Dans un message de voeux, la conseillère d'Etat du Myanmar, Aung San Suu Kyi, a exprimé le souhait de voir son pays parvenir à une paix durable cette année, se disant confiante dans le succès des négociations avec les groupes ethniques armés. Le gouvernement birman a annoncé hier l'arrestation de plusieurs policiers après la diffusion d'une vidéo montrant des forces de l'ordre s'en prendre physiquement à des villageois de la communauté rohingya dans le nord-ouest du pays. Depuis octobre, 50 000 musulmans rohingyas ont fui une opération de l'armée birmane lancée en représailles de l'attaque de postes frontières dans cette région par des groupes d'hommes armés. Arrivés au Bangladesh, ces réfugiés ont décrit les exactions de l'armée birmane: viols collectifs, meurtres, tortures...Jusqu'ici le gouvernement avait toujours rejeté ces allégations et demandé à la communauté internationale de cesser de nourrir les «feux du ressentiment». Pour la première fois depuis le début des troubles en octobre, le gouvernement a ouvert hier une enquête. «Ceux qui ont été identifiés ont été arrêtés», ont déclaré les services d'Aung San Suu Kyi, conseillère spéciale pour l'Etat et de facto à la tête du gouvernement, dans un communiqué. Le gouvernement a nommément cité quatre officiers et notamment l'auteur de la vidéo où on voit des policiers frappant un jeune homme assis par terre mains sur la tête, aux côtés d'autres villageois. On voit ensuite trois officiers en uniforme battre à l'aide d'un bâton l'un des hommes au sol puis lui asséner des coups de pieds dans le visage. Depuis octobre, des dizaines de vidéos ont été diffusées sur les réseaux sociaux, mais la zone étant interdite d'accès aux médias notamment internationaux et les ONG, les informations sont très complexes à vérifier. «Malheureusement, la scène (de la vidéo) n'est pas unique ou isolée», estime Matthew Smith, directeur général de Fortify Rights, une ONG locale. «Il est important que le gouvernement ait reconnu la vidéo, mais reste à voir ce qui va se passer maintenant. L'impunité règne toujours en Etat Rakhine», déplore-t-il. Considérés comme des étrangers au Myanmar, pays à plus de 90% bouddhiste, les Rohingyas musulmans sont apatrides même si certains vivent dans le pays depuis des générations. Ils n'ont pas accès au marché du travail, aux écoles, aux hôpitaux et la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années a attisé l'hostilité à leur encontre. La semaine dernière, plus d'une douzaine de lauréats du prix Nobel de la paix ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies une intervention pour éviter cette «tragédie humaine, le nettoyage ethnique et les crimes contre l'humanité». Le commissaire aux droits de l'homme des Nations unies, Zeid Ra'ad Al Hussein, avait qualifié en décembre la réaction du gouvernement birman «d'irréfléchie, contre-productive et insensible». Le Premier ministre malaisien avait évoqué un «génocide» de la population musulmane rohingya et pressé Aung San Suu Kyi d'agir. Par ailleurs, dans un message de voeux, la conseillère d'Etat du Myanmar, Aung San Suu Kyi, a exprimé le souhait de voir son pays parvenir à une paix durable cette année, se disant confiante dans le succès des négociations avec les groupes ethniques armés, a rapporté hier l'agence de presse MNA. S'exprimant à l'ouverture du Centre national pour la paix et la réconciliation (Nrpc) dimanche à Naypyidaw, la capitale, Mme Suu Kyi a lancé: «Dans ce bâtiment, nous devrons relever le défi de ramener le pays sur le bon chemin, celui de la paix. Avec l'aide de notre peuple et de nos amis dans le monde entier, animés d'une sincère bienveillance pour notre pays, nous oeuvrerons à la réconciliation nationale et à la paix dans le pays». La fille du général Aung San, héros de l'indépendance de l'ex-Birmanie, a souligné qu'il était plus important de donner que de recevoir dans ce contexte, soulignant la nécessité de se montrer honnête et ouvert afin d'établir une confiance qu'elle juge cruciale pour parvenir à la paix. Quand on y repense, le pays n'a pas connu de paix réelle depuis son indépendance en 1948 en raison de la colère et de la cupidité, a-t-elle rappelé, en notant qu'on pourra y parvenir si ces deux maux sont éradiqués ou nettement atténués.