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La ville martyre reprend espoir
VIREE À CHLEF
Publié dans L'Expression le 07 - 05 - 2005

L'emblème national et des posters géants de Bouteflika pendent ostensiblement sur les grands buildings, les éventaires et devantures des boutiques achalandées.
La ville se réveille tôt le matin en quête de survie. Ses ruelles et ses venelles ainsi que ses grands boulevards spacieux s'emplissent petit à petit de bruits et d'animation. Les habitants de Chlef et ceux qui viennent des régions limitrophes sont, pour le moins qu'on puisse dire, matinaux. Ce coin où la musique rai retentit à pleins tubes dans le moindre espace servant d'échoppe ou de magasin grouille de monde.
Meurtrie et endolorie par le séisme qui l'a pratiquement détruite en octobre 1980, Chlef s'est relevée en triomphant sur la mort, mais le malheur l'attendait au tournant comme partout dans notre vaste pays. Cependant, connue pour sa pugnacité, elle démontre qu'elle sait réagir positivement face aux drames. Pansant ses blessures, elle s'apprête aujourd'hui à vivre une nouvelle phase de son parcours tumultueux. A l'heure de la réconciliation nationale et de l'amnistie générale, elle se prépare à tourner la page avec l'espoir d'un horizon radieux et prospère, car si elle tente de cacher sa misère, les moyens de subsistance sont insignifiants. Avec la ville de Jijel, elle constitue le fief de l'AIS (l'Armée islamique du salut) dissoute en 1997, mais ses membres sont toujours armés par mesure de sécurité nous dit-on car loin d'être dans les bonnes grâce des groupes radicaux et récalcitrants qui activent toujours dans les maquis. Cette ville sera l'une des escales de Bouteflika dont on avait annoncé la visite le 26 mars dernier. Selon les autorités locales, le président devrait s'y rendre sous peu. La ville s'est parée de ses plus beaux atours pour accueillir son invité de marque. L'emblème national et des posters géants de Bouteflika pendent ostensiblement sur les grands buildings, les éventaires et devantures de boutiques achalandées. La citadelle martyr, dont les faîtes se dressent fièrement sur les deux chaînes montagneuses Dahra et Ouarsenis, a souffert des affres du terrorisme. Elle garde les stigmates du tremblement de terre qui a failli décimer toute sa population. Elle se redéploie en mettant les bouchées doubles pour donner une image de ville résistante ouverte sur l'avenir. C'est le constat qu'on peut faire sur place. D'ailleurs, c'est pour cette raison que nous avons entamé un périple aidé dans notre mission par Atba et Khelifa, deux membres actifs de la Commission nationale pour l'amnistie générale (Cnag) instruits par l'expert international M'barek Serraï de faire un travail de sensibilisation dans ce fief de l'AIS. Le thème est délicat mais il se fraye un chemin doucement dans ce paysage où le négoce de la paix civile est devenu le sujet d'actualité par excellence. Ayant pris contact avec Ahmed Ben Aïcha pour nous faire part de sa vision du projet de l'amnistie générale, nous nous sommes rendus sur les lieux pour le rencontrer, le rendez-vous étant fixé pour le lundi 25 avril. Arrivés à bon port, nos deux «guides» proches de notre interlocuteur, nous emmènent vers une somptueuse maison à quelques encablures du chef-lieu de wilaya. Retirée dans un endroit paisible, la demeure coupée du vacarme du centre-ville, est un véritable havre de tranquillité. Des plantes luxuriantes et des arbres verdoyants ornent les allées. Notre hôte, d'abord crispé et méfiant, nous jauge et nous observe du coin de l'oeil mais très vite, il se laisse convaincre en se livrant alors au jeu des questions-réponses. Au bout de deux heures de discussion, il finit par nous révéler, autour d'une table bien garnie de gâteaux et de friandises, des informations sur les conditions de la trêve, de la crise politique, du retour de la mouvance qu'il représente sur la scène politique. On aura compris qu'il défend l'amnistie générale à bras-le-corps. C'est que la confrérie qu'il représente a toutes les chances d'en profiter et même de récolter les fruits de la trêve signée en 1997. Il s'agit du retour à la «légitimité populaire» que les activistes islamistes réclament à cor et à cri pour pouvoir jouir de leurs droits civiques et politiques ainsi que des indemnisations conséquentes. L'entretien terminé, nous rentrons à l'hôtel Ouarsenis où nous sommes descendus dans la matinée. Dehors la ville somnole, il est 19 heures et la rue se vide de ses passants. Journaliers et permanents retournent chez eux. Ici la vie est plutôt diurne, aucun établissement n'ouvre la nuit. Les lieux de divertissement sont quasiment inexistants. Seul l'hôtel Ouarsenis, le plus chic, est fréquenté par les notables, les hommes d'affaires et les personnalités influentes de la ville. D'ailleurs le tourisme reste à développer car les structures d'accueil sont insuffisantes comparées au flux des visiteurs. La ville ne dispose que de deux hôtels en plus de celui que nous avons cité.
