Il y a quelques jours le réalisateur algérien Merzak Allouache a posté sur sa page Facebook, une déclaration dénonçant le piratage de son film «Les Terrasses» dont la copie vidéo a été postée sur YouTube depuis le 23 décembre 2016. Le réalisateur s'est dit contre le piratage. Mais en même temps il pense que c'est la seule possibilité de voir ce film en Algérie (hormis deux festivals...) pour l'instant. Visiblement content, il a affirmé que le film a déjà enregistré 50 000 vues. Il dénonce par la même occasion certains commentaires, certains rigolos, d'autres révélateurs de la maturité de certains, des insultes aussi... Alors il les partage. En attendant son passage dans les salles algériennes quand les salles existeront et qu'on y programmera autre chose que des «films» de commande qui ont perverti la cinématographie algérienne, Allouache se contente de YouTube et partage sur sa page Facebook carrément le film. Au lieu de combattre le piratage pour lequel il n'est pas armé, Allouache décide de doubler les pirates et faire la promotion de son film lui-même. Mais Merzak Allouache n'est pas le seul à souffrir du piratage. Dans un autre registre, les chiffres du piratage publiés en France donnent le tournis. Ainsi, les contenus audiovisuels sont regardés par 13 millions d'internautes, ce qui représente un manque à gagner de 1,35 milliard d'euros, selon une étude publiée jeudi 23 février. Selon cette étude, plus de 2 000 emplois directs et encore davantage d'emplois indirects. Cela pourrait rapporter 430 millions d'euros en recettes fiscales et sociales et générer 265 millions d'euros pour les ayants droit et le financement de la création, souligne l'étude. L'an dernier, 13 millions d'internautes français ont visionné des contenus vidéo de façon illégale, soit 27% des internautes, contre 30% en 2015, selon des chiffres de médiamétrie. Malgré les lois pénalisant le piratage, les téléchargements ont touché 8,4 millions d'utilisateurs, suivi du streaming (6,8 millions) alors que le «peer to peer» (partage entre utilisateurs) recule (4,1 millions). Au total, 2,5 milliards de contenus ont été visionnés illégalement, selon l'étude qui estime que les secteurs les plus lésés sont les DVD, la VOD et la TV payante. Ces 13 millions de pirates consomment 2,5 milliards de vidéos. C'est près de 200 vidéos par internaute. Plus de 4 millions d'internautes, les 35-49 ans sont les plus représentés parmi les pirates (32%). Viennent ensuite les 25-34 ans (23%), puis les 15-24 ans (18%) pour un âge moyen de 38 ans. Depuis la loi Hadopi, qui interdit le piratage, les choses ont évolué sur le plan technologique. De plus en plus de pirates utilisent les supports mobiles pour regarder leurs vidéos: 20% sur tablette et 15% sur smartphone. [email protected]