La France soutient officiellement l'initiative arabe de paix avec Israël. Succès total pour les uns, peut mieux faire pour les autres, simple rencontre, affirment certains... Bref, chefs d'Etat arabes et autres personnalités politiques voire même, dans certains cas, des départements d'Etat, chacun y va de son propre commentaire quant aux résolutions de la 17e session du Sommet arabe qui s'est achevée jeudi 24 mars à Alger. Premier concerné, Amr Moussa. Dans une déclaration qu'il a donnée hier à la Radio égyptienne Sawt el Arabe, à partir de Marrakech (Maroc) - où il participe aux travaux de la conférence ministérielle préparatoire du Sommet des chefs d'Etat arabes et sud-américains - le secrétaire général de la Ligue arabe a estimé que les travaux et les résultats du 17e Sommet de l'organisation arabe ont été une «réussite», du fait de la position arabe rejetant la normalisation avec Israël sans contrepartie. La satisfaction de M.Moussa tire également son argument des résolutions portant réforme de l'action arabe commune à travers le développement de la Ligue arabe et le traitement de sa situation financière. Cela dit, ce dernier, sans les citer nommément, a fustigé les «voix critiquant l'action arabe commune», soulignant que «ces pratiques doivent cesser». Le président palestinien, pour qui la rencontre revêt une importance majeure tant elle permet de réactiver le plan de paix arabe élaboré à Beyrouth, vient, et il fallait bien s y attendre, en tête des chefs d'Etat pour qui la rencontre d'Alger fut une réussite. Dans une déclaration qu'il a faite à la presse jeudi à partir d'Amman, reprise par l'APS, Mahmoud Abbas a qualifié d'«excellents» les résultats du Sommet du moment qu'ils ont eu pour principal corollaire, le soutien politique et financier au peuple palestinien. Abou Mazen s'est également félicité de l'engagement du comité de suivi - mis en place lors de ce rendez-vous - pour la promotion auprès des pays du quartette, des Nations unies et des Etats-Unis, de l'initiative arabe. M.Abbas considère d'ailleurs que le rejet par le gouvernement israélien, constitue une «grande erreur» qui s'inscrit en porte-à-faux avec le plan de paix arabe lequel a «accordé beaucoup de choses à la partie israélienne». La France, pour sa part, tient un autre langage que celui des Israéliens, au même titre que les Américains qui ont, eux, adressé de virulentes critiques à l'adresse des pays arabes. Le gouvernement français entend ainsi marquer sa différence en soutenant officiellement l'initiative de paix arabe contractée à Beyrouth en 2002. «Nous considérons que les résultats du Sommet d'Alger sont encourageants», a commenté, hier, le porte-parole du Quai d'Orsay, Jean Batiste Mattéi, citant, à ce titre, le processus relatif à la réforme de l'instance arabe. Les résultats du Sommet sont également, aux yeux du Caire, une preuve de la «convergence des points de vue arabes sur les positions et actions en faveur des questions et des intérêts nationaux suprêmes de la nation arabe». Le président égyptien, dans une lettre adressée, à son départ, au président de la République, a mis en valeur les réformes structurelles de la Ligue adoptées dans la capitale algérienne: «Le Sommet d'Alger a dégagé une convergence autour de la nécessaire promotion du système d'action arabe», a-t-il indiqué, appelant au respect de l'initiative arabe de paix et celle aussi de la feuille de route «en tant qu'axe principal du processus de paix dans la région». Sur le même ton approbateur, le virevoltant président libyen Mouamar Kadhafi, a fait remarquer, jeudi à l'hôtel Sheraton à Alger, devant les étudiants, que, vu «les données actuelles et les décisions qui en ont écoulé», le Sommet d'Alger - auquel il a pris part - a été, selon lui, un succès. Le leader libyen a fait valoir, dans ce sens, qu'à l'ère de la mondialisation, il est nécessaire de se baser sur les ensembles pour éviter une disparition inévitable. En présence du président du Conseil de la nation et du ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, M.Kadhafi a plaidé, sur un autre registre, pour un Etat africain unifié dont la création reste, à ses yeux, possible puisque, ajoute-t-il, l'Afrique est un continent très riche. Même son de cloche du côté du président soudanais Omar Hassan El Bachir, qui a, lors de la séance de clôture, rendu un vibrant hommage à l'Algérie pour les résultats «positifs» obtenus à l'issue de cette rencontre et qui visent, selon lui, à renforcer l'action arabe commune. Le prince héritier d'El Bahreïn va dans le même sens que le président du Soudan. Dans une lettre qu'il a adressée au président algérien, Cheikh Salmane Ben Hamad Al Khalifa a indiqué que les décisions prises à Alger confirment «le souci et la détermination des pays arabes à oeuvrer ensemble pour la réalisation des attentes et des aspirations des peuples». La Mauritanie n'a pas été en reste de cette vague de contentements. Le président de ce pays qui entretient, depuis quelques années, des relations officielles avec l'Etat hébreu, a souhaité à son homologue Abdelaziz Bouteflika au cours de sa présidence du Sommet arabe, plein de succès, afin, dit-il, de servir les intérêts de la nation arabe. La Russie, par le biais du communiqué de son ministère des Affaires étrangères, «se félicite de la volonté exprimée par les dirigeants arabes à oeuvrer de concert avec la communauté internationale pour aboutir à une solution basée sur la légalité internationale aux problèmes entravant le développement au Moyen-Orient, notamment le conflit arabo-israélien et la situation en Syrie, au Liban, en Irak et au Soudan». Moscou note avec satisfaction «l'attachement des dirigeants réunis à Alger à l'initiative arabe de paix adoptée par le Sommet de Beyrouth en 2002».