Le terroriste abattu Tout en se préparant à une défaite annoncée qui verra ses forces connaître le même sort que celui d'Al Qaïda, Daesh a opté pour une autre stratégie de la terreur. En revendiquant la responsabilité de l'attentat de Londres via son agence de communication, Daesh a explicitement sonné la fin d'une stratégie qui l'a vu épargner certains «sanctuaires» qui ont servi pendant des décennies de terre d'asile pour les adeptes les plus en vue du radicalisme islamiste. Pris en étau à Mossoul, son bastion irakien, et menacé par une offensive imminente à Raqqa, son second fief en Syrie, l'organisation autoproclamée Etat islamique sait que ses jours sont comptés. Aussi a-t-elle pris les devants en programmant une dissémination de ses forces dans les «maquis» urbains des pays précités et dans d'autres contrées où elle dispose d'importants réseaux plus ou moins dormants comme La Libye et d'autres pays du Sahel. Tout en se préparant à une défaite annoncée qui verra ses forces connaître le même sort que celui d'Al Qaïda, Daesh a opté pour une autre stratégie de la terreur, mettant en oeuvre un nouveau plan dans son agenda terroriste. En s'en prenant directement aux pays membres de la coalition internationale qui bombarde sans relâche ses positions en Syrie et en Irak, l'EI montre qu'il est toujours capable de sanctionner ses principaux ennemis, d'une part, et que sa capacité de nuisance n'est en rien amoindrie, d'autre part. Pendant des mois, ses attaques ont ciblé surtout la France, la Belgique et la Turquie mais, désormais, la Grande-Bretagne se découvre sur la liste des objectifs immédiats. Le laxisme qui a permis pendant des années aux adeptes de l'extrémisme de proliférer dans la capitale britannique, haut lieu des anathèmes contre les pays arabes dont l'Algérie lorsque les communiqués du GIA partaient en toute impunité de Trafalgar square, a son retour de manivelle. L'étrange mansuétude dont ont bénéficié Fateh al Cham et d'autres factions extrémistes, tous alliés de Daesh en Syrie, a le goût du soufre sur les mains des apprentis sorciers tels qu'un ex-ministre français des Affaires étrangères qui tressait des lauriers à Jabhet al Nosra, branche d'Al Qaïda en Syrie, sous prétexte qu'elle contribuait à saper le régime du président Bachar al Assad! «Elle fait du bon travail» avait-il proclamé, à l'instar de son compatriote BHL quand l'Otan outrepassait le mandat de l'ONU pour exploser la Libye d'Al Gueddafi, aujourd'hui en butte aux forces du salafisme ouvertement ou subrepticement encouragées par Al Qaïda et Daesh. L'expérience libyenne est, à cet égard, très instructive. L'EI a certes été vaincu à Syrte par les milices, islamistes cela va sans dire, de Misrata mais ses éléments se sont repliés dans le sud du pays, notamment à Derna, tout en lançant des incursions avec d'autres groupes (voir en page 16). Ceci pour dire que Daesh a plus d'un tour dans son sac, même si l'expression est quelque peu triviale par rapport aux résultats sanglants de ses attaques. La raison en est simple, ses sources de financement - et là, il ne s'agit pas uniquement des recettes pétrolières engrangées avec l'occupation de Mossoul et de ses champs pétroliers - sont loin d'être taries, bien au contraire. Ses puissants mécènes, dont les pays activent joyeusement au sein de la coalition internationale qui bombarde à l'aveuglette les écoles et les mosquées en Syrie, gardent toujours pignon sur rue, de sorte qu'après Daesh et Al qaïda, rien ne dit qu'ils ne nous serviront pas sur un plateau une nouvelle société du crime dont les principales victimes seront, bien sûr, les peuples arabes du Moyen-Orient et du Maghreb. Pour l'heure, la police britannique poursuit ses investigations, avec deux nouvelles arrestations liés à l'attentat de mercredi à Londres, faisant quatre morts et plusieurs dizaines de blessés, certains dans un état grave.L'enquête autour de Khalid Masood, auteur de cette attaque la plus meurtrière en douze ans, risque d'être longue. L'homme, né Adrian Russel Ajoo, est âgé de 52 ans, chose qui tranche avec les recrues habituelles de l'EI, et surtout il est né le jour de Noël, en 1964, dans le Kent. Avec la chaude alerte qui a vu une tentative d'attaque terroriste à Orly, heureusement neutralisée, ainsi qu'à Anvers, en Belgique, où un résident tunisien à Lille (France) a voulu frapper avec une voiture bélier les paisibles passants, sur une artère fréquentée de la ville flamande, point n'est besoin d'être grand clerc pour relever que la menace est encore présente, sinon prégnante même si Daesh est acculée sur les fronts syrien et irakien, à la fois par l'armée syrienne et son allié russe et par la coalition arabo-kurde, à large dominante arabe, appuyée par la coalition internationale dont les Etats-Unis sont la locomotive. Plus inquiétant, on doit appréhender le risque d'une recrudescence des attaques et des attentats kamikazes, au cours des prochaines semaines, peut-être des prochains jours, car il semble bien que Daesh n'a plus d'autre choix que celui de riposter au coup par coup. Bouteflika condamne «énergiquement l'odieux attentat» de Londres Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a condamné jeudi «énergiquement l'odieux attentat» survenu mercredi dernier, à Londres et qui a fait plusieurs morts et blessés. «C'est avec une grande émotion et une profonde indignation que j'ai appris l'odieux attentat survenu à Londres, endeuillant votre pays, en faisant plusieurs morts et blessés», a écrit le Président Bouteflika dans un message adressé à la Première ministre britannique, Theresa May. «En cette douloureuse circonstance, je voudrais vous exprimer, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, nos plus sincères condoléances à vous-même, au peuple britannique ami et aux familles des victimes, et vous assurer de ma solidarité et de ma compassion», a assuré le chef de l'Etat. «L'Algérie condamne énergiquement cet acte barbare dont l'objectif est de semer la mort et la désolation, mais aussi de provoquer une fracture civilisationnelle à travers le monde et à l'intérieur des pays. Aussi, appelle-t-elle à une réponse globale et concertée, sous l'égide des Nations unies, face au terrorisme, fléau qui menace gravement l'ensemble de la communauté internationale».