Et trois ans de prison ferme contre l'un des comparses. Les assassins du chauffeur de taxi ont été condamnés à la peine capitale par le tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou, lors du procès qui s'est tenu mardi. En effet, B. Toufik et S. Abdenour comparaissaient, mardi, devant le tribunal pour répondre respectivement des accusations pour homicide volontaire et association de malfaiteurs dans l'accomplissement du crime sur la personne de B. O., chauffeur de taxi de profession. Comme l'explique l'arrêt de renvoi, l'affaire remonte au 31 novembre 2001, quand trois jeunes gens se sont retrouvés à Tizi Ouzou pour passer la soirée du Ramadan. Ce soir-là, passablement éméchés, ils voulaient rentrer chez eux en attendant une éventuelle occasion qui pourrait bien les prendre vers Tadmaït, les trois comparses tombent sur une patrouille de police. A la vue des policiers, l'un des trois, B. Brahim, n'ayant pas ses papiers d'identité sur lui, fausse compagnie au groupe. Entre-temps, les deux autres sont minutieusement fouillés. Les policiers trouvent sur B. Toufik un poignard qu'ils lui restituent au vu de sa qualité d'appelé. Ensuite, les deux décident de louer un taxi et hélèrent B. O. qui accepta de les conduire jusqu'à Tadmaït. En cours de route, des idées morbides hantent les esprits des jeunes gens. Arrivés au lieudit Pont de Sidi Naâmane, sis entre la ville de Draâ Ben Khedda et celle de Tadmaït, à la sortie ouest de Tizi Ouzou, les jeunes poignardent mortellement B. O., le chauffeur de taxi. Les deux assassins sortent alors le corps de la victime du taxi et le balancent par-dessus le parapet du pont enjambant l'oued Bougdoura. Ensuite, les voyous s'emparent du véhicule et décident de rentrer avec à Tadmaït. En cours de route, plus précisément à l'entrée de la ville de Tadmaït, le véhicule fait une embardée et ira dans une orangeraie au bord de la RN 12, et les deux jeunes voyous s'en sortent avec des contusions et des légères blessures. C'est à ce moment que B. Brahim, l'autre comparse, apparaît et constate, comme il l'affirme lors de sa déposition d'avant-hier, devant la chambre criminelle où il comparaissait en prévenu libre: «Les effets pleins de sang.» La venue d'une patrouille militaire fait fuir le trio. Le lendemain, selon B. Brahim, les deux autres prennent attache pour le mettre en garde. «Tu ne nous as pas vus et tu dois garder le silence, sinon...» Le lendemain, la police découvre le corps de la victime et le véhicule, mais l'enquête s'avéra assez difficile. Une première piste mena les policiers vers un groupe qui, par la suite, a réussi à prouver qu'il est innocent de l'accusation. Pendant ce temps, le principal accusé, B. Toufik, réintègre la caserne où il faisait son service national. Il a fallu attendre sa libération du service militaire et à l'occasion d'une beuverie avec son comparse S.Abdenour, pour que l'affaire remonte à la surface. Les deux jeunes gens, et sous l'effet de l'alcool, en vinrent aux mains, et des mots fusent. «Tu ne me feras pas ce que tu as fait au chauffeur de taxi!», hurle S. Abdenour. Les policiers avertis interpellent les deux voyous et l'enquête qui redémarre sur les chapeaux de roue finit par entraîner l'arrestation de B.Toufik et de S. Abdenour. B.Toufik est accusé de meurtre avec préméditation et son comparse de complicité, alors que B. Brahim est poursuivi pour non-dénonciation de crime. Devant le juge, B. Toufik nie avoir tué le chauffeur de taxi et surcharge plutôt son comparse S. Abdenour. Par contre, ce dernier soutient mordicus le contraire. Alors que l'expertise médicale signale que la victime a reçu des coups de couteau par derrière et au flanc, ce qui laisse dire aux observateurs que les deux ont tué. Appelé à la barre, B.Brahim affirme avoir gardé le silence de peur d'être tué par les deux autres. Dans son réquisitoire, le procureur de la République demande la peine capitale pour B. Toufik et S. Abdenour et quatre années de réclusion pour B. Brahim. La défense avec force effets de manche, essaie de plaider le manque de preuves tangibles et de réclamer sinon la relaxe, du moins les circonstances atténuantes. Le tribunal, qui s'est retiré pour délibérer, ne semble pas avoir été convaincu par la défense car le verdict tombe: peine capitale confirmée pour les deux assassins B. Toufik et S. Abdenour, et trois ans de prison ferme contre B. Brahim.