Béjaïa souffre de ses responsables Zitouni est limogé. Il quitte Béjaïa presque comme il l'a trouvée. Dans l'incertitude des lendemains et le doute quant aux nombreux projets structurants. Ould Salah Zitouni n'est officiellement plus wali de Béjaïa depuis jeudi. Il est remplacé par Mohamed Hattab qui a été tour à tour, chef des daïras de Gouraya et d'El-Harrach entre 1991 et 1995 et Azzaba en 1997 puis secrétaire général de la wilaya de Sétif en 1999 et wali délégué d'El Harrach en 2005 avant d'occuper de nouveau le poste de secrétaire général de la wilaya d'Alger en 2010 puis wali de Sidi Bel Abbès en 2013. Trois ans après, il prend les commandes de la wilaya de Béjaïa. Il prendra ses fonctions probablement demain dimanche pour hériter d'une situation «cacophonique» léguée par son prédécesseur, Ould Salah Zitouni que certains vénèrent pour sa manière de gérer qui s'est singularisée par une confusion entre autorité et autoritarisme avec au bout beaucoup d'humiliation, à tort ou à raison des cadres. Hier encore, la Toile s'est enflammée par des commentaires partagés entre ceux qui regrettent et ceux qui saluent ce divorce. Dans les lieux publics le sujet a fait débat. Jamais un wali n'a marqué de son passage la région comme l'a fait Zitouni. Surnommé le «Bombardier», le désormais ex-wali s'est rapidement fait de nombreux adversaires, d'abord au sein de son administration, puis au niveau des élus, qui ont pour la majorité versé dans une sorte de «soumission», qui ne dit pas son nom. Avec son style à la limite de l'insolence, il a vite réussi à faire un grand vide autour de lui. Son administration s'est vidée de ses cadres, partis pour certains en retraite, congé de maladie et carrément démissionnaires. L'exécutif de Béjaïa est géré par intérim. Le climat électrique qu'il a instauré a rendu toutes les relations rigides, voire enflammées, y compris avec les élus et l'encadrement local qu'il descend en flammes pour un oui ou pour un non. Ces menaces de recours aux démolitions des constructions illicites lui auront valu un autre front et pas des moindres, s'agissant d'une wilaya ou tout est presque illicite. Les accusations de clanisme proférées contre les services de sécurité à Akbou devant la société civile et les investisseurs, les couacs avec les Chinois en charge du projet de la pénétrante autoroutière et enfin le menaces proférées contre les manifestations de rue auront fini par avoir raison de sa détermination, lui qui suscitait à la fois peur et espoir. Les malversations qu'on lui prête s'ajoutant à son état de santé ont fini par «achever», celui que beaucoup croyaient «intouchable». Zitouni est limogé. Il quitte Béjaïa presque comme il l'a trouvée. Dans l'incertitude des lendemains et le doute quant aux nombreux projets structurants. Le Centre hospitalo-universitaire, le dédoublement de la voie ferrée Béjaïa-Beni Mansour, le complexe pétrochimique, le tramway, le téléphérique reliant la plaine au fort de Gouraya, le dédoublement des Routes nationales, particulièrement la RN 9 et la RN 26 sujettes aux embouteillages monstres, les logements sociaux et des aides octroyées aux zones rurales, les projets de zones d'expansion touristique retenus pour la wilaya de Béjaïa, le doute sur les projets d'alimentation en gaz naturel (gaz de ville) dans les diverses communes de la wilaya de Béjaïa dont les travaux n'ont pas encore été entamés, autant de projets, dont la concrétisation échoit au nouveau chef de l'exécutif. Le lourd héritage, un véritable fardeau que devra porter le nouveau wali. Maintenant que l'application de la méthode dure a montré ses limites sur le terrain, quelle stratégie faut-il appliquer pour cette wilaya? La concertation et le concours de tous les partenaires? Le dialogue? Choisir un collectif de collaborateurs compétents, propres et honnêtes à même d'éviter d'être fourvoyé? Ce sont des pistes très sérieuses à explorer et qui peuvent susciter un cap d'autant plus que les pouvoirs publics s'apprêtent à réviser les Codes de wilaya et communal pour donner plus de prérogatives aux élus locaux, jusque-là limitées. La conjoncture exige des actions concertées pour le bien de la région, son développement et par ricochet, le cadre de vie de ses habitants. Mouvement partiel dans le corps des walis Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé à un mouvement partiel dans le corps des walis, a annoncé jeudi un communiqué de la présidence de la République dont voici le texte intégral. «Conformément aux dispositions de l'article 92, alinéa 10 de la Constitution, Son Excellence Monsieur Abdelaziz Bouteflika, président de la République, a procédé ce jour, à un mouvement partiel dans le corps des walis. A ce titre, sont nommés walis: - Monsieur Hattab Mohamed, wali de Béjaïa. - Monsieur Dziri Toufik, wali de Béchar. - Monsieur Hadjar Mohamed, wali de Skikda. - Monsieur Hachani Tahar, wali de Sidi Bel-Abbès.»