Travail titanesque des éléments de l'ANP aux frontières La chaîne d'approvisionnement en armes cassée, les réseaux de soutien détricotés et le socle idéologique extirpé de sa couverture politique. En 2017, il n'y a plus que des desperados qui croient encore au djihad. Les derniers bilans chiffrés fournis par le ministère de la Défense nationale dans le cadre de la lutte contre le terrorisme sont instructifs à plus d'un titre sur la situation des résidus des maquis islamistes en Algérie. Le premier élément contenu dans le bilan de ce mois de février, concerne ces terroristes capturés vivants. Pas un seul, pas deux, pas trois, mais neuf criminels capturés. Ce qui était pratiquement inimaginable au milieu des années 1990 quand les islamistes armés essaimaient les maquis. Il était très rare qu'un terroriste se rende au cours d'une «bataille». A plusieurs reprises, des islamistes encerclés par les services de sécurité en ville ou dans les maquis, se faisaient exploser ou tuer, mais ne baissaient jamais les armes pour se faire capturer comme des lapins. C'est le premier grand virage dans la lutte contre le terrorisme en cette année 2017. Les islamistes armés ne combattent plus pour un idéal idéologique. En d'autres termes, nous ne sommes plus dans le cas d'un terrorisme d'inspiration religieuse qui voulait accélérer l'Histoire, transformer la société par la force du glaive et lever les derniers obstacles pour l'avènement d'un Etat théocratique. Pure affabulation, les terroristes au maquis, en Algérie, sont plutôt mus par l'avènement d'une fortune rapide, le racket et amasser le maximum de rançons. Des brigands, des islamistes de cordes et de sacs, du grand banditisme avec une couverture islamiste. Le second enseignement contenu dans ce bilan est le nombre d'années de pratique terroriste. La plupart de ces terroristes abattus ou capturés avaient rejoint le maquis au milieu des années 1990. Donc leur accointance avec l'organisation Daesh a été tardive et des spécialistes dans les questions sécuritaires évoquent déjà une rivalité féroce sur la «légitimité historique» née entre ces islamistes vétérans et les jeunots embrigadés de Daesh. C'est en tout cas une cassure qui explique, entre autres, les difficultés pour Daesh de s'implanter durablement dans les maquis algériens. L'âge des terroristes abattus dépasse la trentaine. Ils ont tous rejoint le maquis au milieu des années 1990. Il n'y a pas de renouvellement d'effectifs, sinon très peu. On n'est plus à l'époque où des milliers de terroristes armés écumaient les maquis allant jusqu'à accrocher des convois de l'ANP. Enfin, le troisième enseignement, et qui n'est pas des moindres, contenu dans ce bilan, est la qualité des armes retrouvées chez les terroristes. Ce sont les communiqués du MDN qui donnent un aperçu des armes saisies: des fusils de chasse, quelques Kalachnikov, sans plus. Un pareil armement nous ramène au tout début des années de la lutte contre le terrorisme, quand les islamistes rackettaient les citoyens pour leur prendre leurs fusils de chasse. C'est en tout cas un élément de taille qui fait remarquer l'assèchement des réseaux d'approvisionnement en armes. On en déduit que les arsenaux de guerre provenant de la Libye et du Mali n'arrivent plus au Nord. La chaîne d'approvisionnement a été cassée. Les réseaux d'approvisionnement sont coupés. Les terroristes ne sont donc plus dans une logique d'attaque, mais de survie. Ce qui constitue un élément d'analyse très important de la situation sécuritaire en Algérie au moment où les pays voisins redoutent au plus haut point un reflux terroriste de la Libye, de la Syrie. L'on comprend maintenant le travail titanesque abattu par les éléments de l'ANP aux frontières où il n'y a pas un jour qui passe sans que l'on nous annonce la saisie d'un arsenal de guerre. Cela signifie également que le bouclage des frontières a donné des résultats probants sur le terrain des opérations. Il y a eu plusieurs tentatives d'infiltration des éléments Daesh par la frontière ouest tunisienne où l'armée a accroché à plusieurs reprises ces groupes terroristes. La colonne vertébrale brisée, les réseaux de soutien détricotés et le socle idéologique extirpé de sa couverture politique, l'islamisme armé n'a plus pignon sur rue en Algérie. Après vingt ans de lutte, les services de sécurité algériens ont gagné la bataille. En 2017, il n'y a plus en Algérie que des desperados qui croient encore au djihad.