Chômage endémique
Il s'agit du Grand Hôtel, une coquette bâtisse ainsi que le Médina. La wilaya de Chlef est située dans la partie occidentale du nord de l'Algérie centrale. Elle est limitée au nord par la Méditerranée, au sud par la wilaya de Tissemsilt, à l'est par les wilayas de Tipaza et Aïn Defla, à l'ouest par la wilaya de Relizane. Elle se caractérise essentiellement par un relief diversifié, une plaine au centre et un littoral des plus mirifiques. Ce qui la place dans une situation des plus convoitées pour peu que les autorités publiques reconsidèrent le développement du secteur du tourisme dans la région pour en faire une destination prisée.
Nous poursuivons notre visite à Chlef ; nous apprenons le lendemain que les autorités locales sont à pied d'oeuvre. Un télégramme spécial leur est parvenu de la capitale annonçant la visite imminente du président de la République. Les habitants n'en savent rien, ils attendent depuis pratiquement plus d'un mois sa venue. Ils ont beaucoup de remontrances et beaucoup de plaintes à lui faire part. Le bidonville de Chettia où le préfabriqué ronge cette commune déshéritée est l'une des principales préoccupations des autorités locales.
La dernière visite d'inspection des ministres Nouredine Yazid Zerhouni, Abdelatif Benachenhou et Mohamed Nadir Hamimid, respectivement ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, ex-ministre des Finances et ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme se sont rendus pour cette raison dernièrement à Chlef. Une étude d'évaluation a permis de faire un constat sur la situation des préfabriqués estimés à 18.316 baraques. Sur ces chiffres près de 12.000 chalets ont été cédés à leurs locataires tandis que 6 369 sont encore la propriété de l'Etat. Le ministre de l'Intérieur avait initié deux importantes mesures pour la résorption des préfabriqués. La première mesure concerne l'éradication totale des six mille chalets dont les occupants sont toujours locataires auprès de l'Opgi, et la prise en charge totale par l'Etat dans le cadre des différents programmes sociaux qui seront réalisés dans les cinq prochaines années, la seconde mesure elle englobe les propriétaires de logements préfabriqués qui sont au nombre de 12.000. Ces derniers devront bénéficier des aides à la construction sur les sites de leurs baraques. Outre les quartiers préfabriqués, la ville vit un marasme économique. Très peu d'opportunités de travail pour les chômeurs qui peuplent les cafés et les artères. Quand on se promène dans la rue, on est tarabusté par les jeunes mendiants. Ils s'agrippent aux passants et collent à leurs basques jusqu'à ce qu'ils obtiennent l'aumône en contrepartie d'un chapelet de prières. La ville avec le retour de la relative paix s'est agrandie et la population a augmenté du fait de la fuite des habitants des hameaux et des maisons disséminées pour se sédentariser dans la ville, en quête de sécurité et de travail. La région s'étend sur une superficie de 4791 km², soit une densité de 189 habitants au km². Ce qui fait qu'elle est pratiquement asphyxiée vu que très peu de constructions ont été entamées et très peu d'opportunités d'emploi sont proposées aux détenteurs de diplômes hormis la formule de l'Ansej. Le chômage ici est élevé. Même en dehors des statistiques, on peut constater de visu que les jeunes sont sujets à l'oisiveté et au désoeuvrement dans les cafés où ils écoutent les chansons rebelles de Cheb Azeddine, qui a écopé de sept mois de prison ferme pour s'être attaqué dans son dernier album aux juges et aux procureurs de son patelin. Les vendeurs à la sauvette sont légion à Chlef. Ils installent leurs marchandises sur la chaussée et les abords des routes. Comme à Alger, ce sont les mêmes babioles et autres bagatelles made in Taiwan qu'ils tentent de refourguer à une clientèle soucieuse de faire des économies. C'est sans doute le spectacle commun à toutes les villes qui commencent à peine à retrouver leurs repères et faire semblant de vivre en attendant que les grands projets promis par l'Etat se concrétisent réellement en créant des postes d'emplois. D'ailleurs le président devra inspecter l'état d'avancement de ces derniers qu'il avait lui-même lancés en 2001. Son périple le conduira dans plusieurs stations. Sa première halte, selon l'itinéraire qui lui a été tracé concerne le port de pêche