Annoncée lors d'un point de presse, tenu dans l'enceinte du Palais de justice, la rencontre qui regroupera, aujourd'hui, l'Ordre des avocats d'Alger et le procureur général près la même cour, se veut la dernière chance devant juguler le problème qui traîne comme un boulet dans les pieds. En tous les cas, la colère des robes noires qui s'insurgent contre «les atteintes aux droits de la défense et leurs graves implications sur l'exercice de la profession», risque de prendre une mauvaise tournure dans le cas où ce rendez-vous, annoncé à grand bruit, n'aboutirait à aucun résultat. Le procureur général a fait grand cas de «l'indignation» de la famille de la défense. En d'autres termes, compte tenu des différents avis communiqués, les deux parties en conflit se disent prêtes pour le principe d'un dialogue devant mettre fin à la crise. M.Sellini, bâtonnier de l'ordre des avocats, a affirmé que les hautes instances de la justice ont accusé une fin de non-recevoir à la plupart des demandes d'audience énoncées par la famille de la défense. En guise de réplique, l'on estime du côté du parquet général que «deux entrevues ont été programmées entre le conseil, le président de la cour et lui-même, mais elles ont été annulées du fait de l'absence du président du conseil de l'ordre». En toile de fond, cela peut encore se raccrocher au train. Les deux parties, en référence aux dires du procureur général et de M.Abdelmadjid Sellini, ont réitéré la disponibilité de chacun d'eux de s'asseoir autour d'une table de conciliabules. Le débat sera décidément des plus chauds, puisque toutes les flèches décochées par M.Sellini à l'adresse des autorités de la justice ont été désavouées par le procureur général près la cour d'Alger. N'empêche, il n'est jamais trop tard pour bien faire. Les avocats de la cour d'Alger ont évité de décider une action de protestation prématurément même si, disait M. Sellini, «à la cour d'Alger, c'est le ras-le-bol général». Le principe d'une contestation a été évoqué en filigrane et maintenu, en attendant ce qu'apportera le rendez-vous d'aujourd'hui. La contestation des robes noires trouve sa source du fait «des violations répétitives des lois régissant l'exercice de la profession de l'avocat», nous déclare M. Sellini. Il laissa entendre derechef que les droits à l'opposition, à l'appel et/ou au pourvoi «ne sont plus évidents». Le comble, poursuit-il, «l'on programme des sessions extraordinaires et l'on procède à des condamnations par défaut». Face à ces griefs, le procureur général aura certainement quoi dire à la famille de la défense. La rencontre d'aujourd'hui pourrait constituer donc «la case départ pour un processus de concertation devant juguler la crise», mais aussi une bonne occasion pour mettre fin aux malentendus et à la colère qui anime, depuis quelque temps, la famille des robes noires.