus, de l'avis d'Abdelghafour Saâdi, vice-président du MRN, à mettre à nu les dissensions entre les Etats que de porter les préoccupations réelles des sociétés arabes. «Il existe un fossé profond entre les populations et ce genre de sommets. La récente réunion des ministres des Affaires étrangères a confirmé le degré de cette mésentente», opine M.Saâdi qui cite, à cet effet, la lettre que certaines personnalités nationales ont envoyée, lundi 21 mars, au chefs d'Etat arabes, les sommant de prendre en compte les espoirs de leurs citoyens. Néanmoins, le numéro deux d'El Islah met un bémol à l'attitude que son parti affiche vis-à-vis des propositions de réformes de l'Algérie: «Elles (les propositions d'Alger) auront pour but de réactiver le rôle de la Ligue pour peu que ces pays fassent montre de volonté politique», souligne-t-il. L'autre formation islamiste, le Mouvement de la société pour la paix(MSP), fait, elle, de la question palestinienne et celle de l'opposition à la proposition de paix avec Israël soutenue par la Jordanie, son cheval de bataille. Ahmed Dane, son porte-parole du parti se veut, à ce sujet, sans nuances: «Nous rejetons catégoriquement la normalisation des relations avec l'Etat hébreu. Certainement pas en Algérie qui a été le théâtre de la déclaration de création de l'Etat de Palestine», a-t-il assuré sur un ton ferme. Idem, pour ce qui est de l'appel au retrait de l'armée américaine d'Irak. Le parti de Soltani estime qu'il faut faire pression sur les pays de la Ligue pour l'adoption de cette revendication parmi les résolutions finales. La présence à Alger du président irakien Ghazi El Yaouar, réputé proche des Etats-Unis, n'est pas pour faciliter l'aboutissement final de cette doléance. Le MSP continuera, toutefois, à prôner l'instauration d'un nouvel ordre politique arabe. Une vieille revendication initiée, il y quelques années, par le défunt Mahfoud Nahnah et remise au goût du jour par l'actuelle équipe dirigeante: «C'est un système basé sur la sincérité entre les régimes arabes et qui a pour principale vocation la conjugaison des efforts pour le développement de la nation arabe», explique M.Dane. Du côté des formations se revendiquant de la mouvance démocratique, l'on se montre moins critique et l'on joue, à fond, la carte des réformes démocratiques proposées par Alger. L'Union démocratique et libérale (UDR) estime que ce rendez-vous est un événement. «L'Algérie doit s'enorgueillir», relève Arezki Boumendil, le porte-parole de cette formation. Selon lui, le Sommet d'Alger revêt une importance particulière tant il «contribuera à démocratiser le fonctionnement de la Ligue». Et c'est, bien évidemment, au président de la République, souligne notre interlocuteur, qu'échoit le succès d'une telle occasion: «Cela prouve que l'Algérie a fait du chemin depuis 1999», constate-t-il. A Ahd 54, la formation de Fawzi Rebaïne, ex-candidat à l'élection présidentielle, l'on s'attend à ce que les chefs d'Etat s'en sortent avec des décisions «concrètes» qui reflètent les aspirations des peuples arabes. Le numéro deux du parti, M.Koumas, accrédite cette approche et dit «faire confiance» en la politique étrangère de l'Etat algérien sans pour autant afficher ses regrets quant à la mise à l'écart de la classe politique au cours de la préparation de la rencontre. Par ailleurs, pour le Mouvement démocratique et social (MDS), il ne saurait y avoir de changement démocratique sans l'implication directe des sociétés civiles. Les réformes que le gouvernement algérien a proposées vont, selon M.Téguia Yacine, dans le sens de la démocratisation du fonctionnement de l'instance arabe. Il appelle par là-même à étendre l'expérience algérienne en matière de démocratie aux autres pays arabes. Enfin, le Parti des travailleurs, dans un communiqué que son groupe parlementaire a envoyé hier à notre rédaction, interpelle les présidents arabes à inscrire dans leur agenda de travail la question - cruciale - du retour des réfugiés palestiniens à leurs terres pour espérer une solution globale et démocratique en Palestine.