C'est définitif. Le diagnostic est irréversible. Pour toujours. Jusqu'à ce que Dieu hérite de cette terre «wa men ayha!», Donald Trump est tel qu'il a toujours été et il ne changera pas. Nombreux étaient ceux qui croyaient qu'entre le discours de campagne et celui de président, les mots, le style et les comportements allaient changer. Nombreux étaient ceux qui, hier encore, espéraient qu'il allait se ressaisir, qu'il allait se rendre compte où il est, qui il est et qu'il allait alors redresser ses agissements et ses paroles. Non, rien n'y fait ni ne fera! Depuis qu'il est élu, laissons de côté ce qui relève de la campagne, Donald Trump s'est fait plus d'opposants que le reste des présidents des Etats Unis réunis durant tous leurs mandats. D'abord, les services de renseignements qu'il a accusés de mille et un maux et, bien sûr, de trahison. Ensuite, les journalistes qu'il a qualifiés d'incapables de faire leur travail. Par la suite, il a insulté la chaîne qui a publié les informations sur la prétendue «sextape». D'une manière brutale, il a refusé la parole à un journaliste de cette chaine. Violemment, il s'en est pris aux Mexicains. Hier matin, il s'en est pris encore aux journalistes avant de s'en prendre au... peuple américain qui défile dans la rue pour l'avertir quant à sa manière de gouverner le pays. Comme toujours, il a envoyé un tweet pour narguer «les ennemis du jour». Dans un mauvais esprit et avec mauvais goût, il s'est demandé, certainement avec une lueur de contentement dans les yeux, d'avoir trouvé la formule «J'ai regardé les manifestations hier mais j'ai comme l'impression que nous venons d'avoir une élection! Pourquoi ces gens ne sont-ils pas allés voter?». La belle affaire. C'est comme s'il ne savait pas que ces gens-là avaient voté et que lui, Donald Trump, n'a pas été élu par les électeurs, mais grâce à un système électoral anormalement injuste et obsolète. En effet, lors du vote du 08 novembre, Trump n'avait obtenu que 62,2 millions de voix, alors que Clinton en avait obtenu 64,2 millions, un écart de plus de deux millions de voix, mais comme le système marche autrement qu'au nombre des voix des électeurs, il a bénéficié de ce système. En deux jours, rien qu'en deux jours, Trump, soutenu en cela par son équipe, a gesticulé pleinement. Il a essayé, maladroitement bien sûr, de panser la plaie qu'il a ouverte avec les services de renseignement en leur lançant «personne ne vous soutient comme moi» avant de leur jeter un «je vous aime!» faux, déplacé, répugnant et sournois. Ensuite, il s'est attaqué à la presse en lui reprochant de mentir sur le nombre de ceux qui étaient venus assister à son investiture, comme si c'était là le grand problème qui va changer quelque chose à l'incapacité de l'homme à se concentrer sur son nouveau job. Et, se trouvant dans son champ de prédilection qui est celui de la parole ininterrompue, Trump commença à expliquer, comme lui seul sait le faire, qu'étant donné que la foule couvrait toute la rue, et que lui les voyait, et que... et que... et donc il ne pouvait s'agir de... parce que... Dépêchée, son équipe a pris la relève aujourd'hui pour défendre son chef quitte à faire dans le même tricotage d'illusions inutiles. La presse en a eu pour son compte et tous ceux qui osent contredire Trump se trouveront désormais sur le banc des malhonnêtes. Telle est l'impression qui se dégage au vu de ces «faits alternatifs» qui se sont mis d'un coup à tout expliquer. Et dire que c'est Trump qui ne dit pas les choses comme il faut. C'est lui qui présente les choses autrement qu'elles sont. C'est lui qui fait dans le mensonge en l'appelant fait alternatif.