Combats autour d'Alep Donald Trump n'avait pas fait mystère de ses intentions de changer la tactique suivie par l'armée américaine depuis plusieurs années, et d'une certaine manière il est en train de tenir parole. C'est un couac attendu depuis l'élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis mais qui n'en constitue pas moins une douche froide pour les pays de la coalition internationale qui ont oeuvré, pendant plus de six ans, à faire tomber le président Bachar al Assad, non sans avoir préalablement disloqué le pays. Washington qui appelait tout au long du mandat de Barack Obama à «chasser» al Assad du pouvoir a choisi désormais une autre approche. C'est ce qu'a confirmé voici quarante-huit heures la nouvelle administration américaine qui estime que le sort du chef de l'Etat syrien n'est plus une priorité. Jeudi dernier, le secrétaire d'Etat Rex Tillerson a affirmé en Turquie que le rôle de Bachar al Assad «sera décidé par le peuple syrien». «Il faut choisir ses batailles (...), il faut changer nos priorités, et notre priorité n'est plus de rester assis là, à nous concentrer sur faire partir Assad», a en outre indiqué l'ambassadrice américaine à l'ONU, Nikki Haley. Ce faisant, les Etats-Unis font voler en éclats la position intransigeante jusque-là affirmée par la France, la Grande-Bretagne et, à un degré moindre, l'Allemagne, même si leur nouvelle option est exprimée en langage fort diplomatique. Fini donc la fixation sur la personne du président syrien, et place à une approche autrement plus réaliste des enjeux sur le terrain, radicalement transformés par l'intervention de la Russie en septembre 2015. On se souvient que l'administration Obama avait pris des mesures allant des sanctions économiques contre plusieurs responsables du gouvernement syrien jusqu'à un soutien affiché aux groupes dits de l'opposition dont certains avaient pourtant des positions extrémistes manifestes. Secrètement, Paris et Londres espéraient un engagement des Etats-Unis allant jusqu'au bombardement des infrastructures et des forces armées du régime syrien, pour «soutenir» la rébellion y compris dans sa composante terroriste mais on se souvient que Barack Obama y a renoncé à la dernière minute, durant l'été 2013, préférant s'engager dans une offensive contre le groupe auto proclamé Etat islamique. Au plus fort de l'intervention militaire russe en Syrie, sollicitée par le gouvernement du président Bachar al Assad, Washington va même opter pour une entente cordiale avec Moscou dans le but d'imposer des trêves qui voleront sans cesse en éclats, notamment tout au long de l'année 2016 qui verra l'armée syrienne, appuyée par l'aviation russe et par les combattants iraniens et du Hezbollah libanais, reprendre le contrôle de plusieurs bastions dont la seconde ville du pays, Alep. Les Etats-Unis qui soutiennent activement la coalition arabo-kurde des Forces démocratiques syriennes (FDS) en diverses zones de combat, comme le barrage stratégique de Tabqa, aux environs de Raqqa, bastion de Daesh en Syrie, ont envoyé, fin de 2015, des forces spéciales américaines pour conseiller et entraîner les forces locales en guerre contre le groupe EI. Au total, ils avouent 800 à 900 militaires américains aujourd'hui déployés dans le nord du pays pour aider les combattants des FDS.. Donald Trump n'avait pas fait mystère de ses intentions de changer la tactique suivie par l'armée américaine depuis plusieurs années, et d'une certaine manière il est en train de tenir parole. En se consacrant d'abord et surtout à la lutte contre les groupes terroristes, à commencer par Daesh qui est la faction la plus menaçante et la plus radicale, l'administration Trump montre qu'elle est prête à aborder sereinement la phase de redistribution des cartes entre le régime du président Bachar al Assad et les représentants de l'opposition présents à Astana et à Genève. Du coup, la France, qui a longtemps exigé farouchement que Bachar al Assad parte avant qu'une transition politique ne soit engagée en Syrie, a finalement mis de l'eau dans son vin. «Si certains veulent à tout prix qu'on place le débat sur: 'Est-ce que l'on garde Assad ou est-ce que l'on ne garde pas Assad'', ce n'est pas comme cela que la question se pose. La question est celle de savoir si la communauté internationale respecte ses propres engagements», a estimé le MAE français Jean-Marc Ayrault, en arrivant à une réunion de l'Otan à Bruxelles. Dans un tel contexte, le groupe Etat islamique (EI) a revendiqué hier, le double attentat commis à la mi-mars contre un tribunal et un restaurant de Damas qui avait coûté la vie à une trentaine de personnes. Dans son dernier numéro publié jeudi soir, Al-Nabaa, l'hebdomadaire officiel de l'organisation jihadiste, cite une source de sécurité affirmant que le premier kamikaze a pénétré dans l'un des tribunaux de la capitale syrienne et ouvert le feu avant de se faire exploser.Au moins 32 personnes ont été tuées et 100 blessées dans l'attaque contre le tribunal, et 25 autres ont été blessées dans celle du restaurant, selon la police.