S'appuyant sur une étude couvrant la période de septembre 2016 à mai 2017 et qui a concerné 619 dossiers de cas de cancer chez une population active. Les participants à la première journée régionale de médecine du travail, tenue, il y a quelques jours à Tizi Ouzou, ont souligné la difficulté d'identifier les cancers d'origine professionnelle. Des spécialistes ont expliqué, lors de cette rencontre consacrée à la thématique des cancers professionnels, cette contrainte par la difficulté de définir si la pathologie cancéreuse est liée à des facteurs professionnels ou autres. S'appuyant sur une étude couvrant la période de septembre 2016 à mai 2017 et qui a concerné 619 dossiers de cas de cancer chez une population active, prise en charge dans différents services du CHU de Tizi Ouzou (oncologie, urologie, pneumologie et hématologie), le docteur Arib Mezdad a observé qu'établir une relation directe de cause à effet entre le cancer d'un travailleur et son activité professionnelle s'avère difficile. Pour le docteur Mohammed Habarak, la reconnaissance du caractère professionnel d'un cancer résulte soit d'une présomption de l'origine professionnelle, soit de la reconnaissance d'un lien existant entre l'activité professionnelle du travailleur et son cancer. La difficulté d'identifier un cancer d'origine professionnelle est due notamment à l'apparition tardive de cette pathologie (généralement 10 à 50 ans après l'exposition à un facteur cancérogène). En outre, au moment du diagnostic, le patient est à la retraite et n'établit pas de lien entre sa maladie et une ancienne activité professionnelle, a-t-il expliqué. Le même spécialiste a observé que «rien ne permet de différencier les cancers professionnels de ceux qui auraient une autre origine que l'exposition à un facteur de risque professionnel, puisque cette pathologie quelle que soit la cause qui l'aurait déclenché, se manifeste et se développe de la même façon, qu'elle soit d'origine professionnelle ou pas». S'agissant des secteurs d'activité où le risque de développer un cancer professionnel est plus présent, le docteur Habarak a cité, entre autres, ceux du bâtiment et travaux publics, de la métallurgie, des industries chimiques, du cuir et du caoutchouc, du bois, des produits pétroliers ou encore de l'agriculture (utilisation de pesticides), les activités de maintenance, de nettoyage, de désinfection en milieu hospitalier et la radiothérapie. Ces métiers sont ceux qui exposent à des substances cancérogènes tels que les métaux lourds, le benzène, l'amiante, les goudrons, les huiles minérales, les poussières de bois, ou les gaz d'échappement des véhicules diesel, de rayonnement ionisant, a-t-il soutenu. Le spécialiste a relevé que les cancers professionnels les plus fréquents sont notamment le cancer du poumon, de la vessie, du larynx et de la peau. La prévalence des cancers professionnels est plus faible chez les femmes, car elles ont souvent des métiers qui les exposent moins à des facteurs cancérogènes a-t-il observé. Les participants à cette rencontre ont insisté sur l'importance de la prévention par des diagnostics et des dépistages réguliers, et de la mise en place de systèmes de protection individuelle et/ou collective selon le métier exercé, afin de prévenir et réduire la prévalence des cancers professionnels.