Les Algériens d'Al-Qaîda vont-ils lâcher Ben Laden à la suite des bombardements intenses dans les montagnes de Tora Bora et la pression des forces antitaliban ? C'est l'aveu fait par un prisonnier capturé par les forces du commandant Azrai, qui ont investi, hier, les grottes de l'organisation Al-Qaîda, sur les hauteurs de Tora Bora. Selon des sources afghanes citées par l'API, entre 1000 et 2000 combattants arabes et tchétchènes d'Al-Qaîda sont pris en étau dans ces montagnes et négocient, actuellement, leur reddition sous conditions. Certains d'entre eux, dont principalement des éléments algériens et égyptiens, ont décidé de se rendre, car Oussama Ben Laden et les autres dirigeants tels qu'Ayman Zawahiri, ne s'impliquent pas dans les combats et les traitent comme de la chair à canon. Ces dissensions ont amené les terroristes d'Al-Qaîda à tenter de négocier une réddition avec les forces antitaliban. Des sources de l'API indiquent que plusieurs centaines d'entre eux ont réussi à fuir vers l'Iran et le Pakistan et que les combattants arabes qui demeureront sous le déluge de bombes des bombardiers B-52 américains à Tora Bora veulent se rendre, mais principalement aux forces internationales sous les auspices de l'ONU qui vont investir l'Afghanistan. C'est la seule condition qu'ont posée ces Algériens pour se rendre et déserter les grottes de Tora Bora qui, pour l'essentiel, ont été ensevelies sous des amas de rochers après les violents pilonnages d'hier. Cette capture pose, toutefois, quelques problèmes. D'abord, aux forces afghanes dont la majorité est pachtoune et qui veut en finir avec les combattants arabes d'Al-Qaîda, qu'ils considèrent comme le soutien principal du régime déchu du mollah Omar. Les Afghans réclament la tête des Afghans et des Pakistanais faisant partie d'Al-Qaîda pour les juger devant des cours spéciales que va installer le nouveau pouvoir de Kaboul, issu des négociations à Bonn, en Allemagne. Ensuite, elle pose problème aux Américains qui, selon le Pentagone, veulent récupérer essentiellement les têtes pensantes d'Al-Qaîda dont Oussama Ben Laden et ses proches collaborateurs, selon la liste établie par le FBI. Pour le reste des combattants d'Al-Qaîda, les Etats-Unis optent pour leur extradition vers leur pays d'origine. Enfin, elle pose problème à certains pays arabes dont les monarchies du Golfe, qui comptent des centaines de ressortissants au sein d'Al-Qaîda. Ces pays sont prêts à pardonner à leurs ressortissants en cas de livraison par les nouvelles autorités afghanes, ce qui n'est pas le cas des pays tels que l'Algérie et l'Egypte, qui réclament des terroristes depuis de nombreuses années, à cause de leurs liens avérés avec le GIA et le Gspc algérien ou avec la Jamaâ islamya égyptienne. Dans ce débat, Washington a tranché, puisqu'il a indiqué qu'il ne consentirait à des extraditions de membres d'Al-Qaîda que contre la promesse des pays arabes concernés de les traduire devant la justice. En tout état de cause, cette reddition pourrait être remise en cause, bien que les Algériens d'Al-Qaîda disent ne pas vouloir se sacrifier pour Ben Laden. L'alliance antitaliban a exigé d'eux une reddition «sans conditions» et l'ultimatum, fixé à hier 8 h, n'a pas été respecté. Les renseignements américains croient savoir que Ben Laden, qui se trouverait encore à Tora Bora, a ordonné à ses hommes de poursuivre les combats jusqu'au dernier. S'ils ne se rendent pas dans les 48 heures, les terroristes algériens et égyptiens d'Al-Qaîda risquent d'être rasés par les bombardements américains qui ont repris sur la montagne, devenue célèbre, de Tora Bora.