La Syrie a quasiment achevé dimanche le démantèlement de ses installations militaires et le rapatriement de ses troupes du Liban. La Syrie, sommée par la résolution 1559 du Conseil de sécurité, de septembre 2004, de retirer ses troupes du Liban, a quasiment achevé son désengagement, avant la date butoir du 30 avril annoncée à la fin du mois de mars par le président syrien Bachar Al Assad et l'arrivée, hier à Beyrouth, des équipes onusiennes chargées de vérifier le désengagement syrien, d'une part, préparer le terrain à la commission de l'ONU mandatée pour enquêter sur l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri, d'autre part. Cette accélération de la procédure du retrait syrien intervient aussi quelques jours avant la remise aujourd'hui au Conseil de sécurité, par le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, du rapport sur la situation induite au Liban par la mise en application de la résolution 1559 de l'ONU. Dans une dépêche datée d'hier, l'agence libanaise, Ani, avait indiqué que «les forces syriennes ont terminé la sixième et dernière étape de leur retrait du Liban, conformément à l'accord (de paix interlibanais) de Taëf et au calendrier établi par la commission militaire libano-syrienne». Et l'agence libanaise d'ajouter «de nombreux convois, certains formés de plus de 400 véhicules militaires, dont des chars, des canons et des transports de troupes, ont franchi (dans l'après-midi de dimanche) le poste-frontière de Masnaâ et il ne reste plus qu'un nombre restreint de militaires syriens pour participer à la cérémonie prévue en leur honneur mardi (aujourd'hui) à la base aérienne de Rayak» dans la plaine orientale de la Bekaâ. Ainsi, la Syrie met un terme à une présence militaire et sécuritaire de 29 ans au Liban, commencée au lendemain de la guerre civile libanaise en 1975, à l'appel des autorités libanaises de l'époque et aussi, faut-il le souligner, à la sollicitation de la communauté internationale, à sa tête les Etats-Unis, qui a demandé à Damas d'intervenir pour «protéger» les minorités ethniques au Liban. Le retrait définitif des troupes syriennes stationnées au Liban tourne ainsi une page assez tumultueuse des relations syro-libanaises, et en ouvre une nouvelle pour des relations dépassionnées entre deux pays liés par des liens sociaux et historiques qui plongent leurs racines loin dans le passé commun des peuples syrien et libanais. Pour l'immédiat, une équipe de l'ONU arrive aujourd'hui à Damas pour, d'une part, vérifier l'authenticité du retrait syrien, d'autre part, pour avoir des entretiens avec les responsables syriens. Le retrait syrien, réclamé par une résolution du Conseil de sécurité en septembre 2004, rappelle-t-on, a été singulièrement précipité par l'assassinat, le 14 février dernier, de l'ancien Premier ministre Rafik Hariri, assassinat qui souleva la colère des Libanais, et particulièrement de l'opposition libanaise, laquelle aidée par la communauté internationale, a mis depuis la pression sur Damas, la contraignant au final à mettre à exécution la résolution 1559. Aussi, l'achèvement du retrait militaire syrien du Liban ouvre de nouvelles perspectives dans un pays encore traumatisé par les séquelles de la guerre civile et recherchant sa propre voie vers le développement. De fait, la décantation commence à se faire au pays des Cèdres, où des responsables des services de sécurité, les plus impliqués avec la Syrie, soit qu'ils se sont mis à la disposition du nouveau Premier ministre libanais, Nagib Miqati, soit qu'ils ont carrément démissionné, à l'instar du puissant patron de la Sûreté intérieure libanaise, le général Jamil As-Sayyed, que d'aucuns voyaient comme l'homme lige des services syriens, qui a annoncé hier sa démission, après s'être mis, vendredi, à la disposition du Premier ministre. M.As-Sayyed, a ainsi annoncé hier dans un communiqué: «J'ai demandé à être relevé de mes fonctions et que ma démission soit acceptée», l'officier libanais expliquant son désistement par «les changements importants (intervenus) dans la politique» du Liban. Au même titre que le général Jamil As-Sayyed, le chef des Forces de sécurité intérieure, le général Ali Hajj avait présenté (vendredi également) au Premier ministre Najib Miqati sa mise «à sa disposition du début à la fin des travaux de la commission d'enquête de l'ONU», sur l'assassinat de Hariri. De fait, le départ de six chefs des services de sécurité libanais, et du procureur général Adnane Addoun, était l'une des exigences de l'opposition qui estime que ces personnalités s'étaient trop compromises avec la Syrie. Ces démissions en cascade de responsables sécuritaires libanais connotées à l'achèvement du retrait des troupes syriennes doit mettre le nouveau gouvernement libanais de Nagib Miqati dans les meilleures conditions pour organiser, d'ici à la fin mai, des élections législatives loyales et transparentes telles que réclamées par l'opposition.