«Il n'existe aucune atteinte aux droits de la défense ni violation des lois régissant l'exercice du métier d'avocat.» Cette entrevue, annoncée il y a quelques jours, a eu lieu hier au bureau du procureur général près de la cour d'Alger, en présence du président de la même cour. Du côté des avocats, rencontrés à l'intérieur du palais, ceux-ci faisaient, quelque temps avant l'heure de l'entrevue, preuve de détermination à porter au plus haut niveau leurs préoccupations. La décision de la rencontre a été prise par le procureur général, en réponse à la colère qui animait la famille de la défense et qui a pris, ces derniers jours, une tournure polémique. Les deux parties en conflit, même si le procureur et le président de la cour nient l'existence du moindre désaccord avec les robes noires, se sont donc réunies, hier après-midi, dans les locaux de la cour d'Alger. les avocats, en référence aux dires de l'un des membres du Conseil de l'ordre, ont émis le voeu de voir leur préoccupations prises en charge par les hautes instances de la justice. Sans vouloir verser dans une «polémique stérile», notre interlocuteur se garde d'annoncer une action «prématurément» même si le recours n'a pas été exclu par M. Abdelmadjid Sillini du Conseil de l'ordre. «En un mot, c'est vrai que la décision du procureur de rencontrer les avocats est salutaire, mais ce qui est gênant, par ailleurs, c'est le fait de déclarer ne pas être au courant des problèmes des avocats.» D'ailleurs, cette sentence a été énoncée, hier, à la fois, par le procureur général et le président de la cour. «Je vous assure que je ne suis pas au courant des ces préoccupations et je confirme aussi qu'il n'existe aucun désaccord avec les avocats», a-t-il soutenu sur un ton sec. Du côté des robes noires, l'on s'accroche à l'idée que «seul le dialogue pourrait juguler la crise». Quant à M.le procureur, celui-ci préfère ne pas parler du mot «dialogue». Car, selon sa pensée, le dialogue doit se faire en opposant deux parties antagonistes. Or, à son avis, «il n'a jamais été question d'une crise divisant la famille de la défense et les autres autorités de la justice». Effleurant le volet ayant trait au flèches décochées par M.Sillini, à l'adresse des instances de la justice, le procureur, soutenu par le président de la cour d'Alger, dira qu'il «n'existe aucune atteinte aux droits de la défense ni violation des lois régissant l'exercice du métier d'avocat». Mieux, contrairement à ce qu'a déclaré le bâtonnier lors de sa conférence de presse, «les instances de la justice n'ont affiché aucun signe de mépris à l'égard de la famille de la défense». Pour étayer ses propos, le procureur général, d'un air singulier, affirme que «toutes les prérogatives attribuées aux avocats sont respectées». Appelé à être plus explicite, notre interlocuteur, rencontré dans son bureau quelques minutes avant le début de la rencontre, dira en guise de précision que «les droits à l'opposition, à l'appel ou au pourvoi sont appliqués à la lettre». Quant à la programmation des sessions extraordinaires, celles-ci ne se font, explique le procureur, que par ordonnance du président de la cour et répondent au fait de l'ajournement répétitif et des retards accusés dans le prononcé des verdicts. Poursuivant ses explications sur ce sujet, le président de la cour dira dans la foulée que des télégrammes sont adressés aux avocats juste après la programmation des sessions et des avis sont placardés à l'intérieur de la cour à la veille de ces mêmes sessions. En réponse à l'argumentaire des avocats, faisant état de l'impossibilité de rencontrer les «accusés» la veille de l'audience, le procureur explique que «la logique des choses admet que l'avocat doit être au courant du dossier de son client avant le jour de l'audience». Quant au problème du «porting», poursuit le procureur, «je crois que, par mesures de sécurité, nous devons tous passer par la porte équipée d'un scanner». En tous les cas, compte tenu des différents avis communiqués, les deux parties en conflit se disaient prêtes pour le principe d'un dialogue devant mettre fin aux malentendus. A l'heure où nous mettons sous presse, aucune information n'a filtré au sujet des résultats de la rencontre.