Les efforts du Groupe des pays voisins ne sont pas vains Une commission de 15 membres, choisis au sein du Parlement et du Haut Conseil d'Etat, dont la mission sera «de trouver les solutions aux questions en suspens et aboutir à une mouture consensuelle à soumettre au Parlement, conformément à l'accord de 2015» est adoptée. Depuis cinq ans, les Libyens vivent une situation dramatique, souffrant du rationnement, du manque de médicaments, du délestage énergétique et, plus grave, de l'insécurité permanente, quelle que soit la région où ils se trouvent. A tel point que la nostalgie des années tranquilles est devenue aussi palpable que leur rancoeur contre les fauteurs de troubles qui empêchent un retour à la paix. L'Algérie qui consent beaucoup d'efforts pour un dialogue inclusif entre toutes les parties au conflit n'a pas ignoré ces attentes et son aide matérielle a constitué un motif d'espoir pour de nombreuses populations de l'Ouest comme de l'Est et du Sud du pays. C'est donc avec un certain intérêt que la rencontre ayant rassemblé plusieurs dirigeants libyens dont le chef du gouvernement d'entente nationale, Fayez El Sarraj et le maréchal Khalifa Haftar, aura été suivie, hier au Caire, Elle a été sanctionnée par un accord qui fixe les conditions générales pour oeuvrer à la tenue d'élections présidentielle et Parlementaires en Libye en février 2018, selon le communiqué qui a sanctionné la réunion. Le fait que Salah Aguila, président du parlement basé à Tobrouk, ait pris part à la rencontre donne du crédit à la plus importante des décisions, celle de la création d'une commission composée de 15 membres, choisis au sein du Parlement et du Haut Conseil d'Etat, et dont la mission sera «de trouver les solutions à apporter aux questions en suspens et aboutir à une mouture consensuelle à soumettre au Parlement, conformément à l'accord de 2015, sous l'égide de l'ONU». C'est le plan pour lequel l'Algérie n'a pas ménagé ses efforts et il est heureux de constater que les dirigeants libyens sont parvenus, à l'issue d'une série de rencontres tenues dans plusieurs pays voisins dont l'Algérie, l'Egypte et la Tunisie, à un accord consacrant plusieurs constantes nationales «indéniables et immuables» dont la «préservation de l'unité de la Libye et de son intégrité territoriale», ainsi que les exigences «d'un Etat fort doté d'institutions solides, d'un peuple uni et d'une armée opérationnelle». Autant de principes, formulés très tôt par l'Algérie, auxquels se sont ralliés les puissances occidentales, la communauté internationale à travers la médiation conduite par l'ONU, le Groupe des pays voisins et le Haut Comité pour la Libye diligenté par l'Union africaine. Soyons clairs, rares étaient ceux qui donnaient un quelconque crédit à une réunion à laquelle Haftar opposait ses habituelles exigences et refusait, sans doute inspiré par ce qui s'est passé à Astana, un contact direct avec Fayez al Serraj. Une coquetterie peu caractéristique d'un militaire, à vrai dire. Les échos distillés par certains milieux, proches des arcanes égyptiennes, n'incitaient pas plus au moindre optimisme et de là à penser que la rencontre Al Serraj - Haftar annoncée avec tambour et trompette n'aura pas lieu, il n'y avait qu'un pas. Mais contre toute attente, les délégations ont été beaucoup plus nombreuses, et surtout unies, dans leur condamnation de «toute forme d'ingérence étrangère dans les affaires internes libyennes et l'effusion du sang des Libyens», avant de «s'engager à instaurer un Etat civil, démocratique et moderne, fondé sur les principes d'alternance pacifique au pouvoir, d'entente et d'acceptation de l'Autre, outre le rejet de toute forme de marginalisation et d'exclusion, la consolidation de la réconciliation nationale et la lutte contre l'extrémisme et le terrorisme». Au même moment, la diplomatie algérienne continuait sa démarche en recevant une importante délégation libyenne, représentant la coordination des forces de l'Ouest et du Sud, composée d'officiers de l'opération «El Bounian El Marsous» et du ministère libyen de la Défense, dont les succès à Syrte contre Daesh méritaient d'être salués. Même si l'expérience enseigne une forme de prudence en la matière, cet engagement des dirigeants libyens ouvre réellement la voie au traitement de certaines questions contenues dans l'accord politique du 27 décembre 2015 pour sortir le pays de la crise. Les propositions de la médiation onusienne prennent ainsi tout leur sens avec cette «révision de la composante et des prérogatives du Conseil présidentiel libyen du gouvernement d'union nationale sous la présidence d'Al Serradj, le poste de chef suprême de l'armée libyenne et ses prérogatives et l'élargissement de la qualité de membre du Haut Conseil de l'Etat, plus haute instance consultative dans le pays». Et les participants se prononcent, en outre, en faveur de l'organisation d'élections parlementaire et présidentielle en février 2018, au plus tard, en vertu de l'accord politique libyen parrainé par l'ONU.