Le candidat qui a surpris tout le monde Quel choix reste-t-il donc au lectorat indécis, sinon la version clonée de François Hollande, c'est Fillon qui l'affirme, ou la Walkyrie du Front national? Décidément, les Français sont à plaindre. Du moins, une bonne moitié d'entre eux, c'est-à-dire tous ceux-là et toutes celles qui sont encore indécis et ne savent guère quel butin glisser dans l'urne le jour du premier tour de la présidentielle. Est-ce vraiment parce que les candidats ont des programmes tous aussi alléchants les uns que les autres? hélas, non. Le climat est davantage marqué par une défiance absolue à l'égard des hommes et des femmes politiques qui parlent de choses pendant qu'ils en font d'autres. Le feuilleton Fillon a beaucoup contribué à consolider cet a priori, de sorte que les électeurs sont désormais concentrés davantage sur les personnes que sur leurs programmes. Sans vraiment y trouver leur compte. Le retrait contraint de François Hollande a ouvert la voie royale à Emmanuel Macron, son ministre de l'Economie pendant que le Parti socialiste préparait une primaire au cours de laquelle Manuel Valls, Premier ministre démissionnaire, croyait s'offrir une promenade. Patatras. Tel est pris qui croyait prendre, et de la primaire a jailli un frondeur invétéré, Benoît Hamon, en rupture de ban avec les dogmes de sa famille politique. Valls a cuvé sa défaite cinglante pour rompre ensuite, avec fracas pense-t-il, et apporter sa dot à Emmanuel Macron, plus ou moins gêné aux entournures par ce ralliement aux relents de traîtrise exemplaire. Mais la traîtrise est un plat qui se mange froid, beaucoup d'autres animateurs politiques vous le diront. Hollande qui a gardé un silence de sphinx sur sa préférence socialiste ne peut cacher le regard de Chimène qu'il a sans cesse pour son ancien ministre nourri aux galettes sirupeuses de la Banque Rothschild. Résultat des courses, les trois frères Valls, Hamon et Macron consentent des efforts inouïs pour se torpiller réciproquement. Que vouliez-vous qu'il arrivât? Jean-Luc Mélenchon s'éleva. Au point que le candidat de la France insoumise est en train de talonner celui de la France bien- pensante. C'est du moins l'avis des sondages et les sondages, on le sait depuis des lustres, ne mentent presque jamais.Mélenchon se rapproche ainsi du représentant de la droite et du centre, dangereusement est-il souligné dans un des sondages évoqués, alors que la campagne de Benoît Hamon est en train de retomber comme un soufflé mal engagé. Quel choix reste-t-il donc au lectorat indécis, sinon la version clonée de François Hollande, c'est Fillon qui l'affirme, ou la Walkyrie du Front national? Apparemment, difficile de savoir quel va être le choix ultime des millions d'électeurs et électrices au sein de l'isoloir, tant la campagne de cette élection présidentielle aura été surprenante en tous points, affligeante parfois, et surtout porteuse d'un vent de noir pessimisme pour les cinq années futures. Une bonne nouvelle dans cette ambiance morose, l'ancien chef de la sécurité de Manuel Valls a rejoint, avec armes et bagages, c'est-à-dire les six fonctionnaires de son équipe de gendarmes, le candidat Emmanuel Macron qui n'aura plus de souci à se faire, au moins sur ce plan-là. Et pendant ce temps-là, François Fillon s'est donné «vingt jours» pour «casser la baraque et stupéfier le système». Il aura du pain sur la planche, surtout auprès des Français de l'étranger qui, majoritairement, ont opté pour Macron, porté par le maire de Lyon, Gérard Collomb, défenseur du consensus et de l'a-sectarisme. Et sa stratégie revue et corrigée qui consiste à taper avec rage sur le «clone» de l'hôte actuel de l'Elysée, baptisé Emmanuel Hollande, risque fort de servir, bien plus que d'affaiblir, le candidat d'En Marche dont tout indique qu'il a pris quelques longueurs d'avance sur tous ses rivaux.