El Marsa, un projet qui a coûté la bagatelle de 220 milliards de centimes. Sa deuxième escale est Chettia, une commune éloignée de 8 km du chef-lieu de wilaya. Elle a abrité les sinistrés du séisme, il y a plus de vingt ans. Le chef de l'Etat poursuivra sa visite d'inspection à Ouled Farès où il s'y rendra pour inaugurer une station d'irrigation qui est alimentée par le barrage de Sidi Yakoub dont le montant de réalisation est évalué à 275 milliards de centimes. Le programme de 700 logements sociaux initié par le président lui-même figure également parmi ses haltes. Il devra également inaugurer le siège de l'APW, un bijou architectural, le musée, la maison de jeunes, le secteur sanitaire, la bibliothèque ainsi que la façade maritime de Ténès et le Bassin de Ouled Farès. Outre les problèmes économiques, le grand sujet politique de discussion dans cette ville est incontestablement l'amnistie générale. C'est d'ailleurs pour cette raison les membres de la Cnag s'y attellent pour sensibiliser sur ce projet qui constitue le fer de lance du président de la République. Pour Atba qui jouit de rapports privilégiés avec les personnalités en vue de la ville et qui se trouve être, le coordinateur mandaté par le Dr Serraï «la ville de Chlef a beaucoup souffert, elle veut recommencer à vivre. le retour de la sécurité, il faut le dire franchement, est loin d'être total mais il faut rappeler, qu'avant, personne n'osait s'aventurer la nuit. A 17 heures déjà, il n y avait pas un chat. L'amnistie générale que nous défendons réglera beaucoup de problèmes et permettra à la ville de respirer».
La ville souffre de congestion urbaine. Elle compte plus de 1400 exploitants de minibus ayant bénéficié du dispositif de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes (Ansej). La bête noire des automobilistes et des usagers se trouve être le carrefour d'Alger- Oran. Il est question d'une déviation et de la construction d'un pont. La RN4 est connue pour son taux élevé d'accidents. La zone industrielle de Oued Sly avec sa fameuse cimenterie qui a fait couler beaucoup d'encre reste l'unique exutoire pour les centaines de demandeurs d'emplois qui n'hésitent pas à dénoncer le trafic d'influence et les passe-droits. A Boukadir, les gens se souviennent encore des massacres commis par les terroristes, le dernier s'est déroulé en 2002 dans un marché hebdomadaire.
L'attentat à la bombe avait fait plus de 25 morts. «On n'oublie pas facilement et mais on tente de survivre» nous dit un citoyen. La ville a vu la reddition de 700 repentis qui se mêlent aux victimes qui, elles, sont très nombreuses.
«Nous avons toujours peur»
Les GIA, El Ahoual, El Djazdak ont commis des forfaits qu'il est difficile de balayer d'un revers de la main. Les noms de Kada Ben Cheikha, Abou Iliès et Ouled Lebane arrêté récemment et tant d'autres qui écumaient les maquis sont des personnages qui auront marqué les esprits ainsi que la mémoire collective à tout jamais mais d'une manière avilissante pour les criminels. C'est pour cette raison qu'on ne baisse pas la garde. Les éléments de l'Armée nationale veillent au grain. La caserne installée dans cette commune ne dort jamais. Quant aux gardes communaux, ils ne sont pas en reste. Tahar Henni, l'adjoint chef à la tête d'un détachement de 37 éléments, l'allure fière et délurée est confiant: «Nous sommes pour l'amnistie générale, nous dit-il. On en a assez de la mort. Il faut que le pays se relève de ses malheurs et qu'il réapprenne à vivre de nouveau.» Les habitants sont armés et ne comptent pas déposer leurs armes. «Nous avons toujours peur», nous dit un citoyen agriculteur de son état et répondant au nom de Abdelli, «nous voulons encore plus d'armes mais nous restons convaincus par la paix car c'est une bonne chose». Concernant leurs préoccupations, les citoyens de Boukadir ont leur mot à dire: «Nous demandons aux autorités de nous aider et surtout de nous installer l'éclairage public, il faut aussi qu'elles aménagent la route. Ce n'est pas normal que la route qui traverse le même endroit soit aménagée d'un côté et pas de l'autre», s'interrogent-ils. Le message des habitants est clair, ils ne demandent ni plus ni moins que d'avoir un cadre de vie décent. Ils sont pour la paix. Quant aux grands projets, la ville attend le président.


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