Des renforts pour les forces kurdes L'insistance de la Turquie pour participer à l'offensive sur Raqqa n'a toujours pas trouvé de réponse claire à Washington, alors que les FDS dénoncent une «force d'occupation qui ne peut être autorisée à occuper plus de territoire syrien». En annonçant le renforcement de leurs effectifs déployés en Syrie où 400 soldats ont été déployés aux côtés des 500 déjà engagés depuis 2016, les Etats-Unis préparent activement une offensive sur Raqqa, avant-dernier bastion de l'EI avec Deir Ezzor, non loin de la frontière irakienne. Cet engagement double intervient quelques jours après l'envoi de blindés et d'armement lourd aux alliés kurdes des YPG qui doivent constituer en première ligne la force de frappe contre Daesh. A Manbij, les officiers et les soldats américains ont d'ailleurs changé de tactique puisqu'à la discrétion de mise pendant de nombreux mois, ils opposent désormais une visibilité à la limite de la démonstration. Et ce n'est pas par hasard, car le message se veut fortement dissuasif après plusieurs affrontements entre les éléments de l'armée turque et ceux des YPG (Unités de protection du peuple). Ankara qui cherche coûte que coûte à empêcher l'émergence d'une entité kurde à ses frontières, soupçonne les Forces Démocratiques syriennes (FDS), dont font partie les YPG, de liens étroits avec le PKK, organisation que la Turquie considère comme terroriste. Or, pour les Etats-Unis qui veulent une mobilisation générale contre l'EI, dans la région, il n'est pas question de laisser Erdogan saper les efforts des alliés kurdes syriens, ces derniers ayant catégoriquement refusé l'engagement à leurs côtés de l'armée turque dans la bataille de Raqqa. Les mêmes conditions étant posées par la Turquie, on comprend le souci des Etats-Unis qui craignent un dérapage sur le front militaire, avec des conséquences imprévisibles dans le jeu des alliances où Ankara, membre de l'Otan et fidèle soutien de Washington dont les avions qui ont détruit l'Irak de Saddam Hussein partaient de la base aérienne d'Incilirk, pourrait basculer totalement dans le giron de la Russie. Evidemment, cette hypothèse est jugée hautement improbable, mais la nature même des enjeux à Manbij et, demain, à Raqaa, la rend de moins en moins aléatoire. L'administration Trump veut accélérer l'engagement américain contre l'EI et pour cela la cible de Raqa, dernier fief de l'organisation terroriste en Syrie, est devenue prioritaire. Depuis plusieurs semaines, la coalition arabo-kurde des FDS mène un encerclement progressif de la zone qui devrait s'achever dans une quinzaine de jours. Selon les déclarations des porte-paroles de la coalition internationale et des FDS, le siège de la ville elle-même pourrait débuter dans trois à quatre semaines, au plus tard. Et c'est dans cette perspective que des renforts en hommes et surtout en matériels de guerre ont été dépêchés par les Etats-Unis qui ont livré, outre les blindés évoqués, les pièces d'artillerie de 155 mm.Conformément au plan de lutte réclamé par le président Donald Trump, le Pentagone entend poursuivre à Raqa une stratégie identique à celle de Mossoul, laissant le soin aux Syriens de déblayer le terrain, alors que les officiers américains auraient surtout un rôle de conseillers. Sauf que la situation entre les différents protagonistes est devenue explosive, compte tenu du différend turco-kurde et du rôle, également très offensif, de l'armée syrienne légale, appuyée par ses alliés russe et iranien. L'insistance de la Turquie pour participer à l'offensive sur Raqqa n'a toujours pas trouvé de réponse claire à Washington, alors que les FDS dénoncent une «force d'occupation (qui) ne peut être autorisée à occuper plus de territoire syrien». La stratégie américaine dans le nord du pays n'est pas faite pour apaiser les tensions. Des affrontements ont opposé les troupes turques de l'opération «Bouclier de l'Euphrate» à celles des YPG, entre Manbij et Al Bab, plus précisément dans la localité de Arima. Cette tactique américaine de dissuasion suffira-t-elle à empêcher le conflit de dégénérer, rien n'est moins sûr. Qui plus est, l'EI chassé de Raqqa puis de Deir Ezzor, après avoir été vaincu à Mossoul, en Irak, va vraisemblablement se dissoudre dans les villes de l'Euphrate où il possède d'innombrables réseaux dormants. Ce qui nécessitera une guerre d'un autre genre, à l'heure où le Pentagone ne cache plus son ambition de «chasser l'Iran et ses affidés (c'est-à-dire le Hezbollah libanais)» de la Syrie, une fois libérée des griffes de Daesh. Washington est-il en train de dessiner les contours d'une nouvelle stratégie pour ce pays? Pas sûr, car même avec les «renforts» de 400 hommes, il s'agit d'une force plus symbolique qu'efficiente, de surcroît temporaire et confinée pour l'essentiel dans un rôle de rempart entre les ambitions d'Ankara et celles des YPG-FDS. Un rôle qui prendra fin avec la victoire sur l'EI et qui laissera aux prises tous les antagonismes sur le terrain, dont on peut d'ores et déjà se demander quelles tragédies nouvelles ils vont engendrer, après la fin de mission de la coalition internationale et de son chef de file américain... Des centaines de frappes russes contre l'EI en une semaine Les avions de guerre russes ont lancé 452 frappes contre les terroristes de l'organisation autoproclamée «Etat islamique» (Daech/EI) en Syrie la semaine dernière, alors que les troupes gouvernementales continuent d'avancer dans le nord et l'est de ce pays en guerre, a annoncé hier l'armée russe.» Plus de 600 combattants, 16 véhicules d'infanterie, 41 camions pick-up munis de mitrailleuses de gros calibre et plus de 30 autres véhicules ont été éliminés», a déclaré le général Sergueï Roudskoï de l'état-major russe, lors d'une conférence de presse. Les troupes syriennes avaient libéré 92 localités prises par les terroristes sur une zone de 479 km2 dans l'est de la province d'Alep (Nord-Ouest) ces sept derniers jours, atteignant les rives de l'Euphrate pour la première fois en quatre ans. Après avoir pris le contrôle de la ville de Palmyre, les troupes du gouvernement syrien ont poursuivi leur offensive vers l'est de la ville, prenant le contrôle des hauteurs dominantes et élargissant la zone de sécurité au Nord et au Sud, a indiqué le général Roudskoï. Les démineurs russes et syriens ont commencé une opération de déminage sur les monuments historiques d'Alep, a-t-il ajouté.