Le chef de l'Etat a promis de mettre en oeuvre une politique sociale de solidarité. Sans surprise aucune a été le message que le président de la République a adressé aux travailleurs, samedi 30 avril, à la veille de la célébration de la journée internationale du travail. Au moment même, où, du côté du front social, l'on guettait quelques signes de détente notamment après la réunion, la semaine passée, de la tripartie- qui a vu les trois partenaires avaliser, entre autres, le principe de l'augmentation du Snmg et apaiser quelque peu les craintes du monde du travail. Abdelaziz Bouteflika, lui en revanche, maintient le cap sur les choix économiques-libéraux- de son gouvernement sans se départir pour autant d'une politique sociale à caractère éminemment solidaire. L'Algérie qui subit, selon le chef de l'Etat, les pressions accrues des banques créancières, de la Banque Mondiale et qui fait face, parallèlement à une réalité économique marquée, elle, par le recul de la valeur de change, le dysfonctionnement de la balance de payement, le compter quasi-total sur le pétrole et les hydrocarbures, les dégâts dus au terrorisme...n'a d'autre issue que de poursuivre dans la voie des réformes, pour réussir sa mutation économique et l'intégration du pays dans le marché mondial. Du choix de ce programme de l'aide à la croissance économique doté d'une enveloppe de 50 milliards de dollars, il entend faire de cette démarche le cheval de bataille de sa politique économique. «La priorité, ajoute M. Bouteflika, demeure l'entrée dans le marché mondial, la protection de l'économie nationale par la mise en place de conditions adéquates, d'un niveau de production et de qualité conforme aux normes internationales qui ne se réalisent qu'avec une mentalité nouvelle». Bien que le prix du baril ne cesse depuis plusieurs mois de battre record sur record - le prix du brent actuellement est de 55 dollars - et en dépit aussi des réserves de change qui avoisineraient actuellement les 44 milliards de dollars, M.Bouteflika ne fait pas des hydrocarbures le point d'appui de sa vision économique. Au contraire, «cet objectif (le développement économique) ne peut être atteint tant que notre économie reste tributaire du marché de l'énergie et du pétrole», a-t-il averti. Tout en regrettant ses retombées sur la classe ouvrière et par voie de conséquence sur le pouvoir d'achat du citoyen, le président soutient et légitime quelque peu le recours de l'Etat à la privatisation des entreprises publiques parce que «inefficaces» devenues de surcroît «un fardeau pour l'Etat», dit-il. Et sur ce terrain précisément que le chef de l'Etat entend jouer les cartes de sa politique sociale à laquelle trouve du mal cependant à lui donner une définition claire. Il s'est borné, dans sa lettre, à ressasser les bonnes vieilles formules dans lesquelles il prône tantôt «une politique sociale solidaire garantissant à la majorité écrasante ses droits fondamentaux» et tantôt, il appelle les travailleurs à ne pas percevoir l'économie de marché comme une politique qui a pour corollaire la destitution de leurs droits et de leurs acquis. Car M.Bouteflika entend les impliquer dans sa machine économique et d'en faire «la force créative» dont la mission est de soutenir l'augmentation de la production, et «de contribuer à l'amélioration de la qualité de la productivité pour permettre une bonne préparation à la concurrence». C'est donc en impliquant la classe ouvrière dans le long et lancinant processus de réforme que le chef de L'Etat situe en quelque sorte sa «social politic» à laquelle il donne une coloration politique : celle de la réconciliation nationale et de la paix civile: «Notre priorité est orientée vers la réalisation de la réconciliation nationale en tant que base fondamentale de l'édification d'une société stable (...) parfaitement consciente de ses choix dans le système des relations économiques internationales globales», a-t-il soutenu dans son discours. Par ailleurs, M.Bouteflika, en rappelant le lourd tribut payé par les travailleurs dans la grande mue qu'a connue l'économie nationale, a laissé entendre, sans toutefois le clamer officiellement, que chaque travailleur, pour défendre ses droits et ses acquis, demeure libre de s'organiser dans le cadre d'une structure ou d'un syndicat. Alors qu'il n'a cessé de faire de l'Ugta, le seul et unique partenaire social. Ecoutons-le: «C'est la répression, l'oppression et l'exploitation barbare qui ont poussé cette catégorie (les travailleurs) productrice et créatrice à s'organiser dans un cadre structurel pour défendre ses droits légitimes».