Jusqu'avant la décennie noire, la forêt d'Akfadou était un lieu de villégiature très prisée par des citoyens de la région mais aussi des citadins qui venaient de Béjaïa et d'autres centres urbains de la wilaya. La nature offrait alors tout ce qu'elle avait de si beau à ses visiteurs d'un jour. Avec le retour des beaux jours et notamment depuis que la situation sécuritaire s'est améliorée, les mêmes citoyens et ceux de la nouvelle génération commencent à reprendre l'habitude de se rendre sur les hauteurs de l'Akfadou, qui exceptionnellement, sont encore enneigées cette année, pour y passer du bon temps. Certains veulent oublier les rituels contraignants, d'autres échapper, le temps d'une journée, à l'étouffante promiscuité citadine. Vivement donc la haute montagne! Chacun invente alors son tourisme avec ses valeurs particulières. Le col de l'Akfadou avec ses 1600 m d'altitude est la destination privilégiée des citoyens de la région. A défaut de station touristique appropriée, les familles aménagent des espaces à leur convenance, à proximité des dernières sources d'eau et pique-niquent dans un désordre total. Les jeunes, plus téméraires, s'aventurent sur les pentes, le long de la route menant vers Adekar au nord, vers Chemini ou en randonnées pédestres vers les villages de Bouzeguène. Le tourisme est une donnée culturelle et le comportement des citoyens ressort de leurs besoins de loisirs et d'évasion. Si la joie des enfants n'est pas simulée, les maladresses des femmes et la gêne des maris sont bien réels face à une cohabitation inattendue avec des inconnus. On privatise alors l'espace, on accapare un petit espace de montagne pour la journée. Les tenues vestimentaires sont traditionnelles et inadaptées. Bref, les réflexes d'autrefois sont reconduits mais avec cette différence qui fait que la pollution atteint des proportions alarmantes. Les bidons de plastique, les sachets noirs et les restes de repas sont éparpillés sur le tapis végétal entourant les sources d'eau et tous les lieux de campement. Les accotements et les fossés sont jonchés de canettes de bière, en verre ou en métal. Seul le sempiternel appareil photo, pendu au coup de quelques initiés, témoigne d'une proximité culturelle avec les valeurs universelles de loisir et de distraction. Le stationnement des véhicules se fait dans une totale anarchie. L'absence de balises délimitant la chaussée en mauvais état fait craindre le pire aux conducteurs de gros véhicules qui imposent alors leurs règles aux propriétaires des plus petits. L'apprentissage du tourisme se déroule ainsi dans le tumulte et l'anarchie.