Mme Ania Benyoussef préside, depuis hier à 11h, dans la salle n°5 du Palais de justice d'Alger, l'affaire dite «Bachir Frik et consorts». Incarcéré depuis le 16 janvier 2001, il a toujours clamé son innocence, précisant qu'il a été victime d'une cabale montée de toutes pièces. Le 17 janvier 2001, nous écrivions dans nos colonnes qu'il pourrait servir de simple bouc émissaire dans une campagne tout juste bonne à amuser la galerie. Les faits nous ont donné raison puisque depuis son incarcération décidée par le parquet d'Alger suite à une instruction de la Cour suprême, son procès a été moult fois reporté. Sa défense, lors de sa dernière comparution d'Alger le 20 avril 2004, avait soulevé des vices de forme dans la procédure comme l'absence d'une expertise pouvant fixer les préjudices supposés causés au patrimoine public par sa gestion. Me Aït Larbi était étonné en apprenant qu'après 3 ans de détention, aucun expert n'a été mandaté pour éplucher la gestion de cet ancien wali. La cour avait prononcé le renvoi de l'affaire pour un délai de 20 jours mais le procès ne s'est pas pour autant déroulé. Il serait intéressant de revenir à la conjoncture politique de l'époque pour tenter de comprendre dans quel contexte étaient intervenus les faits. Quelques jours avant son incarcération, l'ancien chef du gouvernement, Ali Benflis en présentant son programme de politique générale devant les députés avait haussé le ton en menaçant les cadres et les élus de poursuites judiciaires en cas de malversation. C'était le coup d'envoi à une campagne de harcèlement qui avait touché plusieurs cadres de l'Etat jetés en pâture à la vindicte populaire, via des fuites d'informations organisées en direction de la presse. Mais le jour où il (l'ex-chef du gouvernement) entame une visite dans la région de l'Oranie, l'ancien wali d'Oran tombe. Simple hasard du calendrier ou manoeuvre politique réfléchie, allez savoir. A l'époque, la justice s'est retrouvée destinataire de 55 dossiers relatifs à cette affaire. Après les premières auditions, 51 non-lieu furent prononcés. Ce fait n'a pas échappé à la défense et à la famille Frik qui y a vu une preuve d'un acharnement de certains cercles alors dans l'administration et dans le pouvoir. «La marge d'erreur aurait peut-être touché un ou deux dossiers mais pas la totalité, puisque même ceux qui ont été reconnus coupables (3) de faits répréhensibles ont bénéficié de la liberté provisoire sauf l'ancien wali». Pourquoi s'interroge encore sa famille qui crie et continue de clamer son innocence. Des proches de l'ancien wali diront que durant son passage à la tête de la wilaya d'Oran il avait réalisé, dans le cadre d'un programme d'urgence, environ 8000 logements destinés aux couches défavorisées. Après sa mutation, il avait laissé à son successeur environ 250 logements reliquat de son propre quota et dont les bénéficiaires restent inconnus. Ses proches affirment que son statut de fils de chahid lui a valu toute cette cabale. «C'est un commis de l'Etat qui n'a jamais failli à son devoir. Quand il était en poste à Jijel, il avait échappé à deux attentats terroristes mais cela ne l'avait pas poussé à jeter l'éponge» dira un de ses proches qui soutient pour appuyer cette thèse que 2 autres fils de chahid figurent dans le lot des accusés qui comparaîtront aujourd'hui avec Frik Bachir. Il convient de rappeler, qu'il est reproché à l'ancien, la dilapidation du foncier agricole et urbain à Oran, mais les dernières enquêtes ont prouvé que la dilapidation a commencé après sa mutation. «Ce n'est donc pas lui l'auteur du détournement » précisera un membre de son collectif de défense.