Les chauffeurs évoluent toujours comme au bon vieux temps. Snobisme, refus des destinations, recours aux courses au lieu du compteur A la place des Martyrs, comme à la place Audin (Alger-Centre) et à Brossette (Hussein-Dey), les chauffeurs de taxis sont rois. Les lois ne sont pas le moyen idéal pour faire changer des habitudes en Algérie. Ce jugement se confirme au lendemain de chaque nouvelle loi adoptée. La dernière loi sur laquelle colle parfaitement ce jugement, est celle relative à la réglementation de l'activité de chauffeur de taxi.. En dépit de l'enthousiasme qu'elle a suscité auprès des uns et des autres après sa publication au Journal officiel, il y a trois mois de cela, force est de constater que rien n'a changé depuis. Les chauffeurs évoluent toujours comme au bon vieux temps. Snobisme, refus des destinations, recours aux courses au lieu du compteur, tenue vestimentaire banale, négligence du physique, etc. C'est ce que nous avons constaté hier de visu lors de notre virée à travers certaines stations de taxis dans la capitale. A la place des Martyrs, comme à la place Audin(Alger-Centre) et Brossette (Hussein-Dey), les chauffeurs de taxis sont rois. Ils décident d'embarquer les clients quand ils le veulent et ils refusent aussi quand ils le veulent. Ils alternent le mode course et celui compteur à leur guise et en fonction des situations, sans éprouver la moindre gêne. «C'est ton problème, monsieur! Moi je ne travaille qu'avec les courses», a-t-on surpris un chauffeur à la place Audin en train de répondre à un passager qui contestait le prix de 800 DA qu'il lui a exigé pour l'emmener à El Biar. Stupéfait par la réponse du chauffeur, le monsieur en question recule et regagne sa place en attendant peut-être un autre chauffeur moins snob et moins gourmand qui passe. Quelques minutes plus tard, voici un autre taxi qui arrive, avec les mêmes réflexes, le monsieur se lèvera et criera «Taxi!...taxi!». «Voudriez-vous bien m'emmener à El Biar. S'il vous plaît, je suis pressé.» «Désolé monsieur, moi je me dirige vers la place du 1er mai», lui a répondu le chauffeur en remontant les vitres de sa voiture et en appuyant de nouveau sur le champignon. «Ils ont raison, personne ne les surveille», dira le client en regardant vers notre direction, tout en nous avouant que ces scènes ne sont rien devant ce qu'il lui arrive de voir chaque jour. «D'autres chauffeurs ne prennent même pas la peine de s'arrêter ou de regarder dans votre direction, et ce, qu'il vente ou qu'il pleuve.» D'autres, ajoute-t-il, en plus de leur impolitesse, dans la mesure où ils ne répondent même pas à vos salutations, vous exigent une fois arrivé à la destination, des tarifs autres que ceux qui s'affichent sur le compteur. Pour ceux qui osent contester ou demander des explications, ils répondent toujours, qu'ils n'ont pas eu le temps de régler les compteurs de leurs taxis selon les nouvelles tarifications décidées par les autorités.» A cela, il faut ajouter, poursuit notre vis- a-vis, l'absence totale de ces taxieurs à partir de 16h et lors des week-ends et des jours fériés. Or, un taxieur, se désole notre interlocuteur, doit travailler même la nuit si un client l'appelle. «Il est tenu au même titre qu'un médecin ou un pharmacien de répondre favorablement, DE venir en aide aux personnes en danger.» Un taxieur peut être à l'origine du sauvetage d'une vie comme il peut être à l'origine de la mort», a conclu ce passager qui nous laissa pour prendre enfin un taxi qui a accepté de le prendre à El Biar contre 600 DA. Il faut dire que les anomalies que notre interlocuteur a citées plus haut n'échappent pas aux autorités en charge du secteur du transport en Algérie. La nouvelle loi publiée a prévu des mesures pour remédier à toutes ces anomalies. Ainsi, il est prévu dans l'article 34 du texte de la nouvelle loi sur la régulation de l'activité du chauffeur, d'obliger les taxieurs à porter une tenue vestimentaire appropriée à l'exploitation du service de taxi: chemise, pull ou veste, pantalon, chaussures fermées, de se comporter gentiment et poliment avec les clients, d'afficher à bord de son véhicule les tarifs en vigueur et les respecter, déclencher le taximètre dès le début de la course pour un taxi individuel, en appliquant le tarif fixé, répondre à la demande des clients. Dans l'article 24 de la même loi, le taxieur ne doit pas refuser ou choisir des courses lorsqu'il est libre, faire usage des moyens audio et audiovisuels sans l'assentiment des clients, fumer à bord du véhicule». De plus, «Les voyants répétiteurs rouge et blanc faisant partie des dispositifs lumineux doivent être maintenus en état de fonctionnement et indiquer le tarif pratiqué. Tarif A: tarif de jour, voyants répétiteurs rouge et blanc allumés, Tarif B: tarif de nuit, voyant répétiteur rouge allumé». L'arrêté précise aussi que «la permanence devra être assurée de nuit et les jours fériés à proximité des infrastructures d'accueil et de traitement des voyageurs (aéroports, ports, gares routières et ferroviaires) et les établissements relevant du secteur sanitaire, conformément au programme arrêté par le directeur des transports de la wilaya».Pour les sociétés de taxis, «la permanence doit être assurée par au moins 20% du parc véhicules dont elle dispose», de même, ces sociétés sont tenues de disposer d'une aire de remisage pour l'entretien de leurs véhicules. Cette dernière sera «d'une surface de 5m2 par véhicule» et doit «respecter les règles d'hygiène et de sécurité» en vigueur. Cela sans oublier l'obligation faite aux taxieurs de se faire délivrer des certificats(général et psychologique) de façon régulière.