Depuis (notamment) les attentats du 11 septembre 2001, le monde occidental a commencé une guerre «sans merci» dit-il, contre le terrorisme, contre ses financiers. Cette fermeté aurait pu séduire si, explicitement, leur détermination à combattre le phénomène était rationnelle et prenait en compte les paramètres en relation avec le fléau. C'est loin d'être prouvé. En Syrie - l'exemple le plus ad hoc dans ce contexte - l'Occident (en particulier les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni) marche la main dans la main avec les groupes jihadistes. De fait, cet Occident est un puissant allié des sponsors du terrorisme islamiste, singulièrement, l'Arabie saoudite qui arme et finance une noria de groupes jihadistes, lesquels ont commis des carnages au pays du Cham depuis 2012. Les chancelleries occidentales sont parfaitement au fait de cette situation. Ce qui n'empêche pas l'Occident de commercer avec les mentors du jihadisme. Et pour cause! Les pétrodollars saoudiens restent précieux pour des pays comme les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni. Il en est de même pour les groupes jihadistes. Aussi, les voies du business restent-elles impénétrables. L'Occident l'illustre bien, pour lequel l'argent est utile, même s'il provient de soutiens patentés du jihadisme intégriste. Ainsi, sans état d'âme, ni scrupules, les Occidentaux prennent l'argent là ou il se trouve, y compris chez des sponsors et mentors du terrorisme islamiste que ledit Occident combat - ou dit combattre - à travers le monde. De fait, l'Occident combat sans doute ses effets, ne touche pas à ses causes: l'intégrisme wahhabite. L'ex-président états-unien, Barack Obama [il a vendu, en 2015 pour 60 milliards d'armements à Riyadh], son homologue français, François Hollande [a fait désespérément, le tour du monde, y compris en Arabie saoudite, pour la promotion du Rafale - avion de combat français]. La Première ministre britannique, Theresa May n'a pas été en reste qui cherche de l'argent frais, dans la perspective de quitter l'Union européenne. L'Arabie saoudite peut donc remédier à ce [prochain] manque de liquidité. Ces Messieurs-Dames occidentaux - donneurs de leçons - n'éprouvent donc aucun problème de conscience à commercer avec l'Arabie saoudite, l'un des mentors avéré du jihadisme. Mme May en visite en Arabie saoudite depuis ce mardi, devait évoquer avec ses royaux interlocuteurs - selon son porte-parole - des questions de défense, de sécurité et de contre-terrorisme. La bonne blague, parler de contre-terrorisme avec les sponsors du terrorisme. Il fallait le faire. Theresa May, n'ira cependant pas jusqu'à mettre sur la table, la guerre que Riyadh mène au Yémen depuis deux ans. Ce «n'est pas à l'ordre du jour» a répondu sèchement le porte-parole de la Première ministre britannique. Selon le leader travailliste britannique, Jeremy Corbyn, lors des deux dernières années, le gouvernement britannique a exporté pour 3,86 milliards d'euros d'armes à l'Arabie saoudite, auxquels s'ajoutent 7,70 milliards d'euros de biens et de services. Si les pétrodollars saoudiens portent les économies occidentales, ils trouvent également leur utilisation dans la propagation du wahhabisme dans le monde. Le magazine Middle East Monitor, rapporte que lors d'une audience au Sénat états-unien, l'expert en conflit religieux, Alex Alexiev, a assuré que durant les deux dernières décennies, Riyadh avait dépensé 87 milliards de dollars pour la diffusion du wahhabisme [idéologie intégriste] dans les cinq continents. Or, pour des raisons strictement politiques et économiques, l'Arabie saoudite reste le meilleur partenaire et allié de l'Occident qui ferme les yeux sur les violations des droits de l'homme au royaume des Al-Saoud où subsiste un ersatz d'esclavagisme. Pourtant cet Occident est payé pour savoir la nocivité de la pensée wahhabite qui non seulement dénature l'islam, mais rend le monde dangereux. Alex Alexiev assure aussi que «ce sont les diplômés des écoles wahhabites qui sont derrière les actes terroristes comme les attentats de Londres en juillet 2005», 19 Saoudiens, auteurs présumés, ont participé à l'attentat du 11 septembre 2001. Des moudjahidine afghans dans les années 1980 à la situation en Syrie en 2017, en passant par les attentats anti-américains du Kenya et de Tanzanie de 1998, le carnage de Beslan dans le Caucase russe en 2004, à l'Algérie - mise à feu et à sang par les islamistes dans les années 1990 - il y avait un dénominateur commun, l'islamisme et un commanditaire, l'Arabie saoudite, qui exporte partout - y compris en Occident - l'idéologie wahhabite. Les principaux alliés de Riyadh, qui ont payé les factures sanglantes du terrorisme le savent parfaitement. Or, cela n'empêche ni Washington ni Paris ni Londres de maintenir les meilleures relations avec les sponsors de la terreur islamiste. C'est cela le paradoxe occidental, noté dans ses contradictions.