Les pays membres de l'organisation et leurs alliés se réuniront le 25 mai à Vienne pour prolonger de 6 mois la baisse de leur production de 1,8 million de barils par jour. Le consensus est fait en principe. Et puis il serait vraiment surprenant qu'une telle décision ne soit pas entérinée. Tergiverser serait suicidaire. Les prix du pétrole ont clôturé la semaine dernière sous la barre des 50 dollars. Pour l'Algérie qui a élaboré sa loi de finances sur la base d'un baril à 50 dollars cela représente un minimum syndical. La ligne rouge ayant été franchie il est donc tout à fait logique que la riposte soit à la mesure de cette nouvelle dégradation du marché pétrolier. Toute autre décision serait suicidaire. L'Opep se dirige donc tout à fait normalement vers une réactivation de l'accord d'Alger qui s'est conclu le 28 septembre 2016 en marge du 15ème Forum international de l'Energie. Il s'est concrétisé le 10 décembre par une baisse de la production de près de 1,8 million de barils par jour décidée par les pays membres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole et 11 de leurs alliés hors cartel. Entrée en vigueur au début de l'année elle doit prendre fin en juillet. Sa bonne application avait permis dans un premier temps aux cours de l'or noir de nettement rebondir au point de donner l'impression qu'ils allaient franchir assez rapidement les 60 dollars. Alors qu'ils évoluaient autour des 27 dollars à la mi-janvier 2016 ils se sont affichés à plus de 58 dollars à Londres et au-dessus des 54 dollars à New York, le 3 janvier 2017. Cette dynamique a fini par être contrariée par une production de pétrole de schiste américaine de plus en plus gloutonne, encouragée par un prix du baril regaillardi. Le nombre de puits en activité aux Etats-Unis a augmenté pour la quatorzième semaine consécutive. Il est désormais à son plus haut niveau en deux années. Le marché est à nouveau submergé par la production US. «La production américaine atteint désormais plus de 9 millions de barils par jour, et est en hausse de plus de 10% par rapport à la mi-2016, ce qui réduit à néant les efforts de l'Opep pour rééquilibrer le marché», soulignent les analystes de Inenco. Les prix sont plombés. Le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé la semaine à 49,25 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 87 cents par rapport à la clôture de jeudi. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de «light sweet crude»(WTI) pour le contrat de juin gagnait 79 cents à 46,31 dollars. La contre-offensive est devenue urgente. Elle doit avoir lieu dans quelques jours. Les pays membres de l'organisation et leurs alliés se réuniront le 25 mai à Vienne pour prolonger de 6 mois la baisse de leur production de 1,8 million de barils par jour. La décision semble pliée. «Un consensus est en train d'émerger entre les pays participants sur la nécessité de prolonger l'accord», a déclaré le représentant de l'Arabie saoudite auprès de l'Opep, Adib al Aâma, cité par l'agence Reuters. «A partir des données dont nous disposons aujourd'hui, la conviction grandit selon laquelle une prolongation de six mois pourrait être nécessaire pour rééquilibrer le marché, mais la durée de cette prolongation n'est pas encore fermement arrêtée», a précisé le responsable saoudien. Cela ne constitue guère une surprise. «Le comité ministériel constitué de l'Algérie, du Koweït, du Venezuela, de la Russie et du Sultanat d'Oman, a étudié la possibilité de prolonger les réductions pour six mois supplémentaires», avait déclaré le ministre koweïtien du Pétrole Essam al-Marzouk lors de la 2ème réunion du comité chargé de son suivi qui s'est tenue, au mois de mars dernier, dans son pays. Le cartel aurait tout à gagner. Les experts souscrivent. «Les cours ont regagné du terrain grâce au comité technique de l'Opep, qui a recommandé une extension de six mois de l'accord», ont fait remarquer les analystes de JBC Energy. «Si l'Opep renouvelle son accord, les réserves des pays de l'Ocde devraient retrouver leur moyenne sur cinq ans au deuxième semestre de l'année», ont renchéri leurs homologues de Société Générale. Le remède à la déprime de l'or noir étant trouvée, il ne reste plus qu'à appliquer le traitement.